Le Journal

Hertha Töpper, 100 ans

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Hertha Töpper, née le  à Graz et morte le  à Munich, est une artiste lyrique, une contralto autrichienne, surtout célèbre pour ses fréquentes collaborations artistiques avec les chefs d'orchestre Ferenc Fricsay (œuvres de Mozart et de Stravinsky) et Karl Richter (œuvres de Bach) et son association vocale avec la soprano Maria Stader.

Elle fait ses études au Conservatoire de Graz et débute en 1945 à l'opéra local dans le rôle d’Ulrica. À partir de 1952, elle est membre de la troupe de l'Opéra d’État de Bavière à Munich et jouit d'une réputation internationale dans des rôles aussi divers que Dorabella, Erda, Brangäne, Octavian ou Judith du Château de Barbe-Bleue de Béla Bartók, qu'elle interprète au Festival de Bayreuth, au Festival de Salzbourg ainsi que sur les plus grandes scènes internationales, à la Scala de Milan, à Covent Garden, à la Monnaie, à Amsterdam, Rome, Zurich, à l'Opéra de San Francisco ou au Met.

La renommée de Hertha Töpper reposait autant sur une technique vocale très sûre et une voix expressive et chaude que sur une présence scénique attrayante.

Elle s'est mariée en 1949 avec le compositeur Franz Mixa.

À compter de 1971, Hertha Töpper est professeure à la Musikhochschule de Munich, ville où elle meurt le .

Pieter Hellendaal, 225 ans

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Pieter Hellendaal (Rotterdam, baptisé le 1er avril 1721 - Cambridge, le 19 avril 1799 ) était compositeur , organiste , professeur de musique et violoniste .

Hellendaal est le fils de Johannes Hellendaal et Neeltje Lacroix. Il a reçu sa première formation musicale de son père.
En 1731, la famille Hellendaal s'installe à Utrecht et là, il devient organiste de la Nicolaïkerk (à l'âge de dix ans). A partir de janvier 1732, sous la direction de son père, il joua de l'orgue Peter Gerritszoon de l'église, qui date de 1479 : le plus ancien orgue d'église des Pays-Bas.
En 1737, la famille Hellendaal déménage à Amsterdam. Hellendaal devait également bien maîtriser le violon à cette époque. À l'âge de quinze ans, sur proposition du secrétaire municipal d'Amsterdam Mattheus Lestevenon, il entreprend un voyage d'études en Italie, où il séjourne de 1737 à 1743.
Dans la période 1740-1742, il étudia à la Scuola delle Nazione de Padoue avec le principal violoniste de l'époque, Giuseppe Tartini.

De retour d'Italie, Hellendaal s'installe à Amsterdam et joue du violon dans diverses auberges. En 1744, il obtint une licence officielle pour publier sa propre musique, ce qui aboutit à la publication des op. 1 et 2 (deux séries de sonates pour violon et basse continue). La même année, il épousa la fille d'un chirurgien d'Amsterdam.

Pendant deux ans (1749 – 1751), il s'installe à l'Université de Leiden pour accéder aux cercles mélomanes. Durant ces années, il y fut également organiste assistant au Marekerk. Il s'y produit régulièrement ainsi qu'à La Haye, notamment à la Cour héréditaire du Prince Guillaume IV et de son épouse anglaise mélomane, la Princesse royale Anna de Hanovre.

Il succède à Charles Burney à Sainte Margarette (1760), puis s'installe à Cambridge et travaille à la Pembroke Hall Chapel (1762–1777) puis à la Peterhouse Chapel jusqu'en 1799. Il enseigne parallèlement le violon et la théorie. Parmi ses élèves figure Charles Hague.

Il est le seul compositeur néerlandais du XVIIIe siècle à avoir connu la célébrité hors de son pays.

C'est avec son fils Peter -également musicien : composition, violon, clarinette et orgue, et éditeur de musique- qu'il édite ses œuvres.

 

Robert Levin honoré par la Fondation Internationale Mozarteum

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Le pianiste américain Robert Levin a reçu la Médaille d'Or Mozart de la Fondation Internationale Mozarteum : "En tant qu'éminent pianiste de concert et professeur de piano, il a apporté une contribution significative à la revitalisation de la pratique du jeu à l'époque de Mozart, avec ses éléments d'improvisation tels que les embellissements et les cadences librement inventées […] Robert Levin est un artiste exceptionnel qui vit l'interprétation et la recherche de Mozart comme aucun autre et transmet la fascination de Mozart sous toutes ses facettes aux gens du monde entier".

En tant que pianiste, Levin se produit dans le monde entier avec des orchestres et des chefs d'orchestre renommés. Outre son engagement en faveur de la musique classique viennoise, il est également considéré comme un ardent défenseur de la musique nouvelle et a interprété de nombreuses premières. En plus de ses activités de concert, Levin est également théoricien de la musique, éducateur, compositeur et directeur de concours et de festivals.

La Médaille d'or Mozart est décernée depuis 1914 à des personnalités qui ont apporté une contribution particulière aux efforts de la Fondation Mozarteum de Salzbourg.
Parmi les précédents récipiendaires de la médaille, on compte Bruno Walter, l'Orchestre Philharmonique de Vienne, Nikolaus Harnoncourt, András Schiff, Miloš Forman, Mitsuko Uchida et plus récemment la Cappella Andrea Barca (2019).

 

Vivaldi à l'écran

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Les biopics autour des compositeurs et autres figures de la musique classique ont la cote depuis plusieurs années. Après Tchaïkovski, Bernstein, Ravel et le Chevalier de Saint-George, c’est Antonio Vivaldi qui aura ce privilège.  Le compositeur devrait faire l’objet de deux longs métrages, prévus dans le courant de l’année 2025.

Le premier, que réalisera Volker Schlöndorff, lauréat d’une Palme d’or et d’un César du meilleur film en langue étrangère pour son film Le Tambour, sera centré sur un pan de la vie du prêtre roux, à savoir l’éducation musicale qui prodiguait aux jeunes orphelins du Pio Ospedale della Pietà, dans lequel il était maître de violon. "Avec elles, Vivaldi forme le premier orchestre féminin au monde, qui, dans le film, sera interprété par de vrais musiciens et chanteurs", a déclaré Schlöndorff.

Le second film autour du prêtre roux sera, quant à lui, un biopic. Le projet de ce film est en gestation depuis une vingtaine d’années et après avoir changé plusieurs fois de réalisateur, il a été confié à John Ottman, réalisateur, compositeur, producteur et monteur (lauréat de l’Oscar du meilleur montage pour Bohemian Rhapsody). On ne sait pas encore si Ottman composera également la musique du film.

(d'après la RTBF)

Jodie Devos dans une création mondiale au TCE

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Le Théâtre des Champs-Elysées a cofondé l’année dernière le prix de composition Pisar avec Judith Pisar, la Juilliard School de New York et la Villa Albertine. Le but est de renforcer les liens culturels entre la France et les Etats-Unis en soutenant un ou un(e) jeune compositeur(trice). Le lauréat obtient une dotation de 10 000 euros et effectue une résidence aux Etats-Unis pour la composition d’une nouvelle pièce, créée ensuite au Théâtre des Champs-Elysées par les Siècles et François-Xavier Roth.

Le premier lauréat est le compositeur argentin Alex Nante, qui présentera mardi 30 avril son œuvre pour orchestre et soprano A Subtle Chain - Cinq Mélodies d’après Ralph Waldo Emerson. La partie pour soprano sera interprété par Jodie Devos dont on connaît les affinités avec le répertoire contemporain depuis On purge Bébé !, le dernier opéra de Philippe Boesmans.

(d'après Forumopéra)

 

Bibliothèque d'Etat de Hambourg, nouvelles acquisitions

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Avec le soutien de la Fondation culturelle des États, la Bibliothèque d'État et universitaire de Hambourg a acquis un manuscrit du Messie de Haendel et des lettres de Johannes Brahms.

Le manuscrit de l'oratorio de Georg Friedrich Handel (1685-1759), créé pour la première fois en 1742, date du dernier tiers du XVIIIe siècle. Il s'agit d'un manuscrit des chœurs et de quatre mouvements solistes de l'oratorio, créé après 1772, avec un livret en allemand. Le Messie, initialement écrit en anglais, n'a été joué qu'avec des textes allemands en Allemagne à partir des années 1770, notamment à Hambourg en 1772 par Michael Arne et en 1775 par Carl Philipp Emanuel Bach, mais aussi à Berlin et Leipzig en 1786 et à Breslau en 1788.

Diverses versions textuelles ont été élaborées pour les pays germanophones, notamment celles de Christoph Daniel Ebeling, Friedrich Gottfried Klopstock et Johann Gottfried Herder. La version textuelle conservée dans le manuscrit désormais acquis ne correspond à aucune des versions connues jusqu'ici.

La collection de lettres comprend 44 lettres manuscrites et cartes postales de Johannes Brahms (1833-1897) au chercheur en musique Friedrich Chrysander (1826-1901), dont 33 sont inconnues ou n'ont pas été publiées ni évaluées scientifiquement. La collection comprend 23 lettres, dont 14 avec enveloppes correspondantes, neuf cartes de correspondance, 12 cartes postales et un document signé par Brahms. Ces documents rédigés par Johannes Brahms et adressés à Friedrich Chrysander, donnent un aperçu de l'échange personnel et professionnel entre l'un des compositeurs centraux du XIXe siècle et un pionnier de la musicologie moderne.

Nouvelle production des "Maîtres Chanteurs de Nuremberg"

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A la fin de ce mois, le Teatro Real de Madrid offrira 9 représentations de l'opéra de Richard Wagner Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg, dans une nouvelle production qui sera créée à Madrid et présentée ensuite dans les théâtres coproducteurs : l'Opéra Royal du Danemark et le Théâtre National de Brno.
A la direction, l'Espagnol Pablo Heras Casado pour cette production signée dans sa version scénique par Laurent Pelly.

"L’Ile des morts" de Sergueï Rachmaninov, 115 ans

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L'Île des morts (Остров мёртвых) est un poème symphonique composé en 1909 et créé à Moscou.

L'œuvre fut inspirée par le tableau éponyme du peintre suisse Arnold Böcklin, dont Rachmaninov s'attache tout particulièrement à recréer l'atmosphère lugubre. Rachmaninov découvrit en 1907 une reproduction en noir et blanc du tableau, qui le frappa fortement. Après avoir composé cette œuvre, Rachmaninov découvrit l'original en couleurs, dont il fut beaucoup déçu, allant jusqu'à commenter qu'il n'aurait pas composé l'Île des Morts s'il avait d'abord vu l'original en couleurs.

"Missa Solemnis" de Ludwig van Beethoven, 200 ans

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La Messe solennelle en ré majeur ou Missa solemnis, opus 123 fut composée entre 1818 et 1823, publiée en avril 1827 et dédiée à son élève l'Archiduc Rodolphe.
Pièce majeure du répertoire sacré, en bonne place aux côtés de la Messe en si mineur de Bach et du Requiem de Mozart, elle est l'œuvre la plus longue de Beethoven après son opéra Fidelio et assurément celle qui lui a réclamé le plus de travail.
Il s'agit de sa troisième œuvre vocale à caractère sacré, après l'oratorio Le Christ au Mont des Oliviers (1801) et la Messe en ut majeur (1807).

La Missa solemnis était considérée par Beethoven comme « sa meilleure œuvre, son plus grand ouvrage ».

Manfred Kelkel, 25 ans

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Manfred Kelkel, né le  à Siersburg (en Sarre, alors sous occupation française) et mort à Lannion le , est un compositeur et musicologue français.

Élève de Darius Milhaud au Conservatoire, il s'intéresse à la musique du compositeur russe Alexandre Scriabine dont les dernières œuvres -de Prométhée au Mystère-  influencent ses propres compositions. Ses travaux sur Scriabine et une certaine esthétique ésotérique de la musique font autorité.

Manfred Kelkel éprouva toujours envers son ancien maître Darius Milhaud « une sincère admiration et une reconnaissance presque filiale même si, sur le plan esthétique, il suivit des voies divergentes ».

À partir de 1969, le compositeur reprend des études universitaires, obtenant le doctorat de troisième cycle et le doctorat d'État de musique et musicologie, « avec des travaux qui, depuis, font autorité dans leurs domaines », de son étude À la recherche de la musique polynésienne traditionnelle, en ethnomusicologie, au doctorat d'État sur la musique lyrique au début du xxe siècle (Naturalisme, vérisme et réalisme dans l'opéra).
Sa thèse de troisième cycle, consacrée au compositeur russe Alexandre Scriabine (Scriabine, sa vie, l'ésotérisme et le langage musical dans son œuvre), constitue un moment décisif dans sa carrière.

Jacques Viret évoque, dans ses souvenirs, un homme « d'une simplicité, d'une modestie et d'une affabilité parfaites », lui faisant rencontrer Marina Scriabine, fille du compositeur du Mystère, dont l'Acte préalable présente un accord de douze sons qui le transportait d'enthousiasme.

Parmi les nombreuses publications de Manfred Kelkel, Jean-Jacques Velly retient surtout l'ouvrage "Musique des mondes", paru en 1988, « ouvrage unique en son genre, qui fait la synthèse de ses deux activités de compositeur et de musicologue ».

Manfred Kelkel a occupé un certain nombre de postes importants dans les domaines de l'édition musicale et de l'enseignement supérieur. Directeur musical de 1957 à 1978 aux Éditions Heugel, il est chargé de cours aux Universités de Paris IV, Metz, Strasbourg II et Paris XII de 1974 à 1981, avant d'être nommé professeur à l'Université de Lyon II, de 1985 à 1991, année où il est titularisé à Paris IV.

Passionné par la musique arabe traditionnelle et la musique russe du début du xxe siècle, il est le directeur de thèse d'André Lischke, lui-même futur spécialiste de la musique de Tchaïkovski et du groupe des Cinq.

Passionné par les civilisations orientales et les pratiques occultes, Manfred Kelkel décide, à partir de Tabula Smaragdina (faisant référence à la Table d'émeraude), d'appliquer à ses compositions « de manière rationnelle et cohérente des principes issus de l'ésotérisme chinois, de la géomancie arabe et des opérations alchimiques, jouant sur les correspondances insoupçonnées unissant les mandalas bouddhiques, les diagrammes hermétiques, les carrés magiques et l'art des sons ».

Jean-Jacques Velly a entrepris une brève analyse de son langage musical. Dans le domaine de la mélodie, l'écriture est « régie par trois données essentielles : le total chromatique, un emploi modal de la mélodie et une utilisation d'échelles symétriques artificielles». Dans le domaine harmonique, son œuvre « s'inspire des derniers travaux de Scriabine et utilise abondamment des accords plus ou moins complexes proches du total chromatique8 », dans une polytonalité où « la mélodie et l'harmonie s'articulent sur des points de repère solides, même si la syntaxe musicale qui en découle n'a rien de commun avec la tonalité au sens étroit9 ».

« Admirateur de Berlioz et de la grande école orchestrale germanique du xixe siècle », son écriture orchestrale « se singularise par une mise en valeur du timbre instrumental dans laquelle la pensée musicale fait immédiatement corps avec sa réalisation orchestrale9 ». Dans le domaine de l'orchestration, sa maîtrise et son originalité ont été reconnues très tôt, notamment par Henri Dutilleux9Jacques Viret voit en Manfred Kelkel un « alchimiste des sons10 ».

Dans le domaine du rythme, la science du professeur et du compositeur se rejoignent dans ses partitions. Philippe Reynal évoque un « véritable casse-tête pour les étudiants11 ! »

Manfred Kelkel est mort à Paris le 12, peu de temps après la parution de sa biographie et analyse complète des œuvres de Scriabine13.