Le Journal

Van Cliburn, symbole de la Paix

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Avec Nikita Krouchtchev lors de son Prix Tchaïkovski

Le pianiste américain Harvey Lavan Cliburn, plus connu sous le nom de Van Cliburn, est décédé dans sa propriété de Fort Worth au Texas à 78 ans des suites d'un cancer des os, a annoncé son agent et amie de longue date, Mary Lou Falcone. Il s'était révélé en gagnant le premier prix du premier concours Tchaikovski de Moscou en 1958 qui lui conféra le statut d'une “rock-star”. Pas évident pour un Américain, à l'époque, de rafler un premier prix au pays dont les artistes étaient la gloire. Avis fut demandé à Nikita Khrouchtchev : “ Cliburn est-il le meilleur? Alors, donnez-lui le premier prix! ”. Il gagna le coeur des Soviétiques et des Américains et son retour à New York fut salué avec tous les honneurs. Il fit la “Une” du Time Magazine qui titrait : “Le Texan qui a conquis la Russie” “le premier homme dans l'histoire à être à lui seul Horowitz, Liberace et Presley réunis”.  “Puisque nous savons que la musique classique est intemporelle et éternelle, ce sont précisément les vérités éternelles inhérentes à la musique classique qui demeurent un phare spirituel pour les gens, partout dans le monde” disait-il. Pour aider les jeunes pianistes, il créa un concours à son nom qui se déroule tous les quatre ans; la prochaine session, la 14e, aura lieu en mai et juin prochains. Après la mort de son père en 1974, le pianiste annonça son désir de se retirer de la scène pour rester avec sa mère malade; ce qu'il fit en 1978. Trente années plus tard, il déclara au New York Times que, parmi d'autres choses, les tournées lui volaient la chance d'écouter des opéras et d'autres concerts: “Je me disais 'la vie est trop courte', je ratais tellement de choses”. A propos de la suite de son exploit soviétique, il disait: “c'est palpitant d'être tellement désiré, mais c'était trop de pression”...
Harvey Lavan Cliburn était né le 12 juillet 1934 à Shreveport. A 3 ans, il commença le piano avec sa mère qui avait étudié avec un élève de Liszt. La famille déménagea ensuite à Kilgore, au Texas. A 12 ans, Van Cliburn gagne une compétition au Texas et deux ans plus tard, il se produit au Carnegie Hall. A 17 ans, il rejoint la Juilliard School où il travaille sous la direction de Rosina Lhevinne. Entre 1952 et 1958, il gagne une série de concours dont le prestigieux Leventritt. Alors que sa carrière était prête à décoller, il dut annuler tous ses récitals pour raison de santé, des saignements de nez chroniques. Sa popularité  ne cessait de se développer avec des enregistrements allant de Mozart à l'Américain Edward McDowell. Toutefois, sans doute parce que sa formation s'était faite aux côtés d'éminents professeurs russes, son coeur le liait plutôt à Tchaikovski et Rachmaninov dont les enregistrement des concertos restent des références absolues. Après 1990, la pianiste entreprit de nombreuses tournées au Japon et à travers les Etats-Unis et c'est au cours d'une de ces tournées que sa mère décéda. On était en 1994; elle avait 97 ans. Le pianiste s'établit alors à Forth Worth où il réapparut en concert en 1998 et offrit des bourses à de nombreuses écoles dont la Juilliard School et les conservatoires de Moscou et Saint-Pétersbourg.
En novembre 2009, Melodiya publiait un coffret de 5 CD, “Van Cliburn in Moscow”, des enregistrements pour la plupart inédits consacrés à Beethoven, Brahms, Chopin, Debussy, Gireg, Liszt, Scriabine, Tchaikovsky, La renaissance d'un génie! (Melodiya 1001627).

La grande dame de l'orgue nous a quittés

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Avec le décès de Marie-Claire Alain de 26 février, c'est une grande figure de l'orgue du XXe siècle qui nous quitte. Née à Saint-Germain-en-Laye en 1926, elle travaille l'instrument avec Marcel Dupré et Maurice Duruflé au Conservatoire de Paris. Dès l'âge de 11 ans, elle remplace son père à l'orgue de l'église de sa ville natale dont elle sera ensuite titulaire. Durant sa carrière de soliste qui s'étend de 1950 à 2012, elle donnera plus de 2500 concerts à travers le monde où elle concrétise son travail musicologique sur la littérature orgastique, tant ancienne que romantique et symphonique. Comme pédagogue, elle enseigna dans diverses institutions et académies d'été. Wikipedia reprend son incroyable discographie -la plupart chez Erato- dressée par Alain Cartayrade et publiée dans la revue "Orgues" : "plus de quatre millions de disques vendus, deux disques d’or, un laser d'or remis par l'Académie du disque français. Elle a réalisé plus de 220 gravures sur disque et plus d'une soixantaine de CD. Citons seulement les célèbres intégrales : J.S. Bach (3 intégrales), Buxtehude, Bruhns, Georg Böhm, Couperin (3 versions), de Grigny (3 versions), Daquin, Pachelbel, Mendelssohn, Franck (2 versions), Jehan Alain, son frère mort au front (3 versions), les concertos de Poulenc, Chaynes, Haendel, J.S. Bach, C.Ph.E. Bach, Haydn, Mozart, Vivaldi, la plupart avec l'orchestre de chambre Jean-François Paillard, et qui lui ont valu plus de quinze Grands Prix du disque. Liszt, Widor, Vierne et Messiaen ont aussi fait l'objet de plusieurs CD. Elle a, entre autres, réalisé de nombreux enregistrements d'œuvres pour trompette et orgue avec le trompettiste Maurice André décédé récemment. Sa première intégrale de l'œuvre pour orgue de J. S. Bach en 24 disques (1959-1967) lui valut le prix Edison (Amsterdam) et celui de la plus grande réalisation phonographique mondiale Académie Charles Cros (Paris) en 1968. La ville de Lübeck lui a décerné en 1976 le Prix Buxtehude, couronnant son action en faveur de la musique ancienne allemande. À Copenhague elle s'est vu attribuer le prix de musique de la Fondation Léonie Sonning pour sa deuxième intégrale J. S. Bach (1980). À cette occasion, elle a été décorée de l'Ordre Royal de Dannebrog. La ville de Budapest lui a décerné le prix Franz Liszt en 1987. L'American Guild of Organists (AGO), section New York l'a déclarée Interprète de l'année en 1984 et l'American Guild of Organists lui a attribué en 1999 sa plus haute récompense pour son immense carrière.

Bon anniversaire Monsieur Chailly !

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Riccardo Chailly a eu 60 ans le 20 février dernier. Il est depuis 2005 le Kapellmeister du plus que bicentenaire Gewandhaus de Leipzig qui a connu à sa tête les noms prestigieux de Mendelssohn, Nikisch, Furtwängler et Bruno Walter, sans compter les chefs invités… Belle filiation! A la question de Maxime Kaprielian (resmusica) de savoir s'il compte succéder à Simon Rattle à la tête du Philharmonique de Berlin en 2018, il répond : "je ne peux pas répondre évidemment, le destin et surtout l'Orchestre le dira"…
Le chef italien a pu perpétuer l'une des vertus essentielles de l'orchestre, à savoir cette sonorité sans égale restée à l'abri des standards mondiaux. A Leipzig, il perpétue la tradition de l'exécution des Passions de J.S. Bach augurée par Mendelssohn à l'église Saint-Thomas. Le répertoire de Riccardo Chailly est d'une vastitude peu égalée, tant dans le domaine symphonique qu'à l'opéra. Parmi ses projets: un cycle Rachmaninov -symphonies et concertos- chez Decca et une nouvelle intégrale des symphonies de Mahler (plus de vingt ans après la première avec le Concertgebouw d'Amsterdam) avec le Gewandhaus à paraître en DVD d'ici 2016. Riccardo Chailly honorera de sa présence la soirée de gala des ICMA qui se tiendra à Milan le 18 mars prochain avec l'Orchestre LaVerdi dont il a été le directeur musical de 1999 à 2005.

Chapitre final des Cantates Sacrées de Bach par Suzuki

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Masaaki Suzuki et le Bach Collegium Japan mettent un point final à l'enregistrement des Cantates Sacrées de Bach chez Bis avec le 55e et dernier volume de la série. La sortie du CD est prévue pour novembre prochain avec le Lobe den Herrn, meine Seele BWV 69. La collaboration entre en ensemble japonais et un label suédois, initiée en 1995, avait suscité la surprise dans le milieu musical mais dès le premier volume, critiques et mélomanes furent conquis. Aujourd'hui, le cycle "Bach Collegium Japan - BIS" constitue une réelle référence. La collaboration Suzuki-Bis n'est pas pour autant terminée; elle se poursuivra avec l'enregistrements des cantates profanes, des concertos et des messes, ainsi que d'un répertoire plus tardif.
Photo: l'enregistrement video dans la Chapelle de l'Université de Kobe

 

Avec Wolfgang Sawallish disparaît un des derniers Kapellmeister

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wolfgang-sawallisch-300x270On a appris le décès de Wolfgang Sawallish à son domicile près de Munich vendredi dernier. Il était âgé de 89 ans. Avec lui disparaît un des dernier Kapellmeister qui forgea son répertoire dans les fosses d'orchestres, complice des musiciens, avant de rejoindre les hauts lieux du genre que sont Bayreuth, Salzbourg ou Munich. Pianiste aussi, il aimait partager la musique avec des partenaires instrumentistes ou chanteurs tels Brigitte Fassbaender ou Dietrich Fischer-Dieskau. Je me souviens d'un mémorable leçon de musique au Verbier Festival au début des années 2000. Il venait diriger le tout jeune Verbier Festival Orchestra alors entre les mains de James Levine. Je voulais écouter la prise en main de l'orchestre après son travail intensif avec le chef américain et dont j'avais écouté le concert la veille. Sawallish allait le conduire dans la 4e Symphonie de Schumann. Exposition, développement de la symphonie. Quelques mots aux différents pupitres. Le geste et le regard larges. Vingt minutes plus tard, l'orchestre était métamorphosé ! Il jouait "à l'européenne".

Jamais trop tard...

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... Trente ans après son décès, Glenn Gould reçoit un « Lifetime Achievement Award » aux Classical Grammy Awards.

Pascal Rophé succède à John Axelrod

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Pascal Rophé succède à John Axelrod à la direction de l'Orchestre National des Pays de la Loire (ONPL) pour les saisons 2014-2015, le contrat de son directeur musical actuel depuis septembre 2010, John Axelrod, se terminant cette saison. Issu de l'Ecole Boulez et de l'Ensemble intercontemporain, on a connu Pascal Rophé directeur musical de l'Orchestre Philharmonique de Liège de 2006 à 2009, mais on le retrouve également à la tête de l'Orchestre de Paris, du BBC Symphony, de l'Orchestre National de France, du NHK Symphony Orchestra, de l'Orchestre de la Suisse romande,... Agé de 52 ans, il est tout particulièrement attentif à la création contemporaine dont il a assuré de nombreuses créations en Belgique, en France et en Suisse. Sa discographie est également abondante. Il travaille actuellement à une « première » discographique des Sept solos pour orchestre de Pascal Dusapin et au Double concerto pour altos de Bruno Mantovani avec Tabea Zimmermann et Antoine Tamestit aux côtés de l'Orchestre Royal Philharmonique de Liège.

Décès de Stephen Simon

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Le chef Stephen Simon, bien connu pour avoir sorti Haendel de l'ombre du Messie, est décédé le 20 janvier à Manhattan des suites d'un accident vasculaire cérébral. Il avait 85 ans. Spécialiste de Haendel, il avait, dans les années '60, réalisé de nombreux premiers enregistrements de l'oeuvre du Maître Saxon.

Du rififi au Bolshoï

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Après l'attaque à l'acide du directeur artistique, Sergei Filin, le 20 janvier dernier, c'est Svetlana Lunkina, danseuse étoile de la compagnie mythique, qui fait l'objet de menaces. Actuellement en congé au Canada, la compagnie ne peut assurer sa sécurité s'il lui venait à l'idée de retrouver Moscou et son théâtre. A propos de l'attaque contre Sergei Flinn, brûlé au troisième degré et risquant de perdre la vue, Igor Ratmansky, son prédécesseur à la direction du Bolshoï, lui aussi menacé à plusieurs reprises, écrit sur sa page Facebook : «  Le malheur qui est arrivé à Sergei Filin n'est pas dû au hasard. Le marché noir, la magouille, les prix exorbitants des billets, le fanatisme de certains balletomanes prêts à trancher la gorge des adversaires de leurs idoles, les déclarations scandaleuses de certains employés du Bolchoï à la presse, tout ceci a un effet boule de neige ». Certains reprochent aussi à Sergei Filin, de façon fort violente, on en convient, ses choix non concertés dans les attributions de rôles.

Décès de James DePreist

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Défiant à l'époque les obstacles de la couleur de la peau et de la santé, le chef américain James DePreist a mené une brillante carrière à travers le monde. En 1962, il contracta une vilaine polio qui ne le laissa pas indemne. Il est décédé ce 8 février des suites d'une attaque cardiaque. En 1965 et 1966, il fut l'assistant de Leonard Bernstein au New York Philharmonic et, de 1971 à 1976, chef associé d'Antal Dorati au National Symphony Orchestra. C'est en 1969 qu'il fit ses débuts européens avec le Rotterdam Philharmonic Orchestra. Sa discographie compte une conquantaine d'enregistrements avec l'Oregon Symphony Orchestra dont il fut le directeur musical de 1980 aux années '90