Les Concertos du Concours : le 1er Concerto de Rachmaninov

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Très rarement joué, le 1er Concerto pour piano en fa dièse mineur op. 1 de Sergueï Rachmaninov a été choisi par le Finaliste italien Alberto Ferro qui le donnera vendredi en fin de soirée.
Je n'ai pu me procurer la partition telle qu'elle sera jouée : dans sa version révisée de 1917. Je dispose de celle de 1892 mais elle est fort différente; j'ai commandé la version 1917... mais l'attends toujours...
Ce que je propose ici sera donc une présentation générale de l'oeuvre.

C'est en 1891, à l'âge d'à peine 18 ans, que Rachmaninov, dégoûté par la mentalité de l'enseignement du Conservatoire de Moscou où il poursuivait ses études, le quitta un an avant la fin du cycle prévu de cinq ans. Et il se mit à la pratique. Quelques petites pièces avaient précédé ce Concerto mais elles ne reçurent pas de numéro d'opus. Ce Premier Concerto est donc son opus 1, sa première oeuvre d'envergure.
Il le composa à Ivanovka, la propriété familiale à quelques 450 kilomètres au Sud-Est de Moscou où il aimait se retirer pour composer.

Un concerto ? Le genre était alors considéré comme "démodé". Avec Scriabine et Medtner, Rachmaninov réussit à le remettre au goût du jour et porte à son apogée le "concerto pour piano post-romantique" en composant, entre 1892 et 1934, cinq concertos parmi lesquels la Rhapsodie sur un thème de Paganini qui put être considérée comme tel.
Prokofiev leur emboîta le pas, mais il conduisit le genre dans une direction plus moderniste... Et le genre "Concerto" redevint d'actualité avec des compositeurs tels Gershwin, Bartok, Ravel, Chostakovitch, Szymanowski...

Mais revenons au 1er Concerto pour piano op. 1 de Rachmaninov.
Il est en fa dièse mineur et en 3 mouvements.
Il le composa donc à Ivanovka en 1892 et les 2e et 3e mouvements furent écrits en 2 jours 1/2 ! Dans le même temps, il composait son premier opéra, Aleko, une pièce qui dure quand même près d'une heure. Ce grandiose premier concerto est inspiré de divers compositeurs qui étaient alors appréciés en Russie : on retrouve la patte de la 1ère Sonate de Brahms, des relents de la 4e Symphonie de Sibelius et, au début en tout cas, il est proche aussi du Concerto de Grieg que son cousin Ziloti -pianiste élève de Liszt, chef d'orchestre et personnalité musicale de l'époque- était en train de travailler dans la maison d'Ivanovka.
Le talent mélodique et l'atmosphère des vastes steppes russes qui habiteront les concertos suivants se déploient déjà ici dans un large geste et les auditeurs de l'émission  "Apostrophe" de Bernard Pivot reconnaîtront sans souci le générique de l'émission, peut-être la plus forte promotion qui ait été faite pour ce concerto.
Bernadette Beyne   

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