Béla Bartók d’orchestre à Cleveland 

par

Béla Bartók (1881-1945) : Quatuor à cordes n°3 en do dièse mineur, Sz. 85, BB 93  (arrangement pour orchestre à cordes de  Stanley Konopka) ; Suite du Mandarin Merveilleux, SZ 73 BB 83. The Cleveland Orchestra, Franz Welser-Möst. 2024. 34’17’’. Livret digital en anglais. 1 titre exclusivement digital du Cleveland Orchestra TC

Dans la longue et prestigieuse discographie, le légendaire Cleveland Orchestra n’avait pas encore enregistré la Suite de Mandarin Merveilleux de Béla Bartók  alors que les oeuvres du Hongrois sont l’ADN de son répertoire avec les gravures du Concerto pour orchestre avec George Szell (Sony) et Christoph von Dohnányi (Decca). Du côté de son directeur musical Franz Welser-Möst, ce dernier avait déjà gravé une lecture assez oubliable de l’intégrale du ballet lors de ses années controversées avec le London Philharmonic Orchestra (EMI). Le chef autrichien impose ici une lecture creusée et plutôt lente qui base sa narration sur les dynamiques et la qualité vertigineuse des pupitres de son orchestre. Le chef peut jouer de l’orchestre sans limites soignant les moindres nuances ou créant des déflagrations dans les tuttis. On peut préférer des lectures plus orchestralement radicales comme celles de Sir Georg Solti (Decca), mais on tient ici un modèle interprétatif avec un orchestre phénoménal. 

Il y a une curieuse mode actuelle qui multiplie les arrangements de quatuor ou de quinette pour des orchestres… Dans le cas présent  Stanley Konopka, l’un des altistes chefs de pupitres du Cleveland Orchestra qui a arrangé le Quatuor n°3 pour orchestre à cordes. Le communiqué de presse nous apprend qu’il mûrissait ce projet depuis près de 20 ans avant d’être encouragé par Franz Welser-Möst. Il faut un petit temps pour s'habituer à la masse des cordes au lieu des quatre instruments classiques, mais cette version rend justice à ‘inventivité harmonique et rythmique de Béla Bartók. Mais le plus fascinant est la qualité magistrale des cordes dont la plasticité et l’homogénéité sont vertigineuses.  Franz Welser-Möst dirige avec attention, respectant l’esprit chambriste et les mouvements de dialogues entre les pupitres, c’est une leçon d’orchestre. 

Dès lors, un titre exclusivement digital qui nous rappelle le niveau technique stratosphérique de cet immense orchestre, dirigé avec soin par Franz Welser-Möst.  

Son : 10 – Livret : 9 – Répertoire : 9 / 10 – Interprétation : 9

Pierre-Jean Tribot

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