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« Ravel et l’Espagne » par Les Siècles : des couleurs et du théâtre

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Ce concert risque malheureusement de rester dans les mémoires davantage comme étant le premier que François-Xavier Roth aura été contraint de renoncer à diriger, par suite de l’article « Un chef d'orchestre qui mène son monde à la braguette » paru le matin même dans Le Canard Enchaîné, que pour son contenu musical propre, pourtant réel.

Qui n’aurait pas su tout cela ne l’aurait sans doute pas soupçonné lors de ce concert. Les Siècles ont été fondés en 2003. Les musiciens, inévitablement bouleversés (ne serait-ce que parce que cela fragilise grandement leur avenir professionnel), étaient souriants, particulièrement avenants vis-à-vis d’Adrien Perruchon (qui malgré une brillante carrière ne fait pourtant pas toujours l’unanimité auprès des instrumentistes qu’il dirige). Sans doute lui étaient-ils reconnaissants d’avoir pu assurer ainsi, au pied levé, la direction de ce concert, sans en changer le programme, et surtout en donnant une impression d’aisance remarquable étant donné le contexte. Et, en effet, il faut saluer cette performance.

Ravel et L'Espagne, donc. L’idée est on ne peut plus pertinente, quand on sait à quel point ce pays a influencé le compositeur. À vrai dire, il faudrait plutôt parler de l’idée qu’il s’en faisait, à travers, notamment, les très nombreux musiciens espagnols qui venaient en France à cette époque. Car Ravel n’est allé en Espagne qu’à l’approche de la cinquantaine, bien après avoir écrit presque toutes les œuvres de ce concert (à l’exception du Bolero). 

La première partie, purement instrumentale, commençait par Alborada del Gracioso. Les cordes, très présentes, donnent une sonorité un peu massive à la pièce. Malgré la plus extrême liberté laissé au basson dans ses solos, cette « Aubade du bouffon » a un peu de mal à décoller.

Le Chant de la terre par François-Xavier Roth et Les siècles

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« Comment arrivera-t-on à diriger cela ? En avez-vous la moindre idée ? Moi pas ! »

François-Xavier Roth est parvenu, sans nul doute, à diriger l’œuvre « Le Chant de la Terre » de Gustav Mahler. Ce dernier, pourtant chef d’orchestre, prétendait qu’il ne saurait comment faire. La connivence entre l’orchestre Les Siècles, leur chef ainsi que des deux artistes lyriques, a permis au public présent au théâtre Raymond Devos de Tourcoing d’embrasser cette œuvre inouïe. 

« Le Chant de la Terre », n’est ni tout à fait une symphonie, ni tout à fait un cycle de lieder. Cette composition n’est pas non plus tout à fait romantique, ni tout à fait moderne. Elle semble atemporelle et inclassable. Les repères complètement évanouis nous amènent à entendre la musique pour elle-même. Ainsi, les timbres, les mélodies de timbres invitent à une sensorialité intense. La pensée et l’analyse nous quittent. Ce voyage auditif parmi les couleurs orchestrales nous emmène dans une quasi-méditation et, quelquefois, dans une totale ivresse auditive. A peine avons-nous apprivoisé un moment, un timbre, une impression, que l’on est emmené ailleurs. Le caractère éphémère et fugace de la musique est comme décuplé. Pour ne rien laisser s’échapper de ces moments fugitifs, l’auditeur se doit d’être pleinement présent. Cependant, ce flux met quelquefois hors de soi dans une sorte d’hypnose ou d’enchantement. Le contraste avec la première partie du concert, « Les Indes Galantes » est saisissant. Rameau, lui, nous laisse le temps d’entendre et de comprendre avec des répétitions de motifs, des formes et structures claires, des rythmes de danse sécurisants. 

Mahler magnifié par Marie-Nicole Lemieux et Andrew Staples

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Pour trois concerts à présenter à Zurich, Berne et Genève, le Service culturel Migros invite l’Orchestre Les Siècles et son chef fondateur, Françoix-Xavier Roth, qui prend la parole pour expliquer que les deux œuvres inscrites au programme, la suite tirée des Indes galantes de Rameau et Das Lied von der Erde de Mahler, sont jouées sur des instruments historiques correspondant à l’époque de leur création.

Ainsi pour Rameau le diapason est judicieusement abaissé à 415 et l’arsenal des cordes (hormis les violoncelles et le clavecin) est condamné à jouer debout en recourant à des instruments baroques français produisant un son rêche pour l’Entrée de la suite d’Hébé et laissant apparaître un manque de fusion des cordes pour la Musette en rondeau. Par contre, les deux Rigaudons et les deux Tambourins ont meilleure allure par la vigueur des accents, alors qu’éclate une tempête annoncée par des timbales menaçantes. Le Rondeau des Sauvages est élaboré à la pointe sèche rendant incisifs les traits de trompettes pour une Chaconne conclusive en apothéose.

François-Xavier Roth en Hispanie : l’intégrale Ravel à l’heure de Bolero

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Maurice Ravel (1875-1937) : L’Heure espagnole, M.52 ; Bolero, M.81 (Version originale Ballet 1928). Isabelle Druet, mezzo-soprano ; Julien Behr, ténor ; Lotte Félix, ténor ; Thomas Dolié, baryton ; Jean Teitgen, basse. Les Siècle, direction : François-Xavier Roth. 2021. Livret en : français, anglais et allemand. Texte chanté en français, traduction en anglais. 64’36. Harmonia Mundi. HMM905361. 

Ligeti(s) d’anniversaire avec Han Chen, le Quatuor Diotima, le SWR Vocal Ensemble et Les Siècles

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Le Centenaire Ligeti est jusqu’à présent assez timide, en particulier en Belgique où il s'avère quasi inexistant à cette heure ! Pourtant, à une époque qui n’a que “médiation” à la bouche, la musique de Ligeti, compositeur qui transformait en musique tout ce qu’il touchait, serait un sujet à développer… Dès lors, dans ce contexte de disette aussi incompréhensible que scandaleux, on se réjouit de retrouver des parutions discographiques, nouveautés et rééditions qui nous présentent les différentes facettes de l’art de ce compositeur unique et génial.   

György Ligeti (1923-2006) : Etudes livres 1 à 3 ; Capriccio n°1 - Allegretto capriccioso et Capriccio n°2 - Allegro robusto. Han Chen, piano. 2022. Livret en anglais. 62’27’’. Naxos. 8 574307. 

Les 20 ans des Siècles avec François-Xavier Roth à Tourcoing

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Ce jeudi 4 janvier a lieu le premier concert de l’année pour les Siècles et François-Xavier Roth au Théâtre Municipal Raymond Devos à Tourcoing. Ce concert célèbre les 20 ans de la création de cet orchestre connu et reconnu internationalement. Quel autre lieu pour ce premier concert que Tourcoing puisque, pour rappel, les Siècles sont en résidence à l’Atelier Lyrique de Tourcoing.

Au programme de cet événement, une balade dans le romantisme tardif français : Prélude à l’après-midi d’un faune de Claude Debussy, Namouna suite N°1 d’Edouard Lalo, Bacchus et Ariane suite N°2 d’Albert Roussel, Scènes alsaciennes de Jules Massenet, l’Apprenti sorcier de Paul Dukas et La Valse de Maurice Ravel. 

La première partie commence avec une des pages les plus connues de Claude Debussy : Prélude à l’après-midi d’un faune. Le célébrissime solo de flûte interprété par la flûtiste Marion Ralincourt est d’une lumineuse délicatesse. La suite l’est tout autant, l’harmonie est d’une justesse enchanteresse, tout comme les cordes sont unies dans l'interprétation de cette oeuvre. Les Siècles nous font vivre un moment suspendu dans le temps tel un rêve éveillé alliant douceur et tranquillité.

La Suite N°1 tirée du ballet Namouna est la deuxième pièce de cette soirée. Composé par un Edouard Lalo ayant des problèmes de santé, il est aidé par Gounod et le ballet est créé en 1882 à l’Opéra de Paris. Cette Suite est composée de cinq mouvements. Le premier mouvement, Prélude, d’une certaine sobriété, voit un solo intense interprété par les violoncellistes. Un crescendo bien construit amène un tutti magistral avant qu’une mélodie ne soit exposée par les cuivres avec une certaine brillance. Le deuxième mouvement, Sérénade, est un allegro enjoué et d’une certaine manière espiègle. Il y a du mouvement mais l’ensemble reste très clair et défini. Notons le beau jeu d’accents donnant du relief à cette partie de la suite. Le troisième mouvement, Thème varié, débute avec gravité avant de s’illuminer doucement pour laisser place à une mélodie chantante aux cordes, tantôt rejointe par la flûte. Un grand tutti majestueux fait son apparition un peu plus tard et clôture ce Thème varié. Le quatrième mouvement, Parade de foire, débute de manière surprenante avec l’harmonie. Celle-ci se fait remarquer par la précision de ses interventions. Un nouveau solo de flûte est accompagné par des pizzicati dirigé avec brio par François-Xavier Roth. Le dernier mouvement, Fête foraine, est un presto où contrastes, énergie et engagement sont au rendez-vous. La conclusion est triomphale.

Nouveau Siècle de Lille le 29 mars : Les Siècles, de bruit en fureur

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Quelle affiche ! Un des moments forts de la programmation 2021-2022 du lieu, voire son acmé. Lors des ultimes applaudissements, François-Xavier Roth prit la parole pour rappeler que Stravinsky et Xenakis étaient des exilés, que la musique est un langage de compréhension des uns et des autres, un message de paix. Chacun décoda l’allusion, certains spectateurs se levèrent dans les rangs. Le moment d’échange entre les artistes et le public lors du Bord de scène consacra d’ailleurs ses deux questions au compositeur d’origine grecque né voilà cent ans en 1922 : son engagement militant, ses blessures, son rapport aux sciences (il était diplômé de l’École Polytechnique d’Athènes, présentant un mémoire sur le béton armé) et leur influence sur sa musique, marquée par les mathématiques, la probabilité, le sens architectural.

Le concert s’ouvrait par un de ses opus daté de 1985, confié à trois ensembles (3 flûtes, 3 clarinettes, 6 cors, 3 trombones, 3 percussionnistes, 3 harpes, 3 violons, 6 violoncelles) spatialement organisés en triangle, et alimenté par la théorie des cribles. Pour une structure et un langage aussi exigeants, déployés en quelque vingt-deux minutes, on aurait aimé que l’exécution soit précédée d’un silence de mise en condition, qui préparât l’audience à la concentration nécessaire. Faute de quoi, quelques bavardages résiduels et bruits de fauteuils, quelques rires juvéniles polluèrent la diaphane entrée en matière crissant à l’extrême-aigu des cordes. La section centrale, « pesant et hiératique », dominée par la procession des cuivres, imposa une présence forte, malgré un procédé qui peine à se renouveler. « C’est quand même un peu long » entendimes-nous lors de paroles saisies à la sortie de salle. Le maestro et ses pupitres parvinrent néanmoins à maintenir la tension et défendre la temporalité de l’œuvre (une « fascinante géographie du son » selon la note de Laurent Vilarem), jusque l’agglomération finale des tambours qui produisit son plein effet, et légitimait le titre accordé à ce programme : « explosions musicales ».

100 % Stravinsky avec François-Xavier Roth et Isabelle Faust

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Après Chalon-sur-Saône, avant Nîmes, Barcelone, puis Arras, Les Siècles proposent à Dijon leur concert Stravinsky 100%, avec Isabelle Faust, évidemment sous la direction du fondateur de l’orchestre, François Xavier Roth, que l’on ne présente plus. Berliozien émérite, il illustre avec bonheur le plus large répertoire, symphonique et lyrique, son récent Pelléas en témoigne (« Une grande réussite », écrit Philippe Cassard).

Sans surprise, le généreux programme nous offre tour à tour la 2e suite de l’Oiseau de feu, le Concerto pour violon et le Sacre du printemps. Les deux premières œuvres (et,  les Trois pièces pour quatuor) feront l’objet d’une captation.

Du ballet de Fokine, d’après un conte traditionnel, Stravinsky tira plusieurs suites d’orchestre. Il y a deux ans, David Grimal et ses Dissonances, hélas congédiées de Dijon, nous donnaient la version ultime de cet Oiseau de feu. La deuxième, que nous écoutons, de 1919, est la plus diffusée. L’introduction, très retenue, feutrée, mystérieuse et sourde, irisée, comme la magie sont au rendez-vous. La vie prodigieuse de l’oiseau de feu, aérienne, d’une rare liberté, ses variations nous ravissent. La grâce de la ronde des princesses, avec son merveilleux hautbois, la farouche danse infernale de Katschei, tellurique comme transparente, tout est admirable. Toujours la direction est claire, ménageant des équilibres subtils, incisive, percutante, faisant chanter les lignes. La berceuse, enchaînée magistralement, revêt des couleurs chaudes. Enfin la spectaculaire progression du final nous emporte. La réussite est magistrale.

Sarah Aristidou, Aether

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La soprano Sarah Aristidou est une des chanteuses dont le nom revient de plus en souvent. Ses collaborations avec des grands chefs d’orchestres comme Daniel Barenboim, François-Xavier Roth, Trevor Pinnock ou Simon Rattle ainsi qu’une aisance absolue dans tous les répertoires braquent les projecteurs sur cette musicienne.  Sarah Aristidou répond aux questions de Crescendo-Magazine et évoque son album Aether, fascinant voyage à travers les temps et les styles musicaux. 

Votre nouvel album pour Alpha se nomme “Aether”. Pourquoi ce titre ? 

J’ai toujours été fascinée par les éléments et notamment celui de l‘éther, qui représente l’origine de toute chose. C’est de lui que découlent les 4 autres éléments que sont le vent, feu, la terre et l‘eau. J’ai toujours été attirée par cette incapacité à percevoir ou à toucher cet élément et je voulais inclure tout ceci dans mon travail. Ainsi est né Æther. Ce disque est dédié à l‘Islande, pays qui a complètement changé ma vie et qui m‘a fait ressentir une infime partie de cet élément, et c‘est pourquoi j‘ai choisi l’orthographe islandaise pour le titre.

Le choix des œuvres est très vaste et nous emmène à travers les styles et les temps. Comment avez-vous conçu ce programme ?

J‘ai toujours eu le désir d‘assembler les différents répertoires de soprano colorature et d’abolir les limites des époques et des genres. Une pièce que je voulais faire depuis longtemps était Un grand sommeil noir de Varèse. J‘avais découvert ce compositeur en chantant Offrandes avec François-Xavier Roth et les Berliner Philharmoniker en 2019 et je voulais absolument rechanter une de ses pièces. Nous avons décidé de le faire avec Daniel Barenboim. Tout s’est assemblé très intuitivement et rapidement, au-delà de la question de styles. Poulenc est un de mes compositeurs préférés, Mélisande un rôle dont je rêve, Lakmé aussi, les extrêmes dans lesquels se meut Ariel ont une couleur très particulière, Ophélie est un personnage qui me parle beaucoup, le chant folklorique suédois avec Christian Rivet est un coup de foudre personnel et apporte une palette de couleurs que je cherchais, et puis Jörg Widmann avec qui j’aime énormément travailler connait ma voix mieux que moi ; nous devions créer quelque chose ensemble. Je voulais également assembler les morceaux afin de créer un voyage à travers les sons, les couleurs et les textures, pour former un cycle perpétuel sans début ni fin, et cela se fait notamment avec la progression harmonique du programme.

La sélection des concerts de novembre 2021

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On commence ce parcours avec le dernier concert du festival Voce & Organo qui se déroulera à l'église Saint-Jacques de Liège, le 20 novembre 2021. Au programme Michael Praetorius et Jan Pieterszoon Sweelinck par l’Ensemble Polyharmonique sous la direction de Alexander Schneider avec, en soliste, l’organiste Arnaud van de Cauter. 

A Bruxelles, La Monnaie propose la reprise de la production iconique de Lulu d’Alban Berg avec dans la rôle-titre Barbara Hannigan sous la direction d’Alain Altinoglu. Le directeur musical de la maison lyrique bruxelloise sera également au pupitre de son orchestre pour un concert symphonique avec le Concerto à la mémoire d’un ange d’Alban Berg (soliste Renaud Capuçon) et la Symphonie n°1 de Gustav Mahler (28 novembre à Bozar). 

Le Belgian National Orchestra proposera deux belles affiches : le pianiste Jean-Yves Thibaudet et le chef d’orchestre Lionel Bringuier (5 et 6 novembre à Bozar) et un concert Mozart avec la Grande messe en ut placée sous la direction de Riccardo Minasi avec le Choeur de Chambre de Namur et une belle distribution avec, en tête d’affiche, la soprano Jodie Devos (13 novembre à Namur et 14 novembre à Bozar).   

Novembre, c’est également le mois du festival Ars Musica qui prend ses quartiers à Bruxelles. On note deux beaux événements : Une dyptique “Voix Humaine” avec des oeuvres de Lukas Ligeti et Françis Poulenc avec la soprano Clara Inglese au Théâtre des Martyr (15 septembre) et "Madrigali", liens entre le passé et le présent avec des œuvres de Gualtiero Dazzi et Claudio Monteverdi par l’Ensemble Variances de Thierry Pécou (16 novembre aux Halles de Schaerbeek).  

Poignant et si beau Pelléas et Mélisande – Claude Debussy 

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Perdu en forêt lors d’une partie de chasse, il l’a découverte près d’un plan d’eau, hagarde, terrorisée. Elle a beaucoup souffert, lui dit-elle, et vient de jeter une couronne dans l’eau. Non, il ne doit surtout pas tenter de la récupérer. Elle s’appelle Mélisande. Lui, Golaud, la prend sous sa protection. Il l’épousera et finira par rentrer chez lui, là-bas, au château familial d’Allemonde où l’attendent sa mère Geneviève et son grand-père Arkel. Et surtout Pelléas, son demi-frère. La tragédie aura lieu. 

Le livret de Maurice Maeterlinck, adapté de sa pièce de théâtre, conduit inexorablement les tristes héros à leur tragique destinée. Il est une merveille d’évocations, de signes annonciateurs, de phrases reprises, de suggestions, de métaphores, de silences significatifs. Il y a ce qu’on saisit immédiatement, il y a ce qu’on se rappelle. Symboliste tout simplement. « Nous ne voyons que l’envers des destinées ».

Claude Debussy a fait sien ce récit, il l’a inscrit dans une musique tout aussi évocatrice, qui s’ouvre à tant de sens quant aux êtres et à ce qu’ils vont (devoir) vivre. Une musique surtout à l’extraordinaire prosodie. Elle a fusionné avec les mots qu’elle accompagne, qu’elle magnifie, qu’elle multiplie. C’est sans doute l’une des plus belles rencontres entre un texte et une partition.

François-Xavier Roth, Saint-Saëns et l'Atelier lyrique de Tourcoing 

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Le chef d’orchestre François-Xavier Roth est le récipiendaire d’un International Classical Music Awards 2021 pour son enregistrement de l’opéra de Camille Saint-Saëns, le Timbre d’argent. Alors que nous célébrons le Centenaire du décès du compositeur, Crescendo-Magazine s’entretient avec le chef d’orchestre sur l’art de ce musicien et les particularités de cet opéra de jeunesse. Nous abordons également son ambition pour l’Atelier lyrique de Tourcoing dont il est le directeur artistique. 

Quelle est pour vous la place de Saint-Saëns dans l’histoire de la musique et de la musique française en particulier ? 

Quand on évoque la figure de Saint-Saëns, c’est quelque chose de singulier dans sa personnalité, son œuvre et dans sa trajectoire. Il est un cas particulier dans l’histoire de la musique française et dans l’histoire du romantisme musical. On pourrait dire qu’il a eu le mauvais goût de vivre trop longtemps. On sait bien que les héros de la composition adulés du public, comme Mozart ou Schubert, ont eu des vies meurtries ou des destins trop courts. Ces aspects composent une sorte de légende avec une œuvre ramassée. Saint-Saëns, c’est l’inverse ! On peut le comparer à Richard Strauss, avec cette traversée des époques ! Dans sa vie, Saint-Saëns a incarné plusieurs compositeurs. Il fut tout d’abord un jeune prodige du piano qui s’empare de toutes les formes musicales dans une sorte de boulimie foisonnante, mais on peut également retenir le compositeur un peu académique qu’il était à la fin de sa vie ou vu comme tel, entrant dans un siècle qui musicalement lui échappait. On peut le rapprocher d’un autre compositeur français : Gossec. Autre musicien avec une vie et une carrière très longue qui lui permet de visiter des époques et des styles différents. Dès lors, c’est un compositeur polymorphe et il est délicat et difficile de le catégoriser sans prendre en compte toutes ses facettes. 

Qu’est-ce qui vous séduit chez Saint Saëns ? 

Je retiens en premier lieu l’inventeur musical quand il écrit la musique merveilleuse des poèmes symphoniques où l’invention musicale et orchestrale est foisonnante et étonnante, avec des emprunts à Wagner et Liszt tout en annonçant Dukas, Debussy ou même Dutilleux. C’est un innovateur à travers ce domaine alors aussi novateur que l’était le poème symphonique On peut aussi retenir l’immense compositeur pour l’art lyrique ! Bien évidemment, on connaît Samson et Dalila, mais il y a de nombreux autres ouvrages de très grande qualité : le Timbre d’argent, mais aussi Ascanio ou la Princesse Jaune. Ce sont des ouvrages qui devraient absolument être à l'affiche plus souvent ! De plus, il ne faut pas oublier son foisonnement créatif dans des genres à la mode comme la musique de chambre, il a composé de nombreuses pièces magistrales dans ses partitions de genre pour instrument avec orchestre à l’image de la Tarentelle en la mineur  pour flûte, clarinette et orchestre ou de l’Odelette en ré majeur pour flûte et orchestre. Une dernière chose qui me touche beaucoup, c’est sa redécouverte de la musique de Rameau, compositeur qu’il aimait particulièrement et à la reconnaissance duquel il a travaillé. 

La sélection de septembre de Crescendo-Magazine 

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Avec ce mois de septembre, les publics remettent le cap sur les salles de concerts, en espérant que cette nouvelle saison puisse se dérouler normalement ! Tant les artistes que le public en ont besoin !  

Le grand événement de cette rentrée est l’inauguration du  Grand Manège, la nouvelle salle de concert de Namur. L’évènement est de taille en Belgique francophone car c’est la première fois qu’une nouvelle salle de concert conçue pour la musique classique est inaugurée depuis l’ouverture de la Salle philharmonique de Liège en 1887 ! Ce week-end inaugural sera complété d’une saison qui prendra ses quartiers au printemps 2022. www.grandmanege.be

Un week-end de célébrations est planifié du 3 au 5 septembre avec évidemment la présence sur scène du chœur de Chambre de Namur et du Millenium Orchestra sous la direction de Leonardo Garcia-Alarcon. 

On revient à Bruxelles avec le festival Voce et Organo dont nous avons publié une présentation des différents évènements.

Stravinsky par François-Xavier Roth 

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Igor Stravinsky (1882-1971) : L’Oiseau de feu (version 1910), Petrouchka (version 1911) et Le Sacre du Printemps (version 1913). Les Orientales : musiques de A.Glazounov, C.Sinding, A.Arensky, et E.Grieg. Les Siècles, François-Xavier Roth. Enregistré en 2011 et 2014. Livret en : français, anglais et allemand. 2h09. 2 CD Harmonia Mundi. HMX 2905342.43.

L’Atelier Lyrique de Tourcoing : une saison 2021-2022 d’exception 

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L’Atelier Lyrique de Tourcoing vient d’annoncer en avant-première les grandes lignes de sa saison 2021/2022 ! Sous la direction artistique de François-Xavier Roth, l’Atelier Lyrique de Tourcoing propose 44 rendez-vous d’exceptions dont 9 opéras et 7 grands concerts ! Le chef d’orchestre français au pupitre de son orchestre Les Siècles fera entendre : la Symphonie n°4 de Mahler (avec Sabine Devieilhe), la Symphonie n°5 de Beethoven, la Symphonie Fantastique de Berlioz ou l’Oiseau de feu et le Sacre du Printemps de Stravinsky. 

A l’Opéra, on découvre un large panel d’oeuvres en versions de concerts ou scéniques du baroque avec Rinaldo de Haendel, Zoroastre de Rameau ou The Fairy Queen de Purcell au XXe siècle avec l’Enfant et les Sortilèges de Ravel sans oublier de l’Opéra comique avec la Dame blanche de Boieldieu et une confrontation d’oeuvres “exotiques” françaises : Djamileh de Bizet et la Princesse Jaune de Saint-Saens ! 

Les concerts présentent, outre Les Siècles, l’excellent orchestre Les Ambassadeurs d’Alexis Kossenko ou les voisins de l’Orchestre National de Lille sous la direction de Louis Langrée.  Des récitals instrumentaux et vocaux complètent cette affiche avec la venue de Pierre Hantaï ou Michael Spyres.

La proximité avec la Belgique permet à l’Atelier lyrique de tisser des liens avec nos compatriotes, ainsi René Jacobs au pupitre de l’excellent orchestre B’Rock, la mezzo-soprano Coline Dutilleul, ou la soprano Jodie Devos seront à l’affiche. 

Streamings et podcasts de la semaine : Liège et Lille

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Cette semaine débute à Liège avec l'Opéra Royal de Liège qui vous permet encore de visionner un concert 100%  Mozart sous la baguette de Christophe Rousset. Au programme, des airs de concert avec le ténor Cyrille Dubois et le baryton Léon Košavić et les Symphonies n°31 et n°35. C’est à voir jusqu’au 20 juin sur le site de l’Opéra Royal de Liège. Dès le 20 juin, vous pouvez également visionner un concert consacré aux Valses de Johann Strauss père et fils sous la direction de notre cher Ayrton Desimpelaere avec la soprano Louise Foor. Ce récit-concert est narré par Alain Duault. Rendez-vous sur : https://streaming.operaliege.be/

 Cette semaine, on vous recommande d'écouter la superbe série de Podcasts initiés par l'Orchestre Les Siècles de François-Xavier Roth par rapport à la production de Pelléas et Mélisande de Claude Debussy que vous pouvez voir sur le portail Opera Vision. Une série de 4 podcasts est en ligne avec le regard du metteur en scène, des chanteurs, du chef de chant et du chef d'orchestre. 

Les deux autres podcasts sont en ligne sur le site de l'orchestre Les Siècles

Streamings de la semaine : Liège, Lille et à Hambourg  

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Pour la sélection de la semaine, on commence par le festival numérique de l’Opéra de Liège qui va proposer près de 15 spectacles et concerts en ligne d’ici fin juin. 

Un titre de prestige est à l’affiche pour inaugurer cette série de diffusions numériques : La Traviata mise en espace par Gianni Santucci d’après la mise en scène de Stefano Mazzonis en 2009.

Sous la baguette de  Speranza Scappucci, directrice musicale de la maison, et avec une belle distribution :  Patrizia Ciofi, Dmitry Korchak et Giovanni Meoni. Ce spectacle est à voir jusqu’au 17 avril.

Dès ce jeudi 15 avril (et jusqu’au 24 avril), l’Opéra de Liège propose un concert lyrique, tel un voyage entre l’œuvre de Verdi et le vérisme, avec le chef Daniel Oren et la voix de la soprano  Saioa Hernández.

La Traviata et ce concert sont visibles en ligne sur la plateforme de streaming  de l’Opéra de Liège : https://streaming.operaliege.be/fr

A Lille, l’évènement musical  résidait dans la nouvelle production du Pelléas et Mélisande de Claude Debussy dans une  mise en scène et scénographie de Daniel Jeanneteau et sous la direction de François-Xavier Roth au pupitre de son orchestre Les Siècles. La distribution est superbe : Julien Behr, Vannina Santoni, Alexandre Duhamel,  Maris-Ange Todorovitch.

https://www.youtube.com/watch?v=t5S4BJy2x5Y

Enfin à Hambourg, la scène de la prestigieuse Philharmonie de l'Elbe accueille son orchestre résident de la NDR pour une Symphonie n°9 de Schubert sous la direction de Herbert Blomstedt.

Une semaine en streaming : Cologne et Berlin

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La première vidéo que nous vous recommandons est un hommage à Stravinsky avec le Gürzenich Orchester de Cologne et François-Xavier Roth. Pour marquer les 50 ans du décès du musicien, la phalange de Cologne a souhaité mettre à l’honneur différentes oeuvres moins connues du compositeur : le Capriccio pour piano et orchestre (avec Jean-Efflam Bavouzet) ou le Divertimento tiré du Baiser de la Fée. Lors de cette soirée, on pouvait également retrouver l’interprétation phénoménale du Concerto pour violon (avec Vilde Frang et Fabien Gabel) et rien moins que le Directeur du légendaire Musée Ludwig de Cologne pour parler du lien entre le compositeur et les arts. 

On reste en Allemagne avec un Stabat Mater de Pergolèse depuis le Konzerthaus de Berlin avec Philippe Jaroussky (artiste en résidence au Konzerthaus de Berlin) et Anna Prohaska.

https://www.youtube.com/watch?v=GhGAm2-C2PQ

Le Printemps des Arts de Monte-Carlo

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Ce nouveau week-end du Festival du Printemps des Arts nous a réservé de superbes découvertes : des créations mondiales, des oeuvres de la deuxième école de Vienne, des partitions rarement jouées de Franz Liszt et de compositeurs français du début du XXe siècle.

Le concert de François-Xavier Roth avec une création mondiale de Gérard Pesson qui est cette année le compositeur en résidence du festival. Son concerto pour accordéon et orchestre Chante en morse durable est dédié à Vincent Lhermet, son interprète. C'est un enrichissement pour le répertoire de l'accordéon qui ne comporte que quelques rares concertos. Le concerto commandé par le Printemps des Arts est un véritable dialogue entre le soliste et le compositeur. Pesson a créé une musique qui est le reflet de la sensibilité et du jeu de Lhermet. Le soufflet est le coeur de l'instrument, mais aussi son poumon et son âme.

Le compositeur explore toutes les possibilités de l'instrument et nous découvrons une partition d'une intense poésie, pleine de douceur mais également virtuose, rythmée et éclatante de couleurs. L'orchestre est comme un résonateur de l'accordéon, on imagine un grand soufflet ajouté. Vincent Lhermet est fascinant, il est à la fois un virtuose accompli et un fin musicien. Avec François-Xavier Roth à la tête de l'orchestre, ils captivent le public enthousiaste.

Streamings flandriens et hanséatiques

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François-Xavier Roth était l’invité de l’Orchestre national de Lille pour un concert Beethoven (Concerto pour piano et orchestre n°1 avec rien moins que Javier Perianes en soliste) et Stravinsky (Danses concertantes). 

A Hambourg, Paavo Järvi menait le  NDR Elbphilharmonie Orchester dans un formidable programme composé de la Sinfonietta de Poulenc, du Tombeau de Couperin de Ravel, de la rare Sinfonietta de Roussel et du pétulant Divertissement de Ibert. 

On retourne à domicile, ici en Belgique, avec le jeune et brillant Quatuor Desguin composé de Wolfram Van Mechelen et Ludovic Bataillie au violon : de Rhea Vanhellemont à l’alto et de Pieter-Jan De Smet au violoncelle. Ils interprètent le Quatuor à cordes n°10 de Schubert. 

Une semaine de streaming : Schmitt, Satie, Wagner, Brahms, Jongen, Mozart et Brahms à Francfort, Lille, Bruxelles, Bari et Cologne

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Pour commencer cette semaine, rendez-vous à Francfort avec l'orchestre radiosymphonique de la Hesse ( Hr-Sinfonieorchester) sous la direction d'Alain Altinoglu avec la Tragédie de Salomé  de Florent Schmitt dans sa superbe (mais si rare) version originale ! Un grand moment de musique.

Dans ce même programme, Alain Altinoglu dirige les Gymnopédies n°1 et n°3 d'Erik Satie dans l'orchestration de Claude Debussy.