Mais encore : cordes et pianos
Dans le flot incessant des parutions, voilà quelques galettes qui ne déméritent pas.
Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Fantaisie chorale, Op.80 ; Triple Concerto, Op.56. Bertrand Chamayou et David Kadouch, piano ; Alexandra Conunova, violon ; Natalie Clein, violoncelle ; Sandrine Piau, soprano ; Anaïk de Barbeyrac, ténor ; Florian Sempey, baryton. Accentus. Insula Orchestra, Laurence Equilbey. Warner. 0190295505738
Laurence Equilbey poursuit ses explorations beethovéniennes. Après un volume de concertos pour piano avec Nicholas Angelich, elle s’attaque à deux autres oeuvres concertantes dont la Fantaisie chorale qui reste une oeuvre encore mal-aimée. Si Bertrand Chamayou est excellent de justesse de ton, l’accompagnement orchestral est certes décidé et fonce droit devant lui, mais sans trop d’inspiration ni de respiration. Les chanteurs sont, quant à eux, excellents ! Sur instruments d’époques, Robert Levin et Sir John Eliot Gardiner restent la référence. Le Triple concerto semble désormais devenu assez rare au disque et au concert ; pourtant, il s’agit incontestablement d’un chef d’oeuvre majeur de l’art de Beethoven. Laurence Equilbey a choisi un trio composé de jeunes artistes déjà confirmés : David Kadouch, Alexandra Conunova et Natalie Clein. Les trois solistes trouvent le ton juste, leur entente est parfaite et ils rivalisent aisément avec des musiciens plus réputés, mais on regrette encore une précipitation de la direction qui brutalise un peu trop le discours.
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : quatuor avec piano Nr.1 en sol mineur K.478 ; Gustav Mahler (1860-1911) : Quatuor avec piano en la mineur ; Johannes Brahms (1833-1897) : Quatuor avec piano Nr.1 en sol majeur Op.25. Skride Piano Quartet. C 946 191
Le public belge se souvient de Baiba Skride, lauréate du Reine Elisabeth 2001. Désormais soliste recherchée des grands orchestres, elle est également une chambriste accomplie. Avec sa soeur Lauma Skride, pianiste et accompagnatrice de renom, elle anime le Skride Piano Quartet avec deux autres excellentes musiciennes : l’altiste Lise Berthaud et la violoncelliste Harriet Krijgh. Le présent programme est une belle carte de visite pour cet ensemble de musique de chambre transfrontalier qui évolue avec compétence et style entre ces musiques. Certes, individuellement, on relève des interprétations encore plus convaincantes de ces oeuvres, mais on salue la musicalité de ce quatuor.
Guillaume Lekeu (1870-1894) : Sonate pour violon et piano en sol ; Trio pour piano, violon et violoncelle. Bruno Monteiro, violon ; Miguel Rocha, violoncelle et Joao Paulo Santos, piano. Brilliant 95739.
La musique de Guillaume Lekeu peine à s’imposer au répertoire, y compris à celui des artistes de l’espace francophone. Dans ce contexte, on salue la courageuse initiative de cette équipe portugaise menée par le violoniste Bruno Monteiro, un musicien formé entre son pays natal et les Etats-Unis. On aime sa belle sensibilité dans la Sonate pour violon et piano, oeuvre définitivement marquée par l’interprétation de Philippe Hirschhorn et Jean-Claude Vanden Eyden (Ricercar). Le Trio pour piano, violon et violoncelle est un complément judicieux, d’autant plus qu’il est cerné ici avec toute la musicalité requise. On se réjouit de voir des artistes portugais contribuer à la notoriété internationale de ce compositeur belge.
Oeuvres de Ludwig van Beethoven, Franz Schubert, Fazil Say, Béla Bartók, Joseph Haydn, Fuyuhiko Sasaki. Can Çakmur, piano. Bis 2430.
Lauréat de Hamamatsu International Piano Competition de 2018, le pianiste turc Can Çakmur signe un album “carte de visite” pour Bis. Cette galette remplit son rôle : permettre au jeune virtuose de se confronter à des styles différents et présenter le meilleur de son talent. On respecte la saine musicalité de son Schubert, le sens des couleurs de son Haydn et sa technicité dans Bartók et Say. Cette addition de compétences a naturellement séduit le jury de ce concours. Un bel album d’un artiste à suivre.
Pierre-Jean Tribot