Soirée prestige au Festival International de Colmar
Après une première édition à la direction artistique du Festival International de Colmar très réussie, Alain Altinoglu nous a à nouveau réservé beaucoup de surprises pour cette édition 2024. Orchestre Symphonique de la Monnaie, Quatuor Modigliani, Grigory Sokolov, Emmanuel Pahud, les Percussions de Strasbourg ou encore Kazuki Yamada et l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Alain Altinoglu a mis les petits plats dans les grands afin de satisfaire un public présent en nombre.
Comme l’année précédente, plusieurs concerts sont au programme chaque jour, faisant place aux stars de demain à 12h30, aux artistes confirmés à 18h, et aux invités les plus prestigieux à 20h30. Nouveautés très bienvenues du festival version 2024, l’émission “Le Kiosque” animée par Olivier Erouart et Johnny Royer, pour des interviews des artistes et des interventions de membres de l’équipe organisatrice du festival, ainsi qu’une présentation de 15 minutes avant les concerts de 20h30, également animée par Olivier Erouart, pour donner les clefs d’écoute utiles à une bonne compréhension des œuvres présentées.
En ce 11 juillet, nous avons pu entendre à 18h la pianiste Karen Kuronuma et la violoniste Mira Foron. Toutes deux soutenues par la Fondation Gautier Capuçon, créée en 2022, elles nous ont proposé un programme très varié. Elles ont tout d’abord commencé par la Sonate pour violon et piano No.3 en mi bémol majeur, Op.12, de Ludwig van Beethoven. Peut-être étouffées par la chaleur et le stress, les deux très jeunes musiciennes ont peiné à maintenir une balance adéquate et à insuffler leur personnalité dans une sonate qui fut quelque peu morne. Malgré tout, elles ont tout de suite impressionné par leur aisance à jouer et respirer ensemble, démontrant une précision des attaques et une entente qu’on ne voit pas toujours chez des musiciens jouant ensemble pour la première fois.
La suite du programme s’est beaucoup mieux déroulée. Nous avons pu entendre la Sonate pour violon et piano de Francis Poulenc qui a dévoilé au grand jour les qualités des deux artistes. Karen Kuronuma possède un jeu très clair et extrêmement lisible, livrant sans aucun doute possible les différentes voix présentes dans l'œuvre. Mira Foron, quant à elle, possède une énergie et une projection impressionnante et nous a livré un très beau deuxième mouvement. Ce concert s’est terminé dans un feu d’artifice avec la Carmen Fantaisie de Franz Waxman, chaleureusement accueillie par le public. En bis, les deux musiciennes nous ont livré une très belle interprétation de Mélodie de Tchaikovsky.
Le moment le plus attendu de la journée était sans aucun doute le concert de 20h30, avec la venue d’Emmanuel Pahud (dont une interview paraîtra prochainement sur notre site) entouré par trois de ses collègues de l’Orchestre philharmonique de Berlin à savoir Maja Avramovic au violon, Joaquin Riquelme Garcia à l’alto et Stephan Koncz au violoncelle. Ils nous ont livré un concert en deux parties, l’une consacrée à Mozart et l’autre à Villa-Lobos et Dvorák. En première partie, nous avons pu entendre le Quatuor pour flûte et cordes en la majeur N.4 K.298, le Duo pour violon et alto en sol majeur N.1 K.423 ainsi que le Quatuor pour flûte et cordes en ré majeur N.1 K.285. Que dire d’une telle prestation ? Emmanuel Pahud et Mozart, c’est une longue histoire d’amour. Le flûtiste suisse est assurément l’un des plus grands spécialistes de l'œuvre Mozartienne et nous l’a encore prouvé ce soir. Avec une légèreté, une finesse et une intelligence sans pareille, il nous a fait redécouvrir des œuvres que nous pensions pourtant connaître par cœur. Il a bien sûr été aidé par ses comparses de l’Orchestre philharmonique de Berlin, tous trois musiciens chevronnés, habitués à jouer ensemble une semaine sur deux et pour qui faire de l'excellente musique est devenu aussi naturel que de respirer.
En deuxième partie, nous avons eu la chance d’entendre l'œuvre Assobio a Jato pour flûte et violoncelle d’Heitor Villa-Lobos. Avec une atmosphère très particulière et envoûtante, l'œuvre fut l’occasion pour Emmanuel Pahud et Stephan Koncz de démontrer une complicité et une virtuosité impressionnante. La fin de la pièce devenant instantanément l’un des moments forts du festival. Pour terminer, les quatres musiciens sont revenus sur scène pour nous interpréter un arrangement du Quatuor à cordes N.12 Op.96 “Américain” d’Antonin Dvorák. Après de longs applaudissements, les musiciens du Berliner nous ont proposé le Menuet du Quatuor en sol majeur K.285a de Mozart, concluant la soirée avec brio.
Jeudi 11 juillet 2024, Festival International de Colmar.
Alex Quitin, Reporter de l’IMEP.
Crédits photographiques : FIC - Bertrand Schmitt