Les Lumières de la ville à l’ONL : un régal pour les yeux et les oreilles !

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Charlie Chaplin (1889-1977) : Les Lumières de la ville
Orchestre National de Lille, Frank Strobel, direction
Nouveau succès mérité pour l’Orchestre National de Lille qui exploite les qualités de l’Auditorium du Nouveau-Siècle pour, le temps de quelques heures, le transformer en salle de cinéma. L’avant dernier ciné-concert de la saison (Schwizgebel, père et fils – 13 juin dans le cadre du Lille Pianos Festival) était consacré à Charlot et son film de 1931, Les Lumières de la ville. Sous la direction très attendue de Frank Strobel qui revenait à Lille pour quatre soirées, dont une à Béthude, l’ONL en formation réduite a parfaitement saisi et réinterpréter la musique de Chaplin. Pour rappel, en plus d’en être le réalisateur, Chaplin a entièrement composé la bande sonore du film sur des influences d’époque mais aussi du passé. Dans l’un des derniers films de l’histoire du muet, la place de la musique est prépondérante. Non seulement parce qu’elle accompagne les images mais surtout parce qu’elle apporte à la trame un outil supplémentaire pour sublimer l’image. Et grâce à sa puissance, l’auditeur oublie rapidement que le texte parlé n’existe pas encore. La musique à elle seule, et c’est en cela que réside le génie de Charlot, parvient à faire comprendre l’essentiel du scénario et même à le préciser, de l’hymne américain aux marches harmoniques en passant par les solos lyriques du violon. Et aussi surprenant que celui puisse paraître, c’est un public essentiellement composé de jeunes qui s’est déplacé. Le cinéma muet serait-il, enfin, en train de revenir et revivre ?
Sous la baguette extrêmement précise et musicale de Frank Strobel, un habitué du genre, l’ONL a saisi toutes les couleurs et dynamiques de cette musique à la fois amusante, dramatique et poétique. Tous les bruitages étaient réussis et accompagnaient avec brillance les différentes séquences. L’enchaînement entre les scènes était clair et fluide tandis que la juxtaposition de sons caractéristiques à certains mouvements scéniques était coordonnée. Il y avait de la part des artistes présents sur scène un véritable respect pour une musique moins « sérieuse ». Et c’est en cela que l’ONL a brillé : dynamiques, contrastes, couleurs, surprises, clarté et homogénéité pour un orchestre qui a clairement pris du plaisir. Ce ciné-concert fut l’un des moments forts de la saison et sans doute l’un des plus touchants.
Ayrton Desimpelaere
Lille, le 31 mai 2015

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