Monte-Carlo: les 30 ans des Monte-Carlo Music Masters 

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Pour célébrer le 30e anniversaire des Monte-Carlo Music Masters, ce « concours des meilleurs » qu’ils ont fondé, Chantal et Jean-Marie Fournier ont proposé un feu d'artifice musical en invitant d'anciens membres du jury et des vainqueurs de ces Masters : Nelson Freire, Ruggero Raimondi, Maxim Vengerov, Béatrice Uria-Monzon, Maurizio Baglini, Roustem Saitkoulov, Alexander Gadjiev et Fanny Clamagirand se succèdaient sur la scène de l'Opéra Garnier. Un magnifique Bösendorfer trône sur scène et Alain Duault est le fidèle Maître de Cérémonie de cette soirée. 

Vainqueur en 1999, Maurizio Baglini ouvre la fête avec l'Impromptu op 90 n° 3 de Schubert. Ce pianiste raffiné au toucher délicat offre un beau moment romantique. Roustem Saitkoulov, qui remporta les Masters en 2003, compte Chopin parmi ses compositeurs favoris comme en témoignent ses enregistrements des Concertos, des Études et les Préludes. Il joue à la perfection les Etudes op 10 n°1, 3, 9 et 12. Alexander Gadjiev, lauréat de la dernière édition (2018), interprète ensuite Après une lecture de Dante (Liszt), oeuvre difficile s’il en est, et en surmonte tous les obstacles avec brio.
Mais comme au Masters de 2018, on peine à décoller avec des interprétations certes brillantes, mais qui peinent à émouvoir au-delà de la pure perfection technique. 

C'est avec Nelson Freire qu’on vit un moment de grâce avec la Sonate n°14 "Au Clair de Lune" de Beethoven. On reste toujours fasciné par ce toucher unique qui nous fait atteindre l’inoubliable, et admiratif des sonorités qu’il tire du même Bösendorfer que ses partenaires du soir.  Saitkoulov et Gadjiev reviennent pour terminer la première partie du concert avec trois riantes Danses Hongroises de Brahms.

Le violoncelle semble enfin s’être installé au programme des grands concours mondiaux. Suivant l’exemple du Concours Reine Elisabeth qui héberge depuis 2017 une session qui lui est réservée, ce sera bientôt le cas des Masters aussi. En guise d'entrée en matière, la jeune violoncelliste Silvia Chiesa est présentée ce soir. Petit son, dérapages, c’est le moment le plus fragile de la soirée : ses Schumann, la Pièce dans le ton populaire et la sonate Arpeggione de Schubert nous ont laissé sur notre faim.

Changement de registre avec la mezzo-soprano Béatrice Uria Monzon qui incarne Carmen à travers le monde et jusque dans les stades depuis ses débuts en 1993. Sa "Habanera" soulève évidemment les acclamations du public.  Retour au violon avec Fanny Clamagirand qui a remporté la session consacrée au violon en 2007. Un petit bout de femme, une forte personnalité, un très beau son et une musicalité sincère. Accompagnée au piano par Alexander Gadjiev, elle interprète la Fantaisie sur des Airs de Carmen de Pablo de Sarasate avec virtuosité, tel un spectacle pyrotechnique.  

Retour au chant avec le baryton Ruggero Raimondi qui fêtait ses 77 ans la veille. Il offre ses Chants Napolitains avec charisme et puissance malgré quelques signes de fatigue. Cela n’en reste pas moins brillant et mémorable ! Béatrice Uria Monzon revient sur scène avec l’air "Pace, Pace" de La Force du Destin avant que Maxim Vengerov -monégasque d’adoption- et Roustem Saitkoulov clôturent la soirée avec deux oeuvres emblématiques de Vengerov : La Méditation de Thaïs de Massenet et Tzigane de Ravel. 

Un magnifique concert !

MonteCarlo, Opera Garnier, 4 Octobre 2019

Crédits photographiques : www.beatrice-uriamonzon.com

Carlo Schreiber

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