Quand la nuit tombe sur Flagey

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Dans le cadre du "Festival of the Imaginary, Fables", le Pierrot Lunaire d'Arnold Schönberg était présenté à Flagey par l'ensemble Het Collectief et Eine kleine Nachtmusik de Mozart par le Quatuor Alfama. Entre ces deux œuvres s'est intercalé Papillons de nuit, film d'animation de Raoul Servais (Belgique, 1998). Le fil conducteur du concert est donc la nuit, nuit inquiétante pour la première partie avec les "sinistres papillons noirs" qui volent, et la nuit plus souriante dans le film d'hommage à Paul Delvaux et dans la Petite musique de nuit, partition tardive de Mozart. L’œuvre du créateur de la seconde école de Vienne dont on fête cette année le centenaire (1912) fut présentée à la perfection. Het Collectif, ensemble de cinq musiciens fondé en 1998 à Bruxelles s’est forgé une reconnaissance internationale. L’ensemble aborde cette musique du 20e siècle avec intelligence et professionnalisme. Même remarque pour Robin Engelen qui en a assuré la direction. Gestique précise, dynamique avec une palette de contrastes significative. Les 21 poèmes d’Albert Giraud (1884) que réunit ce mélodrame furent exécutés avec leurs caractères propres, des phrasés imagés, une virtuosité éclatante et une homogénéité exceptionnelle. Par dessus cette musique féérique, Jacqueline Janssen offrait la partie vocale avec une assurance qui se déploya pleinement après quelques minutes.Provocateur, le sprechgesang ne manque ni de dynamisme ni de précision. Le texte est clair, audible dans toute la salle. Jacqueline Janssen est juste dans les expressions et la riche palette de couleurs. Cette œuvre qui rompt totalement avec le langage wagnérien, mahlérien… était accompagnée d’une projection du texte avec effets de calligraphie et de dynamique. On regrette sans doute le léger décalage entre le texte et la musique ou le sur-titrage parfois en retard, mais les protagonistes reçurent un véritable triomphe pour cette œuvre difficile si bien défendue.
Pour Mozart, le quatuor -debout- a donné de l’œuvre une version dénuée de souplesse et de charme, un peu brouillonne, sans jamais trouver l’équilibre des pupitres. Une fin de soirée décevante devant un public clairsemé. n’est pas un contexte idéal pour une bonne exécution notamment devant un public déserteur…
Ayrton Desimpelaere
Flagey, le 27 octobre 2012

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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