Millenium, un nouvel orchestre plein de promesses

par
Orchestre Milenium

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Ouverture de Le Nozze di Figaro et Aria « Deh vieni non tardar » ; Ouverture de Cosi fan Tutte et Aria « Una donna a quindici anni » ; Ouverture de Don Giovanni et Aria « Batti, batti, o bel Masetto » ; Symphonie n°25 en sol mineur KV 183 ; Airs de concert
Millenium Orchestra, dir. Leonardo Garcìa Alarcòn, Jodie Devos, soprano
En ces temps de restrictions budgétaires, de suppressions d'orchestres et de pertes de subventions, une lueur d'espoir : un nouvel orchestre vient d'être créé ! Le « Millenium Orchestra » est une initiative du Centre d'Art Vocal et de Musique Ancienne (CAV&MA), un organisme qui regroupe plusieurs ensembles baroques dans la région de Namur. Jouant sur instruments anciens (mais avec archets modernes), la formation est placée, et ce jusqu'en 2018, sous la direction du chef et claveciniste argentin Leonardo Garcìa Alarcòn, déjà connu en Belgique pour le travail qu'il effectue avec le Choeur de Chambre de Namur. Au programme de cette soirée inaugurale, un programme entier de musique de Mozart, en compagnie de la jeune soprano belge qu'on ne présente plus, Jodie Devos. Un nouvel orchestre est toujours une surprise. A-t-il déjà un son, une personnalité ? La précision sera-t-elle au rendez-vous? Dans ce cas, absolument ! Devant une salle comble, le Millenium Orchestra s'engage dès les premières notes avec un plaisir communicatif. Les pupitres de cordes, très soudés, sont entraînés par des chefs d'attaque dynamiques ; quand aux vents, il trouvent facilement leur place et passent sans difficulté. On note aussi la présence d'une formidable « section rythmique » – trompettes et timbales – qui donne aux tutti la nervosité qui convient. Leonardo Garcìa Alarcòn donne une lecture de Mozart précise et bien construite, à l'écoute de l'orchestre. Les musiciens, en retour, sont très réactifs à ses indications. Jodie Devos, qui tenait quoique souffrante à assurer le concert, semble être parfaite pour Mozart : elle joue ses personnages (Suzanne, Despina, Zerlina) avec malice, sans tomber dans l'excès. Sa voix légère passe l'orchestre sans forcer. On pourrait attendre un peu plus de soutien, mais le caractère des airs choisis incitait à une diction assez tranchée, et les vocalises sont néanmoins très réussies. Après la pause, l'orchestre s'attaque à la 25e Symphonie d'un Mozart de 17 ans ; c'est dans cette musique agitée aux accents préromantiques qu'il peut montrer tous les contrastes dont il est capable, ciselant un dernier mouvement d'une belle intensité. Après un dernier air de concert, la public, enthousiaste, en redemande. Il y aura deux bis : d'abord l'aria de Pamina extrait de La Flûte enchantée (premier air en allemand), puis l'ouverture du même opéra, joyeusement attaquée à un tempo échevelé. Si l'orchestre Millenium se cherche encore quelque peu, il est bel et bien capable de créer des moments magnifiques : il est à suivre de près ! Quentin Mourier Conservatoire royal de Bruxelles, le 24 février 2015

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