Noël en ballons à Lille

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Johann Strauss fils (1825-1899) : La Chauve-Souris, « Ouverture »/ « Ich lade gern mir Gaste ein » - Une nuit à Venise, « Ouverture » - Franz Lehar (1870-1948) : La Veuve Joyeuse, « Ouverture »/ « Vilja Lied » - Giuditta, « Meine Lippen, sie küssen so heis » - Richard Heuberger (1850-1914) : Le Bal de l’opéra, « Im chambre séparée » - Jacques Offenbach (1819-1880) La Belle Hélène – Les Contes d’Hoffmann – La Périchole – La Grande-Duchesse de Gérolstein – La Vie Parisienne, extraits

Noël en ballons à l’Orchestre National de Lille. Avant d’entamer 2016, les musiciens de l’ONL sous la direction de Jean-Claude Casadesus donnaient du 16 au 22 décembre le traditionnel concert de Noël, avec comme invitée cette année, la soprano Véronique Gens. Au programme, quelques grandes pages du répertoire, de La Vie Parisienne d’Offenbach – compositeur qui porta l’opérette à son apogée - à La Chauve-Souris de Johann Strauss fils, en passant par des compositeurs moins « célèbres » tels que Richard Heuberger et Le Bal de l’opéra ou encore Franz Lehar et Giuditta. Pour sortir des clichés habituels, l’ONL eut la judicieuse idée d’inviter le dessinateur François Boucq qui, avec la complicité des Plasticiens Volants, offrit une manière différente de voir le concert, ici en trois dimensions. Un concert en somme plein de surprises, particulièrement intense du point de vue de la perception, et artistiquement passionnant. Entre légèreté et fluidité des déplacements mais aussi décontraction et bonne humeur, les gonflables prenaient une place à part entière dans le Nouveau-Siècle, transformant la salle en véritable lieu de création. Autre belle complicité ce soir entre Jean-Claude Casadesus et la soprano Véronique Gens, amie de longue date de l’orchestre, qui eux aussi, représentés par deux gonflables - celui du chef sans tête – apportaient une contribution à la scénographie : Véronique Gens chantant cachée derrière la cantatrice géante ; Jean-Claude Casadesus repoussant son homonyme gonflable tout en éclatant un ballon du bout de la baguette. Entre le « roi de la valse » (Strauss) et le « petit Mozart des Champs-Elysées » (Offenbach), une ambiance chaleureuse et légère virevoltaient pour le plus grand plaisir du public, venu particulièrement nombreux. D’un point de vue musical, la voix chaude et sincère de Véronique Gens répondait parfaitement à l’accompagnement limpide et expressif de la baguette de Jean-Claude Casadesus. S’apprécient notamment l’accentuation de certains mots ou traits humoristiques, une intonation parfaite suivie d’un texte clair. Dans les pages orchestrales, c’est plutôt le regard amusé mais sérieux qui aura séduit. Aucune vulgarité ou exagération ici, mais davantage une approche subtile pleine de surprises et de dosages. Jean-Claude Casadesus est l’un de ces chefs qui parvient à projeter et à faire passer en seulement quelques secondes une conception d’une œuvre grâce à une perception claire de la forme et de la structure. Si le chef y est pour beaucoup dans cette aventure, soulignons le très beau travail de l’orchestre qui a su aisément changer sa façon de jouer pour ce répertoire plus léger et particulièrement subtil depuis la Deuxième Symphonie de Mahler donnée en novembre dernier. En cela, ce n’était pas le simple et traditionnel Concert de Noël mais bien un concert festif d’une grande richesse artistique dont le lâcher de ballons final aura permis aux petits comme aux grands de faire partie de la fête.
Ayrton Desimpelaere
Lille, Nouveau-Siècle, le 22 décembre 2015

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