Rafael Kubelík en concert
Rafael Kubelík : The Munich Recordings. Oeuvres de Haydn, Mozart, Beethoven, Brahms, Dvořák, Bruckner, Berlioz, Smetana, Janáček, Hartmann, Bartók. Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, direction : Rafael Kubelík. 1963-1985- livret en anglais et allemand. 15 CD Orfeo. C 98115.
Les Bavarois d’Orfeo rééditent dans un plantureux coffret une large sélection d’enregistrements de concerts du grand Rafael Kubelík au pupitre de l’Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise, phalange dont il fut directeur musical entre 1961 et 1979 ! En 15 Cd, le coffret présente une belle synthèse de l’art de ce grand chef qui, comme Charles Munch, était plus à son aise au concert qu’en enregistrement. On découvre une pugnacité et un impact bien plus saisissants que dans ses gravures studios qui reprennent presque le même répertoire.
Au sommet de ce coffret on place les symphonies de Brahms et les symphonies n°6 à n°9 de Dvořák, à la grandeur épique et au souffle dramatique incandescent ! On reste sur des cimes vertigineuses avec Bartók, Janáček et Hartmann, tendus à l’extrême et avec une force noire presque tétanisante. Le cycle complet de Ma Patrie de Smetana était l’un des chevaux de bataille du chef dont il reste 5 témoignages dans cette partition. La force narrative de cette captation de 1984 cède peu devant l’émouvant concert de 1990 (Supraphon) qui voyait le chef retourner dans son pays natal au pupitre de la Philharmonie tchèque de Prague. D’autres lectures sont passionnantes sur l’art du chef et sa capacité à animer le dialogue musical et à construire un arc dramatique : la Fantastique de Berlioz, les Symphonies n°8 et n°9 de Bruckner et la Symphonie n°9 de Beethoven.
On pourra rejeter la Symphonie n°99 de Haydn et les Symphonies n°25, n°38, n°40 et n°41 de Mozart pour un excès de classicisme sans risque, mais on peut à l’inverse être passionné par la faculté du chef à construire un discours et à faire sonner son orchestre dans une écoute mutuelle exemplaire. C’est un style peut être désuet, mais cela reste la marque des grands musiciens.
En complément des symphonies de Mahler récemment rééditées chez DGG, ce coffret est un jalon essentiel dans notre compréhension de l’art de Rafael Kubelík. Il faut juste signaler au mélomane que ce coffret de reprend pas tous les enregistrements bavarois du musicien : il manque, entre autre, une Missa Solemnis de Beethoven, quelques Haydn, le rare Prometheus de Orff et un Pelléas et Mélisande de Debussy.
Son 7 – Livret 9 – Répertoire 10 – Interprétation 10
Pierre-Jean Tribot