Lost in Venice with Prometheus

par

Jean-Sébastien Bach (1685-1750), Ludwig van Beethoven (1770-1827), Franz Liszt (1811-1886), Richard Wagner (1813-1883), Heinz Holliger (1939), Luigi Nono (1924-1990)
Jan Michiels (piano)
2013 - (Disque 1 - 62'15'') (Disque 2 - 67'45'') (Disque 3 - 71'24'') - Notice en anglais, français et néerlandais - Fuga Libera 761

CD 1 Liszt : Die Wiege. Andante - Wagner/Kocsis : Vorspiel (from Tristan und Isolde) - Liszt : R.W. - Venezia - Beethoven : Die Geschöpfe des Prometheus, op. 43 (Overtura, Introduzione, Atto Primo) - Liszt : Der Kampf um's Dasein. Agitato rapido - Beethoven : Die Geschöpfe des Prometheus, op. 43 (Atto Secondo)
CD 2 Nono : ….sofferte onde serene… - Beethoven : Die Geschöpfe des Prometheus, op. 43 (Atto Secondo) - Liszt : Zum Grabe : die Wiege des zukünftiges Lebens. Moderato quasi andante - Liszt : Am Grabe Richard Wagners - Wagner/Liszt : Isoldens Liebestod - Wagner/Liszt : Feierlicher Marsch
CD 3 Liszt : La Lugubre Gondola I - Liszt : Unstern ! Sinistre, disastro - Bach : Sinfonia n° 9 et 15 - Liszt : Csardas - Holliger : Partita - Liszt : Csardas obstiné - Bach : Prélude et Fugue n° 23 et 11 - Liszt : Nuages gris - Liszt : La Lugubre Gondola II

C'est un coffret labyrinthique que nous offre le pianiste belge Jan Michiels. On est habitué avec ce pianiste à aborder toutes sortes de répertoire mais avec ce coffret innovant tant dans le choix du programme que dans le contenu du livret, on entre de plein pied dans un monde onirique bercé par Bach, Beethoven, Liszt, Wagner, Holliger et de Nono. Avant toute chose, il convient de bien lire le livret qui explique ce voyage musical et philosophique. Perdu dans Venise avec Prométhée, c’est l'argument central pour réunir des oeuvres qu'on n'aurait peut-être jamais vues côte à côte dans un disque. Un concept actuel. Saluons donc cette initiative qui nous permet d'entendre des oeuvres rarement enregistrées ou jouées en concert. Le premier CD offre la magnifique transcription par Zoltan Kocsis du Prélude de Tristan et Isolde de Wagner, joué admirablement bien par Michiels. Quelle tension ! Quelle poésie ! Soulignons au passage la très bonne qualité d'enregistrement qui ne trahit pas le jeu du pianiste et lui donne la chance d'aller loin dans les couleurs et nuances. Nous découvrons au passage la belle version pour piano de son unique ballet : Les Créatures de Prométhée (oeuvre qui tomba rapidement dans l'oubli après le succès de sa création). Le jeu de Michiels est clair, l'attaque est incisive et énergique et il montre à quel point le piano peut se faire concurrent de l'orchestre. L'oeuvre semble techniquement ardue mais Michiels a dépassé ces difficultés et nous donne une version de référence. Le deuxième CD s’ouvre sur une oeuvre du compositeur italien mort il y a un peu plus de vingt ans, Luigi Nono : ….sofferte onde serene… Oeuvre impressionnante pour les effets qu'elle offre à l'instrument. On peine à croire qu'il n'y a qu'un piano et qu'il n'y a pas eu de retouches tant les sons étonnent par leur originalité. Ambiance sombre et angoissante parfaitement rendue par Jan Michiels. Encore une réussite pour la suite du ballet de Beethoven et une plus grande réussite pour la transcription de Liszt de Tristan et Isolde de Wagner, très lyrique et emportée. Il n’est pas aisé de rendre au piano les oeuvres de Wagner et pourtant, ici, on pourrait croire que ce fut écrit pour l’instrment. Dans le troisième CD, deux des plus mélancoliques Sinfonias de Bach ajoutent à l'atmosphère grisâtre et sombre de ce coffret. Le compositeur contemporain Holliger est à l'honneur avec sa grand Partita composée en 1999. Oeuvre complexe mais riche d'inventions et bien jouée par Michiels. La Fugue est particulièrement réussie ainsi que le Petit "Csardas obstiné", hommage évident à Liszt qui composa plusieurs Csardas (danses hongroises) ; les Csardas contenues dans ce disque sont jouées comme elles doivent l'être : dansantes, grimaçantes et insistantes. Retour à Bach avec deux Préludes et Fugues du Clavier bien tempéré joués en faisant jouer les résonances du piano (notamment le n° 11 en fa majeur) ce qui donne une version très originale et intéressante. Ce voyage dans les brumes vénitiennes se conclut avec la Lugubre Gondole II de Liszt qui nous rappelle à  quel point Liszt fut innovant dans ces dernières années et sentait venir la musique du vingtième siècle. Un coffret à se procurer pour découvrir ces oeuvres et le talent de Jan Michiels.

François Mardirossian 

Son 10 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 10 

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