Romances oubliées

par

Hans Sitt (1850-1922) : Sechs Albumblätter op.39
Alexander Glazounov (1865-1936) : Elégie op.44
Louis Vierne (1870-1936) : Deux pièces pour alto
Henri Vieuxtemps (1820-1881) : Elégie op.30
Henryk Wienawski (1835-1880) : Rêverie
Franz Liszt (1811-1886) : Romance oubliée S.527
Fritz Kreisler (1875-1962) : Romance op.4 – Aucassin & Nicolette
Zoltan Kodaly (1882-1967) :
Adagio
Tabea Zimmermann, alto – Thomas Hoppe, piano
2014-SACD-63’40-Textes de présentation en anglais, allemand et français-Myrios Classics-MYR014

Après l’enregistrement d’une intégrale consacrée à Paul Hindemith, Tabea Zimmermann se lance dans un disque de pièces inattendues et inconnues du grand public. Au cours de l’enregistrement des Sonates avec piano d’Hindemith, Zimmermann et le pianiste Thomas Hoppe s’amusent à jouer quelques pièces courtes dans l’unique but de se reposer. Bien vite, et grâce à une complicité entre les deux artistes, le projet de graver sur disque ces pièces devient évident. Se succèdent alors pièces courtes et de caractère romantique de compositeurs tels que Glazounov, Vierne, le belge Vieuxtemps, Liszt ou encore Kodaly. Le point de départ, qui figure aussi comme grande découverte de ce disque, est sans nul doute l’apport des Seichs Albumblätter de Hans Sitt. Dans un langage personnel et expressif, on perçoit assez rapidement le style d’un Schumann ou d’un Mendelssohn, tant le travail sur l’harmonie et sur le rapport entre les instruments est riche. D’un autre côté, ce cd est doté d’un contexte historique particulier puisque le professeur de Sandor Végh, lui même professeur de Zimmermann, était Jenö Hubay, proche de Franz Liszt qui enseigna au Conservatoire Royal de Bruxelles au même moment que Vieuxtemps et Wienawski, tout deux présents ici.
Derrière cet aspect se cache aussi un rêve pour l’altiste : réunir des pièces inconnues qu’elle affectionne. Le pari est réussi. Approche incroyablement sensible où les couleurs chaudes de l’alto côtoient un piano délicat. Les deux artistes ont le sens de la phrase musicale dans une forme comprise et claire. L’intensité des nuances et la puissance de l’archet offrent une palette de couleurs, de contrastes et de dynamiques saisissante. Dialogue permanent, connexion entre les deux artistes où chaque instrument est mis en valeur. L’alto, mélancolique et plaintif est accompagné avec attention par le jeu solide et attentif de Thomas Hoppe. Dès les premières notes se perçoit une volonté d’aller loin dans la recherche d’un son, d’une homogénéité et d’un style à la fois romantique et sobre. Les deux artistes offrent ici une lecture passionnante de pièces oubliées pour un instrument souvent mis de côté.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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