Liszt, Bach, Stravinsky : trois concertos pour deux pianos plutôt mitigés

par

Franz Liszt (1811-1886)
Concerto pathétique pour deux pianos et orchestre. Transcription et nouvelle cadence par Stefan Heucke
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Concerto pour deux pianos en do Majeur, BWV 1061
Igor Stravinsky (1882-1971)
Concerto per due pianoforte soli

GrauSchumacher Piano Duo, Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, dir.: Martyn Brabbins
2013 – DDA – 61'52'' – Livret de présentation en allemand, français et anglais – NEOS Music Gmbh – NEOS 21302
Programme alléchant pour ce disque consacré aux doubles concertos de trois géants. Le résultat est décevant mais le double concerto de Stravinsky sauve l'intérêt de ce disque. Le Concerto pathétique de Franz Liszt fut d'abord intitulé « Grand solo de concert » lorsqu'il fut écrit pour le concours du Conservatoire de Paris en 1850. Il sera augmenté d'une participation orchestrale et connaîtra sa version définitive pour deux pianos en 1856. Joachim Raff et Hans von Bülow, élèves de Liszt tenteront d'en faire une version pour un seul piano comme Liszt lui-même l'avait planifié et esquissé. Les pianistes Andreas Grau et Götz Schumacher proposent le premier enregistrement de la transcription de Stefan Heucke. Celui-ci a conservé les parties de piano mais propose une orchestration moderne, aux sonorités anachroniques assumées sans parler de la cadence qui éclate complètement le langage tonal pour oser des dissonances et autres effets contemporains. Il faut tout de même avouer que ce concerto pathétique ne contient pas les pages les plus géniales de Liszt. La pièce est virtuose mais on sombre du pathétique au pathos, avec une substance thématique peu inspirée et systématique. Les inventions de Heucke font naître une oeuvre étrange semblant naviguer entre les styles et les époques sans réellement trouver son évidence. L'enchaînement avec le double concerto de Bach en do majeur ne fonctionne que très moyennement. L'interprétation souffre d'une sonorité trop ample et une réverbération excessive. On ne sait pas vraiment si on doit l'attribuer à l'ingénieur du son ou à trop de pédalisation. L'oeuvre n'est pas suffisamment dessinée et architecturée.
Le concerto de Stravinsky retient plus notre attention. La densité orchestrale des deux pianos est remarquée. On peut souligner le bon équilibre entre les deux pianistes. La pièce est globalement maîtrisée et convaincante même si la rythmique jazzy pourrait être plus assumée.
Michel Lambert

Son 8 – Livret 8 – Répertoire 7,5 – Interprétation 7

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