Pour Leo Nucci, c'est sûr, mais aussi pour Tatiana Serjan

par
Macbeth

© Opera Royal de Wallonie - Liège

Macbeth de Giuseppe Verdi
Pour la dernière production d'une riche saison, Stefano Mazzonis di Pralafera a choisi Macbeth dans la version parisienne de 1865. En accord avec le chef d'orchestre et l'interprète du rôle-titre, il a cependant inclus le finale de la version originale de 1847 : l'opéra se termine sur l'air de Macbeth "Mal per me che m'affadai",  et non pas par l'hymne final à la victoire. L'ensemble donnait fort bien, le spectacle étant parfaitement équilibré. tant aux niveaux scénique que vocal et orchestral. La mise en scène du directeur de la maison, très lisible, illustre fidèlement l'intrigue tortueuse, dans un joli décor d'échiquier, qui aurait peut-être pu être davantage utilisé. Les sorcières, cornues, tissent le fil par lequel elles engluent le destin du pauvre Macbeth. Le ballet de l'acte III fait l'objet d'une remarquable chorégraphie (Rachel Mossom), en constant accord avec la partition. Citons aussi les brillants costumes colorés de Fernand Ruiz, et les fins jeux de lumières de Franco Marri (les lances durant la bataille finale). Vocalement, le plateau était dominé par les deux tragiques héros du drame. Leo Nucci est tout aussi familier du rôle de Macbeth que de celui de Rigoletto, et l'âge n'a que peu de prise sur le lyrisme de son chant et le coloris de son phrasé.  Son grand air du dernier acte, "Pieta, rispetto, amore", poignant, a été follement applaudi. La mezzo russe Tatiana Serjan, très familière du rôle de Lady Macbeth, l'a chanté sur les plus grandes scènes du monde. Tant la lecture de la lettre, que l'air "La luce langue" ou la scène du somnambulisme, ont stupéfié par la richesse du timbre, aux graves somptueux, et l'hallucinante puissance de l'incarnation. L'ami Banco est vite hors de course, mais ses interventions, dont son air splendide, ont bénéficié de la magnifique voix de la basse florentine Giacomo Prestia, d'une indéniable présence.  Malgré la beauté du choeur (Pierre Iodice), la scène de la forêt, qui ouvre l'acte IV, s'est révélée la moins prenante du spectacle, sans doute à cause du Macduff terne de Gabriele Mangione, à peine secondé par le Malcolm de Papuna Tchuradze. Dommage. Alexise Yerna (la camériste) et Roger Joachim (le médecin) complétaient bien le casting. Galvanisé par son cher Paolo Arrivabeni, l'orchestre a donné le meilleur de lui-même : particulièrement réussies étaient la déploration sur la mort du roi Duncan, qui clôt le premier acte, et la scène des apparitions, deux tableaux grandioses qui démontrent avec éclat le génie d'un Verdi de 34 ans.
Bruno Peeters
Liège, Opéra Royal de Wallonie, le 17 juin 2018

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