Liszt en Italie avec Maciej Pikulski 

par

Franz LISZT ( 1811 - 1886) : Tarentella-Venezia e Napoli S.162 ; Miserere du Trovatore (Verdi) : Paraphrase de concert S.433 ; I Lombardi (Verdi) : Salve Maria de Jerusalem, S.431 ; Rigoletto (Verdi) : Paraphrase de Concert, S.434 ; Sonetto 47   del Petrarca - Années de Pélérinage II, Italie S.161 ; Sonetto 104 del Petrarca - Années de Pélérinage II, Italie S.161 ; Sonetto 123 del Petrarca - Années de Pélérinage II, Italie S.161 ; Après une lecture du Dante: Fantasia Quasi Sonata. Années de Pélérinage II, Italie S.161. Maciej Pikulski, piano. 2018 - Livret en anglais et en français  - 74'. Orpheus   OR 7181-0246

Le pianiste Maciej Pikulski nous invite à voyager en Italie en compagnie de Franz Liszt. Liszt était un amoureux de l'Italie où il a séjourné à plusieurs reprises. Les oeuvres de cet album sont celles d'un Liszt  encore jeune, amoureux et romantique. Hormis la monumentale et très sombre Après une lecture du Dante qui termine le disque, toutes les oeuvres évoquent le rêve. 

Le disque débute avec la tarentelle extraite du cycle "Venezia e Napoli" rattaché au 2e cahier des Années de Pèlerinage. Pikulski illustre à merveille et avec espièglerie la danse qui avait, selon les croyances de l'époque, des vertus thérapeutiques. Les morceaux suivants sont des paraphrases d'opéras célèbres de son contemporain Giuseppe Verdi : le “Miserere" extrait du Trovatore, "Salve Maria de Jerusalem" tiré  de l'opéra I Lombardi et la célèbre paraphrase de Rigoletto. L’interprétation est brillante, lyrique et virtuose et on sent qu’un charisme presque vocal traverse le clavier. C'est comme si Pikulski, qui a la stature d'un baryton, se levait du piano pour nous chanter ces arias

Les poètes italiens Francesco Petrarca et Dante Alighieri sont considérés comme des pères de la Renaissance. C'est en 1327, lors d'une messe, que Pétrarque aperçoit Laure de Noves. Il en tombe aussitôt éperdument amoureux : une passion selon règles de l’amour courtois, sans retour de la belle Laure, déjà mariée. Pétrarque a continué à chanter Laure jusqu'à la fin de sa vie. Tout le "Canzoniere", recueil de 366 poèmes en toscan, lui est consacré. Trois poèmes inspireront Franz Liszt. Il les transcrit pour piano seul. Maciej Pikulski fait chanter son piano avec poésie, lyrisme et passion. Après une lecture du Dante est une des oeuvres-phares de Liszt.  Il y a de nombreux enregistrements de ce "monument". Au siècle passé, les pianistes avaient la tendance de jouer cette oeuvre avec beaucoup de force. György Cziffra, Claudio Arrau et Jorge Bolet en sont les meilleurs exemples. De nos jours, ils sont interprétés avec plus de nuances.

La vision de Maciej Pikulski est très séduisante et très convaincante. Elle mérite de se trouver à côté des enregistrements de référence tels ceux de Mikhail Pletnev, de Vitaly Pisarenko et même celui d'Ivo Pogorelić aux tempi extrêmement lents.
Tout au long de l'album, Maciej Pikulski se singularise des pianistes qui veulent impressionner en jouant très fort et très vite, défaut rédhibitoire dans ces oeuvres exigeantes. Il respecte le piano, il chante, il respire, sans sacrifier la virtuosité. 

Son : 9   Livret : 10  Répertoire : 9   Interprétation : 10

Carlo Schreiber

 

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