Le Mozart de Jean Muller: de la clarté avant toute chose

par

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Sonates pour piano N° 12, K. 332; N°3, K. 281; N° 11, K. 331, N° 17, K. 570.  Jean Muller (piano). 2018-DDD-70’44-Textes de présentation en allemand et anglais- Hänssler Classic HC 18068.

Pour son premier volume d’une intégrale à venir des Sonates de Mozart, le pianiste luxembourgeois Jean Muller offre une approche très intéressante et un peu inattendue de ces oeuvres si difficiles à bien interpréter. Ce n’est pas chez lui qu’il faudra chercher la tendresse d’une Maria João Pires (DG) ou l’imagination solaire d’un Fazil Say (Warner), car ce que recherche ici Jean Muller, c’est un Mozart avant tout clair et équilibré. Tout au long de ce récital, l’interprète impressionne par sa technique superbement maîtrisée et par une approche qu’on qualifiera volontiers de très réfléchie (certains diront cérébrale), mais qui n’a rien de clinique ni de desséché.

Dès l’Allegro introductif de la Sonate K. 332 qui ouvre le disque, on est frappé par la simplicité et l’allant du pianiste, comme par la façon très sûre qu’il a d’intégrer les ornements à la ligne mélodique. Les amateurs de mécanisme apprécieront comme il convient l’égalité parfaite des traits et des tierces impeccablement jouées. L’ Adagio est ici sobre et sans affectation aves des trilles parfaits, alors que l’Allegro assai final est marqué par une belle douceur, une sonorité claire, un jeu viril mais sans brutalité y compris dans les redoutables cascades de doubles croches dont Muller se sort de façon impresionnante.

Les mêmes remarques valent pour la Sonate K. 281, où le lyrique Andante amoroso central est rendu sans la moindre trace de préciosité. Muller sait ici être à la fois simple, sérieux et touchant.

Dans la K. 331, ceux qui se précipiteront directement sur la célébrissime Marche turque apprécieront, une fois de plus, la technique irréprochable du pianiste, toujours posé et égal, sans brutalité mais manquant quand même un peu de fantaisie. Jean Muller ouvre en revanche le long Andante grazioso qui ouvre l’oeuvre par une présentation toute de simplicité du thème initial. Il traite ensuite les variations avec clarté et lucidité mais sans le moindre sentimentalisme, et se montre capable ça et là de petites touches d’humour bienvenues. A nouveau, on appréciera l’impeccable exécution des ornements et un mécanisme impressionnant, comme dans la Variation V, où les traits coulent véritablement comme de l’huile.

Dans la Sonate K. 570 qui clôture ce disque au minutage généreux, Jean Muller fait preuve d’un beau sens du dialogue et de l’équilibre dans un premier mouvement très digne, alors qu’il n’hésite pas à ajouter de discrets ornements à l’Adagio. Malheureusement, le bref Allegretto final est parfois marqués par quelques accents inutilement brutaux.

Très bien servi par un instrument parfaitement réglé et une prise de son irréprochable, le pianiste grand-ducal nous offre ici un Mozart dont la sobriété voulue étonnera peut-être certains, mais dont l’intérêt ne se dément à aucun moment.

Son 10- Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 9

 

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