Dernière étape d'une belle intégrale

par
Prokofiev

Serge PROKOFIEV
(1891 - 1953)
Symphonie n° 7 - L'Amour des Trois Oranges, marche et scherzo - Lieutenant Kijé, suite
Sao Paulo Symphony Orchestra, dir. : Marin ALSOP
2017 - DDD - 55' 42'' - Notice en anglais - Naxos 8.573620

Avec ce sixième CD, Marin Alsop met un point final à son intégrale des symphonies de Prokofiev. La 7ème Symphonie a toujours été diversement appréciée, tantôt aimée pour son entrain, tantôt honnie pour sa compromission avec le régime soviétique, qui l'honora d'un Prix Lénine posthume. Il est évident qu'après l'austère - et même violente - 6ème Symphonie, de 1947, le contraste est grand. On pourrait aussi la voir comme une conclusion heureuse de la veine musicale du compositeur, dévoilant, dès les premières mesures, sa merveilleuse inspiration mélodique (souvenirs de sa propre jeunesse ?), son affection de toujours pour le ballet avec la jolie valse de l'allegretto, son sens trop rarement souligné de la poésie dans l'andante, et enfinune orchestration raffinée, combinée à ce sens inné du rythme qu'il possédait depuis la "Suite scythe" de 1915. Cette symphonie vaut infiniment plus que sa réputation. Marin Alsop l'a bien ressenti et en livre, à la tête de son orchestre brésilien, une très bonne version, malgré un certain manque de puissance aux cuivres. Le final est un peu inégal, très enlevé au début, mais plombé par un ralentissement incongru à 2' 44''. Alsop choisit de présenter les deux codas : l'habituelle, si poétique avec sa rêverie sereine, et celle commandée par les autorités, toute frétillante et réaliste-socialiste (mais elle ne fait que 18 secondes !). Une belle version donc, mais qui ne saurait rivaliser avec les pionniers Anossov et Martinon, et les plus récents Järvi, Rostropovitch ou Karabits. Le couplage est curieux. Pour sa lecture de la 5ème Symphonie, Alsop avait choisi la rare suite "L'Année 1941". Elle aurait pu, ici, présenter des compositions contemporaines du maître, tels le poème symphonique "La Rencontre de la Volga et du Don", ou une suite de "La Fleur de pierre". Pas du tout, voici deux tubes rabâchés : la marche et le scherzo de l'opéra "L'Amour des Trois Oranges", puis la suite "Lieutenant Kijé", bien exécutée, malgré un manque de brillant et d'éclat dans la "Troïka". La cheffe apporte un petit côté cirque, qui n'est pas déplaisant du tout, le basson est superbe dans la romance, et le final détaille les expositions des thèmes de manière claire et brillante.
Bruno Peeters

Son 8 - Livret 8 - Répertoire 10 - Interprétation 9

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