La résurrection d'une version majeure de l'Orfeo de Monteverdi

par

0126_JOKERClaudio MONTEVERDI
(1567-1643)
L'Orfeo
Montserrat FIGUERAS (La Musica), Furio ZANASI (Orfeo), Arianna SAVALL (Euridice), Sara MINGARDO (Messaggiera), Cécile van de SANT (Speranza), Antonio ABETE (Caronte), Adriana FERNANDEZ (Proserpina), Daniele CARNOVICH (Plutone), Fulvio BETTINI (Apollo), Mercedes HERNANDEZ, Marilia VARGAS (Ninfas), La Capella Reial de Catalunya, Le Concert des Nations, dir.: Jordi SAVALL
2002/2015-DDD-56'02 et 62'07-Textes de présentation en français, anglais, allemand, espagnol, catalan et italien-Livret en italien, français, anglais, allemand, expagnol, catalan et néerlandais-Alia Vox AVSA 9911 (2 cd)

Publié en dvd il y a une dizaine d'années chez Opus Arte, cet Orfeo qui nous revient aujourd'hui en format audio est le témoignage du spectacle assez grandiose donné par Jordi Savall et son Concert des Nations le 31 janvier 2002 au Liceo de Barcelone, avec chef et musiciens en costume d'époque. Montserrat Figueras chante La Musica, bien entendu, et nous y ravit par sa voix chaude et parfaitement adaptée à ce répertoire. L'Orfeo de Furio Zanasi ne fait pas oublier l'humanité et l'excellence de Philippe Huttenlocher, Lajos Kozma, Simon Keenlyside ou Victor Torres mais est très bien chantant, possède un timbre idéal et émeut dans les moments les plus poignants, tel l'air d'Orphée qui suit l'annonce de la mort d'Eurydice (« Tu se' morta »). Parfaite aussi, la messagère de Sara Mingardo, à la voix profonde et tragique, tout autant que l'Espérance de Cécile van de Sant, à la stature impressionnante. Les clés de fa ne sont pas en reste: les Charon de Antonio Abete et Pluton de Plutone Carnovich sont tout simplement parfaits. On ne voit guère de faiblesse sur le plan vocal: même les Pastore et autres Ninfas sont tenus de manière exemplaire. La Capella Reial de Catalunya est tout simplement radieuse, d'une souplesse et d'une homogénéité parfaites. Quant à l'ensemble instrumental, il est un personnage à part entière, notamment dans les intermèdes, grâce à la personnalité de Savall, ici au sommet de son talent lyrique, qui propose une palette quasi infinie de couleurs aussi chatoyantes les unes que les autres. En bref, une totale réussite pour cette version de toute beauté, restée trop longtemps inaccessible, qui vient concurrencer avec de très solides arguments les références toujours magnifiques de Harnoncourt I et II, Garrido, Jacobs, Medlam, Vartolo. La prise de son est superbe, la présentation d'un luxe inouï. Un « must ».
Bernard Postiau

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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