Otello à son sommet

par
Otello

Giuseppe VERDI
(1813 - 1901)
Otello
Nikolai Schukoff, Otello –Melody Moore, Desdemona – Lester Lynch, Iago – JunHo You, Cassio – Carlos Cardoso, Roderigo – Kevin Short, Lodovico – Luis Rodrigues, Montano – Helena Zubanovich, Emilia – A Herald, Leandro César – Gulbekian Orchestra and Chorus, Lawrence Foster, direction
2017-DDD-CD1 70’19 CD2 72’37-Textes de présentation en anglais et allemand-Pentatone-PTC5186562

Otello est indubitablement l’un des plus grands chefs-d’œuvre de Verdi tant l’œuvre est aboutie d’un point de vue dramaturgique et musical. Sans réelle pause, si ce n’est entre chacun des quatre actes (le ballet écrit pour la représentation du 12 octobre 1894 à Paris étant rarement joué), il s’agit ici d’absorber une partition qui regorge à chaque instant d’une palette infinie de couleurs et de spécificités propre à l’évolution du langage musical au 19ème siècle. La gageure ici est principalement de ne pas essouffler le discours même si la richesse du matériau musical ne permet pas vraiment de s’ennuyer. Mettre en valeur ces éléments, les sublimer grâce à un agencement judicieux des tempi et unifier toute la partition par des enchaînements et transitions fluides, voilà une partie du travail à effectuer par la direction musicale. En ce sens, il convient de saluer chaleureusement le travail de Lawrence Foster dont la grande expérience permet ici d’offrir un grand cru. S’agissant du Gulbekian Orchestra and Chorus, on se laisse séduire par une phalange de haute qualité dont le travail sur l’homogénéité des cordes, la justesse et la balance, notamment avec l’harmonie, permet d’offrir au chœur toute l’étendue possible pour s’exprimer. Le chœur, excellent de mise en place (pas facile ici), se démarque par des interventions toujours à propos, un texte d’une clarté idéale, une énergie qui s’oriente vers des impacts rythmiques et mélodiques qui collent au texte… La distribution vocale n’est pas en reste. Le Iago de Lester Lynch est puissant expressif et doué d’un vibrato dosé en parfaite harmonie avec l’état d’esprit du personnage. Cassio (JunHo You) est très clair avec une fraîcheur qui peut devenir très expressive. Desdemona (Melody Moore) s’expose avec une voix très large qui donne matière à des nuances saisissantes, notamment lors du duo final de l’acte I qui signe ici l’un des moments les plus touchants de l’opéra, comme lors de la longue chanson (sous forme d’une réminiscence) au début de l’acte IV ou encore l’Ave Maria très épuré. Elle répond à la solennité du solide Otello (Nikolai Schukoff) dont la voix impitoyable est d’une belle et juste intensité. Qu’il s’agisse du duo avec Iago ou des différentes interventions avec Desdemona et autres personnages, tout est beau et juste. Montano (Luis Rodrigues) s’illustre par des graves majestueux et un flux dynamique permanent. Les autres rôles sont du même acabit avec notamment une Emilia tantôt intime tantôt effrayée, parfaitement dans le rôle. Toutes les interventions chorales sont belles, tout comme les ensembles et notamment ceux avec les enfants dont la qualité vocale est à souligner. Une somme considérable !
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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