Le joyeux anniversaire des Agremens et de Ricercar !

par

La Symphonie parisienne
Oeuvres de Grétry, Gossec, Stamitz, Kraus, Pieltain, Gresnick, Lebrun, Haydn, Beethoven, Salieri, R. Kreutzer, Gluck, J.C. Bach, Méhul, Herold, Spontini
P. Cohen (violon), F. Poly (violoncelle), J. De Winne (flûte), G. Van Waas et E. Hoeprich (clarinettes), J. Gower (basson), B. Laurent (hautbois), J-F. Madeuf (trompette), S. Karthäuser et J. Devos (sopranos), J. Borghi (mezzo-soprano), Les Agrémens, dir. Guy VAN WAAS
2015-coffret de 7 CD- 8h 30' 12''-Notice en français, anglais et allemand- Textes chantés non inclus-Ricercar RIC 357

A l'occasion des 20 ans des Agrémens, Ricercar (qui fête, lui, ses 35 ans) fait paraître cette superbe compilation de 7 CD, qui marque leur collaboration depuis 2003. Les enregistrements s'étalent de cette date jusqu'à 2014, et forment un beau panorama du répertoire des Agrémens, l'un des meilleurs ensembles baroques de Belgique. Si le thème rassembleur est la "symphonie parisienne" - comme l'indique le titre - le programme est plus vaste, et comporte des extraits d'opéras, des danses, des concertos, une cantate et une musique de scène. L'époque couverte se focalise sur la fin du XVIIIème siècle, avec une large ouverture vers le début du siècle suivant. Le premier CD est intégralement consacré à Grétry que Les Agrémens ont toujours bien défendu. Retenons surtout de jolies pages purement orchestrales et originales comme cette danse infernale de Céphale et Procris, l'ouverture des Deux Avares ou la danse égyptienne, déjà très "exotique", de La Caravane du Caire. Nous restons parmi nos belges contrées avec les deux CD suivants, dédiés pour l'essentiel à François-Joseph Gossec, peut-être un peu surreprésenté avec pas moins de sept symphonies. Nous aurons droit à trois symphonies de l'op. 8, toutes en 3 mouvements, et à trois de l'op. 12, en 4 mouvements, à la suite de ballet de Sabinus, et à une symphonie concertante assez anodine. Pour compléter ce portrait, le producteur a ajouté deux oeuvres de contemporains : le concerto pour clarinette de Johann Stamitz (le premier concerto pour clarinette jamais écrit ?) et la symphonie VB 143 de Joseph Martin Kraus, musicien toujours intéressant. Après les Belges célèbres, Guy Van Waas en présente trois autres, plutôt inconnus : Dieudonné-Pascal Pieltain, Antoine-Frédéric Gresnick et Ludwig August Lebrun. Le concerto pour hautbois de ce dernier est tout à fait charmant et enjoué, et la connivence parfaite entre Benoit Laurent et l'orchestre donne lieu à l'un des meilleurs moments du coffret. Suivent quatre symphonies de Haydn, toutes parisiennes (82, 85 et 86) sauf une (45). Les Agrémens excellent dans les mouvements de danse (82), dans le raffinement des trios de menuets (85), dans la vivacité des finales (86), et soulignent quand il le faut les audaces de "papa Haydn", comme dans le si curieux "Capriccio" de la Symphonie n° 86. De Haydn, Van Waas nous offre encore le célébrissime concerto pour trompette, par un Madeuf léger et pimpant, et une cantate peu courue, Misera noi, misera Patria, chantée par Jodie Devos avant sa candidature au Concours Reine Elisabeth : elle maîtrise les redoutables intervalles de la partition, tout comme ses vocalises conclusives. Le temps d'une Deuxième Symphonie de Beethoven dynamique et bien contrastée, et le coffret arrive à sa conclusion avec un CD extrêmement passionnant pour les amateurs de raretés lyriques. Il est par ailleurs produit par le Palazzetto Bru Zane - Centre de musique romantique française. Trois pages symphoniques de maîtres de l'opéra (Salieri, Gluck, Herold), encadrent huit scènes, joliment chantées par la mezzo Jennifer Borghi. Il faut surtout en retenir les extraits de Ipsiboé (Rodolphe Kreutzer), Phèdre (Jean-Baptiste Lemoyne), Valentine de Milan (Méhul), Lasthénie (Herold), et Olympie de Spontini, qui tous, à des degrés divers, retiennent l'attention. Cet air de Lemoyne, par exemple, annonce Berlioz par son climat haletant. Et celui de Méhul, lente lamentation, subjugue par sa majesté funèbre. La Deuxième Symphonie d'Herold dissipe ces sentiments mélancoliques pour achever le coffret dans une ambiance pleine de verve et de bonne humeur, évoquant aussi bien Schubert que Rossini : le sens du phrasé et la finesse des interprètes y font merveille !
Bruno Peeters

Son 10 - Livret 9 - Répertoire 9 - Interptétation 10

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