La musique italienne de Corelli et Pasquini, entre tradition et modernité

par

Arcangelo Corelli (1653-1713), Sonates 1, 3, 7, 4, 11, 12 – Bernardo Pasquini (1637-1710), Toccata ottava, Tastata quarta « Per Francia », Toccata seconda
La Simphonie du Marais, Hugo Reyne (flûte et direction), Jérôme Vidaller, violoncelle, Marc Wolff, archiluth, Yannick Varlet, clavecin et orgue
2013 – 74’03’’ – DDD – Brochure en français, italien et anglais – Continuo – CR107

La Simphonie du Marais nous offre une magnifique interprétation, en live, de six des Douze Sonates de l’opus V de Corelli, ponctuée par des pièces pour clavecin de Bernardo Pasquini, la découverte de ce CD. L’œuvre de Corelli, écrite d’abord pour violon, est transcrite pour flûte à bec par Hugo Reyne (flûte à bec et direction), fondateur de l’ensemble. Historiquement, c’est à Rome (ville où s’est tenu le concert de ce CD), l’une des plus grandes capitales européennes de la musique qu’émergent les deux compositeurs et où se côtoient les plus grands maitres, qu’il s’agisse de la musique, de la peinture ou toute autre forme d’art. Corelli y a toujours bénéficié d’un succès pour son répertoire instrumental. Préférant accentuer les qualités expressives du violon, la virtuosité n’est jamais oubliée dans une forme claire et harmonieuse. Hugo Reyne se permet quelques libertés dans cet enregistrement : modulations en sol mineur pour la septième sonate, et mi bémol majeur pour la onzième sonate. La célèbre Follia (qui inspira Rachmaninov pour ses variations sur le même thème) conclut naturellement cette sélection. Deux variations supplémentaires sont proposées à la fin de l’œuvre, « improvisées » par le flûtiste. Les qualités musicales de l’ensemble sont irréprochables. La virtuosité du soliste, foudroyante, est parfaitement accompagnée par un continuo intelligent dont l’enchainement des accords, soit plaqués, soit arpégés est en adéquation avec la flûte. Marc Wolff joue avec imagination d’un archiluth tandis que Jérôme Vidaller excelle avec son violoncelle. Rythmiquement, les accents sont percussifs, proposant ainsi une maîtrise parfaite de la forme tandis que les phrasés et les ornements sont construits avec finesse dans une musique était au service du pouvoir au 17ème siècle. Comme transition ou pause, Yannick Varlet exploite toute l’étendue de son clavecin dans trois pièces du compositeur toscan, Bernardo Pasquini. Plus âgé que Corelli, ses opéras et oratorios sont célébrés alors qu’il est lui-même excellent claviériste. Homophonique, son langage est novateur : enchaînements harmoniques surprenants où la mélodie tient la première place. De courte durée, ces pièces sont interprétées avec fougue et passion pour un compositeur influencé par la recherche du détail de Frescobaldi et la construction harmonique novatrice de Scarlatti.
Cet enregistrement est certainement, pour la musique baroque, l’un des plus aboutis de l’année. Le jeu des musiciens est mature et authentique tandis que la brochure est exceptionnelle. A découvrir !
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Répertoire 10 – Livret 10 – Interprétation 10

 

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