Le Journal

Thielemann et le Semper Oper

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En poste au Semper Oper de Dresde depuis 2012, le chef allemand Christian Thielemann prolonge et y restera jusqu'en 2024. A ce moment-là, il aura 65 ans.

 

Stéphane Dèneve et le Brussels Philharmonic en tournée

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Le Brussels Philharmonic et son directeur musical Stéphane Denève ont entamé une tournée de huit concerts passant par Amsterdam, Londres, Vienne et Salzbourg en compagnie des solistes Nikolaj Znaider (violon), Gautier Capuçon (violoncelle) et Lars Vogt (piano) et ils rencontrent un accueil enthousiaste de la part du public et de la presse internationale. 
Extraits :
"Stéphane Denève et le Brussels Philharmonic ont atteint la perfection" titre Backtrack après le premier concert à Londres ; "une superbe performance" pour The Herald Scotland ;  "un cadeau pour le public venu nombreux dans l’auditoire Sage One" pour Chronicle Live et "un magnifique concert plein de joie et de compassion selon The Scotsman.
Accueil chaleureux en Autriche aussi où le Dagblad Kronen Zeitung écrit qu’en plus de produire le meilleur chocolat, la Belgique offre aussi un "orchestre haut de gamme qui se déguste comme une praline ". Le Salzburger Nachrichten souligne que "l’orchestre a placé la barre très haut ce mercredi" et, pour Dreh Punkt Kultur, l’orchestre atteint un "niveau mondial".
Au programme, les concerti de Max Bruch (Znaider), Edouard Lalo (Capuçon) et Edvard Grieg (Vogt), la 3e Symphonie (Héroïque) de Beethoven et la suite pour ballet Cendrillon de Prokofiev. Et comme il a pris l’habitude de le faire à chacun de ses concerts, l’orchestre a également proposé des œuvres symphoniques du XXIe siècle : Passchendaele (2013) de Mark-Anthony Turnage (qui a assisté au concert de Londres et a été très impressionné par l’interprétation de l’orchestre) et Flammenschrift (2012) de Guillaume Connesson.

Les Prix SABAM arrivent

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Les Prix Sabam seront annoncés pour la cinquième fois le 18 décembre. 
Petit rappel pour ceux qui n'en sont pas familiers : la Sabam est l'Association belge des auteurs, compositeurs et éditeurs. Sa mission consiste à collecter, distribuer, administrer et gérer (au sens large du terme) tous les droits d'auteur en Belgique et dans d'autres pays où des accords de réciprocité ont été signés (avec les autres sociétés de gestion collective).
Société privée, la Sabam a adopté la forme juridique d'une cvba (société coopérative à responsabilité limitée). Elle n'est ni un ministère ni une société semi-publique.
Fondée en 1922 à l'initiative d'un certain nombre d'auteurs, elle regroupe actuellement des milliers d'auteurs de toutes les disciplines. Plus souvent associée à la musique, la Sabam se targue pourtant de son caractère multidisciplinaire car elle représente les compositeurs, paroliers, éditeurs, dramaturges, chorégraphes, réalisateurs, scénaristes, écrivains de dialogue, les producteurs de radio, auteurs de sous-titres, traducteurs, romanciers, poètes, dessinateurs, illustrateurs, journalistes, sculpteurs, peintres, vidéastes, illustrateurs, photographes, graphistes ...

Les Prix Sabam mettent d'ailleurs les membres à l'honneur dans les différentes disciplines : musique, audiovisuel, théâtre et danse, arts visuels et littérature. 
Chaque Prix est doté de 2 000 € et cet événement annuel se déroule alternativement dans les deux communautés. 
Les nominés de cette édition sont
Alain Craens pour Métamorphoses I + II
Frederik Neyrinck pour Ste. Fuji
Robert Groslot pour son Concerto pour piano.

Le décès de Paul Finel

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Forum Opéra annonce le décès du ténor français Paul Finel à l'âge de 93 et évoque judicieusement son parcours :
"Né en 1924 dans l’Hérault, d’abord chimiste dans un laboratoire, il avait commencé sur le tard des études de chant, avant d’être engagé par la Réunion des théâtres lyriques nationaux en 1954. Après avoir joué les utilités, il est propulsé sur le devant de la scène dès 1956 : à Garnier, il est Faust pour Berlioz et pour Gounod, avant de devenir Roméo, Don José ou Rhadamès ; à Favart, il est Hoffmann, Werther ou Dick Johnson. En province, il aborde Otello, André Chénier, Florestan ou Lohengrin. Au disque, il est le partenaire de Denise Duval en Chevalier de la Force dans Dialogues des carmélites ou de Jane Rhodes dans L’Ange de feu, sans oublier divers opéras en version française (Toscaavec Régine Crespin, La Traviata avec Mado Robin)."

Bonne année à Moscou !

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On vient d'apprendre que le ténor Jonas Kaufmann a refusé les propositions des télévisions allemandes pour assurer le concert de Nouvel An au Conservatoire Tchaïkovski à Moscou.
L'Orchestre National de Russie sera dirigé par l'actuelle cheffe principale attitrée à l'Opéra Royal de Wallonie-Liège, Speranza Scappucci.

Zubin Mehta à l'arrêt pour trois mois

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Zubin Mehta doit être opéré à l'épaule et sera indisponible pour trois mois.
Il a donc annulé tous ses engagements pour cette période.
A la Scala (Milan) où il devait diriger le Rosenkavalier pour les fêtes de fin d'année, c'est Cornelius Meister qui viendra à la rescousse. Un choix assez naturel puisque le chef allemand dirigera la même oeuvre à Vienne le soir du Nouvel An.
On est curieux de voir qui le remplacera à la tête de l'Orchestre Philharmonique d'Israël dont la gestion est contestée. Il se dit que deux chefs auraient déjà refusé l'"interim".

 

Figure culturelle majeure de l’Etat hébreu, le chef indien Zubin Mehta (il est né à Bombay en 1936) est à la tête de l’Orchestre Philharmonique d’Israël depuis plus de 30 ans et il a déjà annoncé qu'il le quittera en octobre 2019.
S'il a marqué son temps, c'est évidemment par son énorme carrière musicale mais c'est aussi par ses prises de position courageuses quand, par exemple, il critique ouvertement la politique des dirigeants d'Israël dans son livre auto-biographie (2006), ou quand, en 1994, il va diriger l'Orchestre Symphonique de Sarajevo pour le Requiem de Mozart dans les ruines de la ville. 

 

Le Brexit des orchestres anglais

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Directeur de l'Orchestre de chambre écossais, Gavin Reid a été élu Président de l'Association of British Orchestra (ABO) pour succéder à Kathryn McDowell (du LSO).
Le Directeur d'ABO, Mark Pemberton, a déclaré qu'il était clair pour le Conseil que Gavin Reid pouvait assurer le leadership nécessaire pour guider l'ABO au cours des prochaines années, y compris les défis soulevés par le Brexit, le financement public et la diversité au sein des orchestres.
Optimiste néanmoins, Gavin Reid a précisé : Notre secteur sera confronté à des défis difficiles au cours des prochaines années. Il y a l'impact que le Brexit pourrait avoir sur nos échanges avec les artistes, les promoteurs, les lieux et les bailleurs de fonds en Europe. Les pressions sur le financement public ne montrent aucun signe d'assouplissement et nous ne pouvons pas et ne devons pas perdre de vue la nécessité d'aborder les questions de diversité et d'inclusion. Cela dit, nos orchestres n'ont jamais été en meilleure santé artistique, jamais plus innovants, jamais plus résistants et jamais plus nécessaires.

José Carreras et la leucémie

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Désormais à la retraite, le ténor espagnol José Carreras vient de faire un don d'un million d'euros pour financer 20 lits de thérapie par cellules souches destinés à des patients leucémiques de la ville d'Iéna (ex-Allemagne de l'Est).
Atteint lui-même par la maladie dans les années 1980 et contraint alors de suspendre sa carrière pour se concentrer sur traitement qui l'a sauvé, il a créé une Fondation consacrée à la recherche sur la leucémie et reste préoccupé par les taux élevés de cancer dans les parties défavorisées de l'Allemagne unifiée.

Prix Grawemeyer 2018

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Le compositeur danois Bent Sorensen a reçu le Prix Grawemeyer 2018 dans la catégorie "composition" pour son triple concerto L'isola della Città (violon, violoncelle, piano et orchestre)
En cinq mouvements, l'œuvre a été écrite pour l'ensemble danois Trio con brio et l'Orchestre Symphonique danois et elle a été créée à Copenhague en janvier 2016.

Bent Sorensen est né à Borup (Danemark) en 1958. Il a étudié la composition avec Ib Norholm à la Royal Academy of Music de Copenhague et avec Per Norgard à l'Aarhus Music Academy. Influencé au début par la musique spectrale, son oeuvre va du théâtre musical à la musique chorale et la musique instrumentale et se caractérise par des structures microtonales et des surfaces de glissando.
Bent Sorensen s'est révélé au niveau international quand son concerto pour violon Dying Gardens a remporté en 1996 le Prix du Conseil nordique de musique. Professeur de composition invité à la Royal Academy of Music de Londres depuis 2008, Bent Sorensen a remporté d'autres prix, dont le Wilhelm Hansen Composer Prize.

Le Grawemeyer Award (prix Grawemeyer) est américain, annuel et décerné par l'Université de Louisville. Il a été institué en 1984 par H. Charles Grawemeyer -industriel, entrepreneur et mécène- associé à l'Université de Louisville et il ne concernait à ses débuts que la composition. Par la suite, quatre autres catégories sont apparues : éducation, religion, psychologie et "propositions pour améliorer l'ordre mondial".
Dans la catégorie Composition, les prédécesseurs de Bent Sorensen sont Michael van der Aa, Esa-Pekka Salonen, York Höller, György Kurtag, Kaaja Saariaho, Pierre Boulez et György Ligeti, Wolfgang Rihm, et Hans Abrahamsen.

Avis de tempête sur la Seine musicale

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Selon France Musique, Jean-Luc Choplin s’apprêterait à quitter la direction artistique de La Seine musicale, six mois après son ouverture. Une réunion devrait, ce mercredi, entériner son départ.
Que s'est-il passé ? France Musique propose une analyse.
La Seine musicale est, dans le paysage musical, un cas rarissime de PPP (partenariat public-privé) : côté public, il y a le Conseil départemental des Hauts-de-Seine et, côté privé, plusieurs entreprises : pour la construction, le groupement Tempo  (InfraVia, Bouygues et Sodexo) et pour le fonctionnement, la société STS (filiale conjointe de TF1 et Sodexo).
Pour Patrick Devedjian, président du Conseil départemental, le PPP est le modèle idéal et il aurait permis de tenir les coûts et les délais. Le coût de construction avec les architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines s’est élevé à 170 millions d’euros, dont 120 apportés par le Conseil départemental.  Mais dans les faits, c’est une autre paire de manche…
Côté public, la direction artistique est supervisée par Laurence Equilbey à la tête de l' Insula Orchestra. Et côté privé, la programmation était confiée à Jean-Luc Choplin. Deux directeurs artistiques dans une même maison, cela veut dire réunions "diplomatiques" de haut vol pour éviter les doublons et ne pas froisser les susceptibilités. Les tensions n'ont pas tardé entre Laurence Equilbey et Jean-Luc Choplin.
Par ailleurs, Jean-Luc Choplin a eu beaucoup de mal à dialoguer avec les équipes de la STS. Quand il était au Théâtre du Châtelet, Choplin bénéficiait d’importantes subventions publiques en provenance de la ville de Paris. A la Seine musicale, STS est une entreprise privée qui veut à tirer du bénéfice de ses activités.
Mais comment gagner de l’argent en programmant de la musique classique, un genre traditionnellement subventionné ? Car Choplin devait programmer une centaine de dates dans la grande salle de 6000 places (destinée aux musiques actuelles, et qui peut légitimement être source de profits) et aussi une quarantaine dans la salle de 1000 places dédiée elle, principalement, à la musique classique. On peut évidemment se demander pourquoi le PPP ne s’est pas scindé en deux, la grande salle au privé et la petite au public.

Comment expliquer de tels flops ?
1. En plein week-end du premier tour de l’élection présidentielle, l'inauguration de la Seine musicale n'a pas bénéficié de la meilleure visibilité médiatique.
2. Pas de fichier public. Quand la Philharmonie de Paris a ouvert ses portes à la Villette, les équipes disposaient des fichiers clients des spectateurs de la Salle Pleyel et de la Cité de la Musique. A la Seine musicale, aucun listing et il fallait monter des partenariats à la hâte.
3. L’accessibilité : arrivé au terminus de la ligne 9, il faut encore une quinzaine de minutes de marche. On parle d'ouvrir une gare dans le cadre du Grand Paris express, de construire un pont, d'affréter des bateaux sur la Seine pour transporter les spectateurs... En attendant, il faut du temps pour y arriver.
4. Le PPP a un impact artistique : pour le spectateur, la programmation manque de cohérence et de clarté. Quelle est la ligne éditoriale d’une salle qui invite aussi bien Michel Sardou que Marc Minkowski ?
5. La concurrence est de plus en plus forte à l’Ouest parisien avec l’inauguration de l’U Arena de Nanterre, plus vaste enceinte fermée d’Europe, destinée à la fois aux événements sportifs et musicaux. Et les choses ne vont pas s'arranger : LVMH prépare une salle de concert au sein de l’ancien Musée des arts et traditions populaires (à côté de la Fondation Vuitton) pour accueillir à la fois des expositions de grande ampleur et des concerts de musiques symphoniques. Avec la possibilité d’ouvrir la salle sur le Jardin d’Acclimatation et d’en faire le cadre de Prom’s à la française

Deux questions aujourd'hui : les concerts programmés par Jean-Luc Choplin et son équipe vont-ils être maintenus ? Et qui pour lui succéder ? Le poste n'a pas l'air commode : avant Choplin et avant même l’inauguration, Laurent Brunner (Château Versailles Spectacles) avait déjà mis une programmation complète en place avant de tirer sa révérence.