Miklós Rózsa, l’oeuvre pour piano par Krisztina Fejes

Miklós Rózsa (1907-1995) :  Complete piano works. Kaleidoscope, Op. 19 ; Bagatelles, Op. 12 ; Sonate pour piano, Op. 20 ; Variations, Op. 9 ; La fille du Vigneron,  Op. 23 ; Twilight Waltz (from “Providence”). Krisztina Fejes, piano. 2025 Livret en anglais et hongrois.  Hungaroton HCD 32941.

Nous avions évoqué l'œuvre pour piano de Miklós Rózsa sous les doigts de la pianiste hongroise  Krisztina Fejes. 

Ce parcours discographique nous permet de découvrir différents pans du talent du compositeur. Au sommet de ce disque, il faut placer la Sonate pour piano. On ne peut qu'adhérer aux propos de la pianiste qui nous disait de cette partition qu’elle était :  “audacieuse, expressive et d'une grande complexité structurelle”. En effet, l'écriture, si elle peut sembler dense, n’est jamais touffue portée par une construction architecturale des thèmes et par une énergie rythmique telle une pulsation intérieure.   C’est un édifice presque intimidant mais qui dévoile la maîtrise de l’écriture pianistique par Miklós Rózsa. Très peu connue, cette partition mérite sa place dans le répertoire par sa puissance évocatrice brute et sa grande qualité technique.  

Les Variations sont également l’une des grandes pièces de cet album. D’un fil au départ tranquille et posé, le compositeur tisse une toile tantôt virtuose, tantôt poétique dans un kaléidoscope de couleurs et de lumières. 

Dans Kaléidoscope et Bagatelles, nous retrouvons des saynètes d’une vie pastorale hongroise rêvée d’un compositeur alors en exil aux USA. C’est léger, fin et encore subtilement poétique.

Clin d'œil à la musique de film, la Valse “la fille du vigneron” extraite de la bande originale du film Providence d’Alain Resnais. Basée sur une  mélodie populaire française, cette courte pièce témoigne de l’inventivité du compositeur de suggérer sans jamais forcer le trait.  

Tout au long de ce disque, la pianiste Krisztina Fejes est une interprète idéale. Outre une technique irréprochable qui lui permet de rendre toutes les facettes de l'exigence Sonate, sa variété de toucher et sa grande musicalité servent au mieux ces partitions. 

L'œuvre de Miklós Rózsa, en dehors de ses musiques de film, commence à sortir de l’ombre et ce n’est que justice tant ce compositeur est indéniablement un très grand musicien.

Un disque qui fait référence et qui se distingue magistralement dans le contexte éditorial.

Son : 10    Notice : 10    Répertoire : 9/10    Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

Chronique réalisée sur base des fichiers digitaux