L'Espagne à l'honneur

par

Pilar LORENGAR (soprano)
Oeuvres de Bellini, Puccini, Haendel, Granados, Scarlatti, Mozart, Verdi, Rodrigo, Nin, Leoz, Guridi, Toldra, Milarte, Daza, Bermudo, Narvaez, Vasquez, Mudarra, Milan, Pisador, Valderrabano et anonymes
Orchestre symphonique de la radio de Berlin, dir.: Arthur ROTHER, Ferdinand LIVA et Fried WALTER, Hertha KLUST (piano), Siegfried BEHREND (guitare)
1959-1962-ADD-63'44, 56'25 et 57'08-Textes de présentation en anglais et allemand-Audite 21.420 (3 cd)Née à Saragosse en 1928 et décédée en 1996, Pilar Lorengar paraît avoir été destinée au chant dès l'enfance. Appelée en effet « le criquet » dans son entourage du fait qu'elle chantait à longueur de journée au point d'être obligée de fermer portes et fenêtres pour éviter de déranger les voisins, elle se mit très vite à travailler, en particulier à la radio et dans les cafés, pour pouvoir payer ses études. Cette précocité lui donna l'occasion de s'essayer à tous les genres. Parmi ceux,-ci, elle se fit tout particulièrement remarquer dans ses interprétations de la zarzuela. Ses débuts officiels sur scène, en 1952, furent d'ailleurs dédiés à cet art emblématique de la musique ibérique et les contrats d'enregistrement se succédèrent rapidement qui lui permirent de graver un total de trente de ces oeuvres. Après plusieurs engagements tant à Aix-en-Provence qu'à New York ou à Londres, elle se fixa ensuite à Berlin à la fin des années 50 où Carl Ebert en fit sa prima donna malgré sa connaissance plus qu'approximative de l'allemand. C'est de cette époque que datent la plupart des prises rassemblées dans ce coffret très représentatif de l'art et de l'éclectisme de cette soprano chez qui la pureté de la ligne primait sur le reste. Les phrasés sont toujours parfaits, très nobles, d'une élégance aristocratique, d'un fini impeccable et ce, quel que soit le répertoire abordé. Au passif, une voix à la palette de couleurs un peu limitée, ce qui engendre une certaine monotonie et une impression de relative froideur. Ces caractéristiques perdureront tout au long de sa carrière, relativement discrète, mais prestigieuse tout de même. Les extraits d'opéras qui constituent l'intégralité du premier disque sont dirigés par le vétéran Arthur Rother. Très germanique, sa battue se fait également parfois excessivement lente, à l'exemple de ce Casta Diva au tempo très inhabituellement étiré. Le second cd est beaucoup plus intéressant, ne serait-ce que par le répertoire, splendide et rare : les quatre Madrigales amatorias de Joaquin Rodrigo, deux chants populaires espagnols de Joaquin Nin, des extraits des Canciones Castellanas du compositeur basque Jesus Guridi et, également, des mélodies de Granados et de Toldra. A l'exception du Rodrigo, c'est Hertha Klust, bien connue pour avoir été pendant de longues années l'accompagnatrice de Dietrich Fischer-Dieskau et par ailleurs important mentor de la cantatrice, qui lui donne la réplique. On la sent très à l'aise dans ces accents où elle se meut avec un naturel absolu. Dans le troisième disque, elle est rejointe par Siegfried Behrend, guitariste talentueux et célèbre à l'époque, pour différentes prises captées entre 1959 et 1962. Le tout forme un récital à la fois varié et tout en finesse. On appréciera en particulier les quatre lieder de Mozart, auxquels la guitare apporte un éclairage particulier et séduisant. Mais ce sont les onze mélodies espagnoles du 16ème siècle ainsi que les neuf romances rassemblées par Federico Garcia Lorca et arrangées par Behrend qui achèvent ce portrait qui nous montrent la cantatrice dans son élément et sous son meilleur jour: elle y est irrésistible. En bref, un programme dont l'intérêt va crescendo et nous fait connaître une personnalité très attachante et musicienne jusqu'au bout des doigts.
Bernard Postiau

Son 8 - Livret 8 - Répertoire 10 - Interprétation 9

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