Les Variations Goldberg à l’Arsenal de Metz avec Benjamin Alard

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Le 27 mai dernier, le claveciniste Benjamin Alard interpréta les Variations Goldberg de Bach à l’Arsenal de Metz. Ce monument de la littérature pour clavier montre comme les Suites pour violoncelle,  le génie que Bach pouvait atteindre.

Commençant par une aria très moderne durant laquelle les mains de l’interprète cherchent à communiquer, avant de s’harmoniser avec la première variation et de finir par celle-ci riches de leurs dialogues, les Variations Goldberg sont un chef d’œuvre d’architecture, d’harmonie et de tout ce qui définit la musique. Les mains de Benjamin Alard, collaboraient dans cette magnifique arche, où les voix se trament harmonieusement, jusqu’à se retrouver dans l’aria initiale, riche de l’apport des 32 variations traversées. La riche palette de textures, d’émotions et d’atmosphère dans lesquelles sont amenés les auditeurs, passant de la joie à un sentiment quasi de piété et de religiosité, ne se racontent pas, elle se vit. C’est ce voyage intérieur que le claveciniste offrit avec une sorte de modestie, - modeste comme le clavecin sur la scène, l’homme dans le monde et l’humanité devant dieu sans doute -, lui permettant de découvrir des zones inconnues de son intériorité, plus grande qu’il ne se croyait lui-même. 

Derrière la virtuosité discrète de sa technique, disparaissant dans l’interprétation, le voyage de ces Variations Goldberg avançait tout un monde, une cathédrale, si ce mot avait un sens pour un protestant, aussi riche que le monde. Comme souvent dans un voyage, tout n’est pas parfait, certains moments sont un peu trop rapides, d’autres un peu trop lent, comme la nature humaine elle-même n’est pas plane, prédictible et sans cahos, mais le voyage en vaut la peine. Ce concert de mardi 27 mai, dans le silence et le calme de l’Arsenal où la musique respirait, l’audience ne pouvait s’empêcher de songer que si les différentes parties du monde s’entendaient comme les deux mains de Benjamin Alard dans ses Variations Goldberg, elles pourraient comme elles réaliser des merveilles. Ça ne serait pas si mal si la terre pouvait être harmonieuse… Merci Monsieur Benjamin Alard. Merci Monsieur Bach.

Metz, Arsenal, 27 mai 2025

Crédits photographiques :  Bernard Martinez

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