Mais qui a peur d’Arnold Schoenberg ?
Jérémie BIgorie, Mais qui a peur d’Arnold Schoenberg ?, Editions des Lumières, ISBN 978-2-487102-17-02, 17,90 euros
A l'occasion des 150 ans de la naissance 150 ans d’Arnold Schoenberg, Jérémie Bigorie fait paraître un ouvrage au titre interpellant : Mais qui a peur d’Arnold Schoenberg ? En effet, bien que le compositeur soit né à une époque où la voiture n’était qu’à ses premiers balbutiements où l’avion n’avait pas encore été inventé, le compositeur reste une sorte épouvantail du moderne enragé qui fait mal aux oreilles. L’auteur de ces lignes se rappelle la tête médusée d’un programmateur de concerts ayant appris qu’un trio qu’il aimait inviter chaque saison dans sa série d'abonnement avait mis au programme le Trio de Schoenberg. Mais comment démythifier cette crainte et montrer toutes les facettes de l’art du musicien, qui est un pilier de l’art musical au XXe siècle ?
A cette équation complexe, Jérémie Bigorie répond par un dictionnaire en 72 entrées. L’idée est brillante et elle permet d’aborder tant l’homme que son œuvre et l’artiste dans son temps ! 72 entrées c’est peut paraître peu par rapport à l’importance du compositeur mais elles permettent de composer le portrait de ce compositeur mal aimé dès son époque qui fuit le nazisme pour s’implanter aux USA et résider à quelques miles de l’autre grand compositeur du XXe siècle : Igor Stravinsky. Mais les deux hommes ne s'apprécient pas du tout ! Au fil des pages, on se replonge dans les grandes axes de cette œuvre unique et fondatrice du poème symphonique au Pierrot lunaire en passant par le Poème symphonique ou l'œuvre pour piano. L’ouvrage pose également de bonnes questions par rapport à l’oeuvre sans verser dans l'idolatrie, ainsi l’entrée fuir nous rappelle justement que son Quintette à vent est “aussi pénible à jouer pour les instrumentistes qu’à écouter pour l’auditeur” et note avec humour que la musique de la comédie musicale Les Misérables à l’oeuvre de Claude-Michel Schoenberg, issu d’une famille d’ascendance hongroise vaguement apparentée à celle du père de l’atonalité.
Au terme de la lecture, on ressort enthousiasmé de cet ouvrage, qui sera sans doute l’un des bien seuls publiés dans le cadre de l’année Schoenberg. Ce livre est une belle porte sur l’univers du compositeur tant pour se familiariser avec son art que pour réviser des caractéristiques de cet homme dans son temps. Plus qu'avec une biographie intimidante, le musicien apparaît ici humain, dans ses choix de vie, son intrasigeance et ses contradictions. Une lecture à recommander !
Pierre-Jean Tribot