Les quintettes de Reicha sur instruments historiques
Antoine Reicha
(1770-1836)
Quintette à vents en sol majeur, op.88 n°3 ; Quintette à vents en si bémol majeur, op.100 n°6
Thalia Ensemble
2015 – DDD – 67' – Livret en Anglais – Linn Records CKD 471
Beaucoup de mélomanes ne se souviennent d’Antoine Reicha que pour avoir été le professeur de Berlioz. Or, celui qui a aujourd'hui son monument au cimetière du Père-Lachaise fut loin d'être le représentant du pompeux académisme français qui avait alors cours. A une époque où la musique de Mozart servait encore de modèle de bon goût, Reicha sut faire évoluer des éléments du langage classique vers un style plus moderne, menant notamment des recherches sur la modulation. Né à Prague en 1770, Reicha fit ses études en Allemagne avant de séjourner régulièrement à Paris où il s'installa définitivement en 1808. En ce début de 19e siècle, la toute jeune République Française avait créé des fanfares militaires dans tout le pays et le Conservatoire de Paris, fondé en 1795, avait pour tâche de les fournir en instrumentistes compétents. C'est donc tout naturellement qu'une école d'instruments à vent s'était formée, donnant naissance à la formation du quintette à vents : flûte, hautbois, clarinette, basson et cor. Cette formation devait rester une spécialité parisienne jusqu'à la fin du 19e siècle, avant d'être adoptée par des compositeurs de toute l'Europe. Reicha en a laissé pas moins de vingt-quatre, dont deux sont enregistrés ici. Le compositeur n'échappe pas toujours aux lieux communs stylistiques, mais sa musique reste généralement inventive et de belle facture. L'ensemble hollandais Thalia a fait le choix des instruments anciens, ce qui donne à leur interprétation une sonorité typée (on savourera les irrégularités du cor naturel !) ainsi qu'une légèreté naturelle. Comme souvent dans les interprétations « historiques », c'est l'indépendance des lignes qui est exploitée plutôt qu'une parfaite fusion des timbres. Mais si chaque musicien est à son tour soliste, les équilibres sont parfaitement réglés et les mélodies ressortent sans effort. Leur verve défend donc joyeusement cette musique sans prétention qu'on écoute avec plaisir.
Quentin Mourier
Son 9 - Livret 10 - Répertoire 9 - Interprétation 8