Rejoyce !

par

The Best of JOYCE DiDONATO, mezzo soprano
Compositeurs et partenaires divers.
2013-DDD- CD1 77'-CD 77'15- présentation en anglais, français, allemand- pas de textes-Chanté en italien, anglais, allemand et français- ERATO 5099993412124
Pour réaliser cette «première dans l'industrie du disque» comme l'annonce le livret, la mezzo-soprano et son éditeur ont fait appel aux admirateurs de cette belle artiste pour réaliser un compendium de ses meilleures prestations discographiques au cours des 10 dernières années. Ils ont donc proposé le jeu de mot qui sert de titre, les photos -plus de 19 photos «perso»!- leurs interprétations favorites. Jeu de mot certes un peu facile mais il est vrai que la joie vient à l'écoute de ces deux disques, l'un allant de Monteverdi à Mozart, l'autre de Gluck à Harold Arlen et Jake Heggie soit de 1643 à l'an 2000. Une impression d'ensemble très forte se dégage de ce récital agréablement varié: d'évidence, Joyce Di Donato est une travailleuse acharnée, une fine musicienne doublée de ce qu'en terme de métier on appelle une «bête de scène». Elle se lance dans chaque air avec une énergie hors du commun, conviction, violence même parfois, sans pour autant oublier la poésie. Si l'expression s'avère bouleversante en italien, elle reste conquérante en anglais ou encore en français même un peu moins «possédé». A un narcissisme assumé répondent des airs tous présentés au plus haut niveau, radieusement timbrés, riches de couleurs, équilibrés dans les choix de tessitures, clairs (souvent plus soprano corsé que mezzo) légers, virtuoses et toujours en situation. Maîtresse femme, notre Joyce nous fait admirer sa fermeté dans les personnages révoltés, véhéments, violents (Rodelinda, Ariodante, Hercules), toutes pages de Haendel qui conviennent à son caractère engagé. Mais les extraits moins passionnés lui vont tout autant (Nozze, Stabat , Rosine ou Donna del lago de Rossini). Ses partenaires, orchestre, chefs et chanteurs rivalisent d'excellence. La qualité de l'enregistrement, enfin, participe de la réussite. Inutile d'ajouter qu'en sorte de bis, elle met à ses pieds le public anglo-saxon avec un Over the Rainbow sucré comme une pâtisserie de Wald Disney. Cet album -né d'une collaboration avec son public- offre la preuve éclatante que l'exigence belcantiste de «plaire» qui a gouverné l'histoire de la musique jusqu'au milieu du XXe siècle est gage encore aujourd'hui de qualité et... de jubilation.

Bénédicte Palaux Simonnet
Son 10 - Livret 4 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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