La saison de l'ORW : "Les femmes et les représailles"

par

Stefano Mazzonis di Pralafera, directeur général et artistique de l'ORW nous présente la saison 2014-1015 :
À bien y réfléchir, concevoir une saison lyrique s’apparente quelque peu au travail du fil-de-fériste : l’improvisation n’y a pas sa place. Au contraire, à chaque étape, celle du choix des titres, celle de la sélection des interprètes et des maîtres d’œuvre, le raisonnement s’impose. Puis, petit à petit, les sentiments qu’exprimeront les différents opéras à l’affiche prendront corps, tels un fil conducteur.

Pour cette saison 2014–2015, le fil sera celui des représailles, qu’elles soient
exercées par les femmes mais aussi à leur égard. Nos grandes héroïnes, issues de la tragédie ou de l’opéra-bouffe, seront tantôt victimes [Manon chez Massenet, Luisa et Gilda chez Verdi ou Tosca chez Puccini] tantôt instigatrices [Cenerentola chez Rossini, les Joyeuses Commères de Windsor chez Nicolaï et encore Tosca], quand elles n’échapperont pas, finalement, à ces tentatives de vengeance [Adina chez Donizetti ou Leïla chez Bizet].

Pour que le fil soit parfaitement tendu et qu'ainsi l'équilibre de la politique artistique soit atteint, au raisonnement s'ajoutent la découverte, la continuité et l'audace. Ainsi, la découverte : ces Joyeuses Commères de Windsor, du compositeur Otto Nicolaï, l’un des créateurs du Philharmonique de Vienne, qui puise son inspiration chez Rossini et Weber, seront pour la première fois à l’ORW. C’est aussi l’occasion de retrouver Les Pêcheurs de Perles, La Cenerentola, Luisa Miller et L’Elisir d’Amore, qui n’ont plus été montés sur la scène de l'Opéra de Liège depuis longtemps, quelquefois, depuis très longtemps.

La continuité ensuite, qui s’impose comme un gage d’assurance, en mettant à l’honneur les grands compositeurs allemands, français ou italiens et les valeurs sûres, très appréciées, comme Verdi, Puccini, Benatzky, Rossini et Massenet.

Quant à l’audace, elle autorisera la programmation de spectacles à destination des plus jeunes. L’Opéra de Liège peut se targuer d’en offrir un éventail riche et varié qui permet d’appréhender la scène lyrique de manière ludique. Après les succès d’Une Autre Carmen et Violetta, Une Autre Traviata, c’est Aida que les adolescents, en collaboration avec la Fédération des Maisons de Jeunes en Belgique francophone, revisiteront. Dans le même temps, une création de Line Adam et André Borbé, Fleur de peau, et Brundibár seront proposés à un public familial, de même que Histoire de Babar, un spectacle pour les tout-petits.

Avec six nouvelles productions, des interprètes de grande envergure (Nicola Alaimo, Patrizia Ciofi, Bruno De Simone, Juan Diego Flórez, Anne-Catherine Gillet, Barbara Haveman, Franz Hawlata, Isabelle Kabatu, Dmitry Korchak, Gregory Kunde, Marc Laho, Lionel Lhote, Annick Massis, Leo Nucci, Marianna Pizzolato, Ruggero Raimondi, Desirée Rancatore, Adrian Sampetrean, Maria Grazia Schiavo ou Werner Van Mechelen…), des chefs renommés (Paolo Arrivabeni, Bruno Campanella, Patrick Davin, Renato Palumbo, Christian Zacharias et Massimo Zanetti), la saison est désormais d’aplomb.

Le fil qui nous guidera de septembre à juin est maintenant tendu. Il me reste à espérer que le funambule qui s’y promènera vous tiendra en haleine.
Frissonnons de bonheur !

Les commentaires sont clos.