Pierre-Laurent Aimard, maître du Clavier bien tempéré

par

Jean-Sébastien Bach (1685-1750)
Le clavier bien tempéré, livre 1, BWV 846-869. 
Pierre-Laurent Aimard (piano)
2014  - 2 CD’s - DDD – 112,35’ – Textes de présentation en anglais, allemand, français – Deutsche Grammophon, LC0173

Cette année, le célèbre pianiste Pierre-Laurent Aimard nous revient avec une intégrale du premier livre du Clavier bien tempéré. Ce cycle d’œuvres pédagogiques destiné entre autres à tester les possibilités du tempérament égal jusqu’alors peu utilisé devra attendre le XIXe siècle pour s’imposer définitivement. Les Préludes et Fugues regorgent de virtuosité tant au niveau pianistique que compositionnel, et l’interprétation de la moindre de ces œuvres requiert une connaissance parfaite du texte musical et de ses subtilités.
Or, outre sa fonction de musicien, Pierre-Laurent Aimard fut aussi, durant la saison 2008-2009,  en charge de la chaire de création artistique du Collège de France avec un programme basé sur les « Paramètres et dimensions de l’interprétation musicale ». Il ne laissera donc rien au hasard.
Pierre-Laurent Aimard montre une parfaite compréhension musicale qui s'exprime de manière tout à fait remarquable à travers les fugues, agencées avec beaucoup de clarté. Chaque ligne mélodique est mise en avant, les entrées sont claires et guident l’auditeur.
De manière générale, il fait le choix d'une interprétation sèche, sans grands legatos ni phrasés mélodiques exagérément expressifs. Il en ressort un sentiment d'austérité, de droiture pour les Préludes et de linéarité pour les Fugues, mais sans jamais être rigide, l'austérité jamais n'empiète sur la musicalité. Belle justesse dans le choix des tempi, différents de ceux auxquels nous sommes habitués mais toujours assumés et au service de la musique. Ainsi le Prélude II en do mineur qu’il aborde rapidement puis joue la carte d’un tempo légèrement flottant tout au long de la pièce et nous emporte dans une virtuosité extatique. Y ajoutant le son chaud et particulier de Pierre-Laurent Aimard, nous avons là une interprétation de grande qualité. Quelques réserves pour certains Préludes trop verticaux et le choix d’un toucher trop agressif dans certains passages.
Xavier Falques 

Son 10 – Livret 8 - Répertoire 10 – Interprétation 9 

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