L'Opéra de Monte-Carlo commence sa saison avec la Messa da Requiem de Verdi

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L'Opéra de Monte-Carlo ouvre sa saison 2023-2024 avec le Requiem de Verdi donné au Grimaldi Forum. Ce concert de prestige devait être dirigé par Daniel Barenboïm, mais le légendaire musicien a dû hélas annuler sa venue du fait de ses problèmes de santé. C'est Kazuki Yamada, directeur musical et artistique de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo qui a accepté, grâce à un revirement de dernière minute dans son emploi du temps, de reprendre le flambeau de ce concert très attendu. 

Le Requiem de Verdi peut être vu comme une sorte d'opéra religieux donnant une vision romantique de la mort, plus que comme une messe pour le repos de l'âme. Le scénario diabolique où l'homme a beaucoup de raisons d'être jugé et la destruction de cette merveilleuse planète. Ce requiem romantique et lyrique est impressionnant avec les sublimes voix bien harmonisées de l'excellent chœur de l'Opéra de Monte-Carlo. Le chœur est magnifiquement préparé par  Stefano Visconti. Les quatre brillants solistes chantent de manière superlative. La soprano lettone Marina Rebeka a une voix puissante et lumineuse. La mezzo-soprano biélorusse Ekaterina Semenchuk  est réputée pour les rôles verdiens et possède un timbre de voix intense et chaleureux. Le baryténor Michael Spyres donne une performance extraordinaire. Sa voix est pleine d'émotion pure avec une technique et une sensibilité prodigieuse. La basse Ildar Abdrazakov, souffrant, a cédé sa place au baryton-basse uruguayen Erwin Schrott qui séduit par sa  voix étincelante. 

Kazuki Yamada est un chef d’orchestre expérimenté qui donne l'impression d'être maître à bord de cette immense architecture musicale. Mais il n'a pas l'envergure d'un Barenboïm ou d'un Pappano pour porter vers l’absolu ce chef d’oeuvre et le couleur dans un geste musical inoubliable. L'orchestre, qu'il dirige à un tempo variable, semble réunir l'éclat, l'émotion et la puissance, pour retranscrire l'esprit de Verdi, mais il manque une dimension. 

L'orchestre souffre de ne pas avoir de cloison acoustique. Néanmoins les sonorités de tous les instruments sont bien unies et parfaitement assorties. L'effet sonore et visuel des trompettes furieuses du ciel qui sonnent depuis le balcon créent l’effet attendu. Porté par les forces chorales et le quatuor de chanteurs,  la performance est, malgré le déficit de direction, plutôt grandiose tant ce Requiem est spectaculaire par sa dramaturgie qui touche le public.  Ainsi, ce dernier tient près d'une minute de silence avant d'applaudir.

Carlo Screiber

Monte-Carlo, Grimaldi Forum, 2 novembre 2023

Crédits photographiques : Marco Borelli

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