Schumann et Mendelssohn réunis au disque

par

Robert Schumann
(1810-1856)
Concerto pour piano et orchestre en La mineur, Op. 54
Félix Mendelssohn
(1809-1847)
La Belle Mélusine : Ouverture, Op. 32 – Concerto pour piano est orchestre n°1 en sol mineur, Op. 25
2016-DDD-61’-Texte de présentation en anglais-Linn CKD555

Avec Schumann et Mendelssohn, la pianiste argentine Ingrid Fliter nous revient au disque en abordant deux œuvres magistrales du 19ème siècle. En compagnie du Scottish Chamber Orchestra sous la baguette d’Antonio Mendez, elle débute avec le Concerto en la mineur de Schumann dont la genèse nous est bien connue : dédié à Ferdinand Hiller et entamé en 1841 sous la forme d’une Fantaisie en un seul mouvement, le concerto en son entier n’est publié qu’en 1845 par Breitkopf et créé par Clara à Leipzig le 1er janvier 1846. Moins célèbre bien que très souvent joué du vivant du compositeur, le Concerto en sol mineur de Mendelssohn est plus jeune de 14 ans. De durée courte et d’une construction inhabituelle pour l’époque, s’inspirant notamment du Konzertstück en fa mineur de Weber – les trois mouvements se suivent et se connectent de manière naturelle – l’œuvre se dessine lors de voyages entrepris dès l’année 1829. Sa création n’aura lieu que le 17 septembre 1831, emportant avec elle un large succès. Dans chacune des œuvres, Ingrid Fliter démontre une capacité naturelle à proposer une direction musicale réfléchie et intéressante. Son jeu fait preuve de sensibilité, de souplesse, et se fond avec aisance dans l’accompagnement orchestral. Le contexte harmonique ainsi que le sens du phrasé ne font place à aucune hésitation de style, démontrant au contraire la clairvoyance de l’artiste. Avec le Scottish Chamber Orchestra, Ingrid Fliter et Antonio Mendez nous emmènent dans une interprétation chambriste, associant volontiers luminosité, grâce et délicatesse. La virtuosité sans failles de la pianiste est au service du matériau sonore et des nombreuses dynamiques. Chez Mendelssohn, on soulignera l’énergie presque enflammée de l’artiste, qu’elle transmet à l’orchestre sans pourtant autant le déstabiliser. Le travail des cordes est remarquable, tant dans les attaques que dans la conduite générale tandis que l’équilibre avec les vents offre un résultat homogène. S’apprécie aussi le piano sensible du second mouvement, parfois dans l’esprit de l’improvisation, laissant place ensuite à un final enlevé et bouillonnant.
La baguette expressive d’Antonio Mendez est également appréciable dans la lecture fluide et imagée de La Belle Mélusine, inspirée des contes de la princesse et fée Mélusine. Après un tapis sonore installé magistralement, la direction de Mendez fait preuve d’une grande précision et souffle à l’œuvre de nombreuses couleurs et dynamiques.
Un enregistrement de très belle qualité, proche de la perfection, pour un couple dont le dialogue naturel offre aux œuvres de Schumann et Mendelssohn une vision vivante et dégraissée.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 9 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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