On achève bien les Strauss : le concert du nouvel an 2023.

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Concert du Nouvel A 2023. Oeuvres de : Johann Strauss (1804-1849) ; Johann Strauss (1825-1899) ;  Eduard Strauss (1835-1916) ; Josef Strauss  (1827-1870) ; Carl Michael Ziehrer (1843-1922) ; Franz von Suppé (1819-1895).  Wiener Philharmoniker, Franz Welser-Möst. 2023. 2 CD  Sony Classical.

L’année 2023 sera-t-elle une nouvelle annus horribilis ? Guerre en Ukraine, hausse des prix, tensions sociales, températures anormalement élevées, démission de Daniel Barenboim à Berlin et, pour débuter cette dernière, Franz Welser-Möst à la tête du Neujahrskonzert… Bref tout est là pour nous le faire penser car peut-il arriver de pire ? En tout cas à nos oreilles !

Le célèbre pianiste français Alfred Cortot disait : « L’art s’enrichit par le style et s’appauvrît par la tradition. ». Heureusement pour lui, il est mort depuis des lustres et n’a pas eu à subir le triste spectacle de ce troisième concert du Nouvel An dirigé par le soporifique chef autrichien. Et pourtant nous avons le plus grand respect pour FWM qui est un très bon directeur musical à Cleveland et qui peut s’enorgueillir de nombreuses réussites aussi bien sur scène qu’au disque.

Alors pourquoi tant de ressentiment de notre part ? Mais parce que l’on s’ennuie fermement… comme en 2011 et 2013. Cela fait un an que nous redoutions le fameux adage « jamais deux sans trois », c’est malheureusement arrivé. La direction, les idées, le style du chef ne sont pas en adéquation avec un tel rendez-vous. On invite pas Lionel Jospin ou Alain Juppé pour mixer dans une soirée à Ibiza. Alors pourquoi s’acharner à nouveau avec Welser-Möst ? Alors certes cette la musique viennoise est beaucoup plus technique que l’on ne peut l’imaginer au premier abord et nécessite une baguette experte (souvenons nous des excellents Ozawa 2002 et Jansons 2006/2012 ou 2016) mais ce n’est pas non plus l’enterrement d’un membre de l’association des mormons dépressifs atteints de paralysie faciale ! Cette musique doit aussi respirer la vie, la joie, une certaine forme d’extase de la fête. Ici rien de tout cela, rythme et dynamique dignes d’un kaffee kuchen dans un Ehpad au fin fond de la Styrie un dimanche pluvieux. Carlos Kleiber et Willy Boskovsky ont dû faire des bonds dans leurs tombes.

Le contraste est d’autant plus saisissant après la formidable expérience Barenboim de l’an passé mais nous ne pouvons pas parler de déception car il n’y a aucune surprise. Il y a un bien quelques beaux moments comme l'ouverture d’Isabella  de Franz von Suppé ou le Quadrille du Baron Tzigane de Johan Strauss fils mais cela ne sauve pas une performance amidonnée de bout en bout. Alors, sauf si cherchez un substitut non médicamenteux de Stilnox, pas la peine d’investir dans ce CD (c’est encore pire à l’image donc pas non plus de DVD/Blu-Ray !). Faites-vous du bien à l’âme en investissant, si ce n’est pas déjà fait, dans les enregistrements de Kleiber 1989/1992, Barenboim 2014, Dudamel 2017 ou bien encore Harnoncourt 2001.

Et comme les malheurs reviennent comme la mauvaise saison, FWM redirigera sûrement ce même Neujahrskonzert dans 3-4 ans. Car c’est avant tout une récompense de la part des Wiener pour leur collaboration régulière. Mais autant prévenir tout de suite : à ce moment-là il faudra mettre des paillettes dans nos cœur Franz ! Sinon, nous serons toujours aussi revendicatifs. L’an prochain c’est le « kolossal » Christian Thielemann qui dirigera le Neujahrskonzert pour la seconde fois les Wieners… ça va encore guincher ! En attendant Prosit Neujahr !

Son : 9 – Répertoire : 9 – Interprétation : 5

Bertrand Balmitgère

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