Rencontre : Julien Szulman, à propos  de Christian Ferras

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Julien Szulman © Jean-Baptiste Millot

Brillant violoniste français, super-soliste à l’Orchestre National des Pays de la Loire, Julien Szulman est également membre fondateur et vice-président de l’association « Les Amis de Christian Ferras » qui œuvre à entretenir le souvenir de ce violoniste de légende. Alors que le label Deutsche Grammophon édite un album « Forgotten Ferras » reprenant des inédits en CD du maître, Julien Szulman s’explique sur la redécouverte de ces gravures oubliées.   

- Comment vous êtes-vous intéressé à Christian Ferras ?  
Mon premier professeur de violon était l’un de ses élèves ! Donc quand j’ai commencé l’instrument,  j’étais déjà un peu bercé par son histoire au travers du récit de mon professeur !  Petit à petit, j’ai eu envie d‘en savoir plus !

- Quelle est la place de Christian Ferras dans l’art du violon ? Comment pouvez-vous décrire son style en quelques mots ?
Son style se caractérise vraiment dans l’héritage de George Enesco et de l’école franco-belge du violon. Il a un style qui est éminemment personnel où l’instant musical est vraiment prépondérant. Après, il était vraiment « LE » violoniste français avec peut-être aussi Zino Francescatti. Dans les années 1950-1960, il a eu une carrière la plus étendue possible ! Il a enregistré avec Herbert von Karajan et l'Orchestre Philharmonique de Berlin. C’était vraiment l’une des gloires internationales de la musique classique de cette époque.

- Ce disque DG est intitulé « Forgotten Ferras », comment avez-vous retrouvé ces enregistrements ?
Avec Thierry de Choudens qui a écrit sa biographie (publiée en 2004 aux Editions Papillon), nous avons fondé l’association « Les Amis de Christian Ferras ». Nous avons un site Internet et c’est un brocanteur qui nous a contactés par ce biais. Il avait récupéré les affaires de la veuve de Christian Ferras, suite à son décès. Nous avons pu acquérir différents documents dont des photos qui font donc partie du livret. Dans ce lot,  il y avait les bandes des enregistrements japonais qui sont inclus sur le CD « Forgotten Ferras ». Parallèlement, j’ai lancé des recherches pour essayer de retrouver la plupart des enregistrements publiés sur des disques 78 tours qui n’étaient jamais ressortis ni en vinyles, ni en CD.

- Qu’est-ce que ces enregistrements apportent à notre connaissance du legs interprétatif de Christian Ferras ?
Il s’agit de petites pièces qui s’adressent principalement aux amateurs mais c’est l’occasion de retrouver les qualités sonores du musicien ! Il faut préciser que Christian Ferras avait également enregistré, pour Deutsche Grammophon, un récital avec des petites pièces, auparavant publié dans le coffret L’Art de Christian Ferras (DGG). Désormais, nous sommes chanceux car la plupart des enregistrements de Christian Ferras sont disponibles, ce qui n’était pas le cas quand j’ai commencé mes recherches.
Sur cet album, il y a deux aspects : les enregistrements issus des 78 tours où il a entre 19 et 20 ans, et qui montrent déjà des qualités musicales qui étaient assez incroyables pour son âge. Il y a également un récital japonais un peu plus tardif où il commençait avoir vraiment des problèmes de santé avec un alcoolisme qui prenait le dessus, donc c’est un peu l’un des derniers témoignages qu’on peut avoir du violon de Christian Ferras.

- Que pouvez-vous dire du travail avec Deutsche Grammophon ?
Deutsche Grammophon a fait un excellent travail ! Le livret est vraiment très bien documenté, il y a des belles photos et des renseignements intéressants. C’est vraiment un bel objet en plus de la qualité musicale ! J’ai collaboré avec Jean-Michel Molkhou qui est journaliste à Diapason. On était les initiateurs de ce projet et il faut peut-être marquer le lien important avec l’association Les Amis de Christian Ferras. S’il y a des gens qui veulent nous contacter à ce propos, nous sommes  assez ouverts.
Propos recueillis pas Pierre Jean Tribot
Les Amis de Christian Ferras : http://www.associationferras.com/

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