L'esprit slave avec le jeune chef Dmitry Matvienko

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L’Orchestre Philharmonique de Monte Carlo accueille le jeune chef Dmitry Matvienko, lauréat de l’édition 2021 du Concours Malko, compétition émérite danoise réservée aux chefs d’orchestres en devenir. Il se présente au pupitre de l’OPMC pour un programme qui allie un grand concerto classique du répertoire avec deux raretés russes. 

En compagnie du violoncelliste Mario Brunello, il se lance dans le célèbre Concerto pour violoncelle de Dvořák. Mais le soliste n'y fait pas l'unanimité. Il a les qualités de ses défauts et les défauts de ses qualités : il commence le concerto par une série de fausses notes, ce qui est assez déconcertant. On sait Brunello soucieux de sortir la musique classique de son carcan mais à vouloir sur-interpréter,  il sacrifie la justesse et met sa vision en avant, avec un vibrato souvent exagéré. De son côté l’orchestre peine à s’élever et l’accompagnement s’avère lourd.  C’est une prestation plutôt décevante que vient sauver un “bis” inattendu et émouvant : une transcription pour violoncelle de la  mélodie ancienne arménienne “Havun, Havun”. Le son qu’il produit, profond et plaintif, doux et velouté, légèrement nasillard, est particulièrement adapté à l’expression de la souffrance, de la tristesse et du recueillement. L'interprétation de Brunello au violoncelle est envoûtante et les sonorités sont profondes, enveloppantes et mystérieuses. Ce “encore”  nous réconcilie après la prestation dans le  concerto et il confirme que Brunello, artiste clivant qui génère autant de détracteurs que d'admirateurs, est excellent dans ce qui sort des frontières du classique.   

Dans la partie purement symphonique, Dmitry Matvienko dirige le formidable mais bref Lac enchanté de Liadov dont il rend toutes les couleurs et les lumières instrumentales. Dans la puissante et épique  Symphonie n°2 de Borodine, le jeune chef dirige avec les tons brillants de tous les cuivres, les tons doux de tous les bois et les tons soyeux des pupitres de cordes. Les tempi sont justes et tout est phrasé avec une dynamique tout à fait efficace. Dmitry Matvienko s’affirme comme un jeune artiste à suivre qui présente un potentiel digne de ses grands prédécesseurs : Evgueni Svetlanov et Gennady Rozhdestvensky. 

 Monte-Carlo, Auditorium Rainier III, 17 octobre 2021

Carlo Schreiber

Crédits photographiques : Daniil Rabovsky

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