Sous les doigts de Gloria Cheng

par

Olivier MESSIAEN
(1908-1992)
Préludes-Pièce pour piano et quatuor à cordes
Kaija SAARIAHO
(°1952)
Prélude-Ballade-Je sens un deuxième cœur

Gloria CHENG (piano), Calder Quartet
2012-DDD-67’ 04’’-Texte de présentation en anglais, français et allemand-Harmonia Mundi HMU 907578

Tous les mélomanes qui s’intéressent à la musique contemporaine connaissent la pianiste Gloria Cheng. En quelques années, elle est devenue aux États-Unis une des plus brillantes interprètes de compositeurs contemporains comme Elliott Carter, György Ligeti, Witold Lutoslawski, Johan Adams, Esa-Pekka Salonen, George Crumb, James Horner ou Thomas Adès. Avec cet enregistrement, elle s’attaque à Olivier Messiaen et à Kaija Saariaho – deux auteurs qui partagent le goût pour l’invisible et éprouvent un même désir de transcendance, et dont les musiques, sans jamais se ressembler, baignent souvent dans des climats analogues. On le sent bien quand on écoute et qu’on compare les Préludes d’Olivier Messiaen et Je sens un deuxième cœur de Kaija Saariaho, les deux pièces les plus importantes du disque. Écrits en 1929, les Préludes (il y en a huit) sont les premières œuvres qu’Olivier Messiaen a reconnues dans sa maturité. Au vrai, il lui était difficile de ne pas le faire, tant elles sont caractéristiques de son extraordinaire univers musical : atmosphère tour à tour debussyste et postimpressionniste, fluidité presque languide, sensations fugitives, impalpables, immatérielles, évanescentes. Et ce n’est sûrement pas un hasard si le premier de ces Préludes s’intitule La Colombe et s’il constitue un portrait d’oiseau, en quelque sorte, et sans mauvais jeu de mot, le prélude d’une série thématique, qui passionnera Olivier Messiaen toute sa vie durant. L’œuvre de Kaija Saariaho, Je sens un deuxième cœur, date, elle, de 2003 et elle a la particularité d’être une pièce divisée en cinq parties pour piano et quatuor à cordes. Elle frappe par sa gravité, et même à certains moments par sa violence, pour ne pas dire carrément sa brutalité – une œuvre magnifique qui confirme que Kaija Saariaho, admirée un peu partout dans le monde grâce à son opéra L’Amour de loin, est une des meilleures musiciennes de notre époque. Sous les doigts de Gloria Cheng, les Préludes et Je sens un deuxième cœur sont irrésistibles.
Jean-Baptiste Baronian

Son 9 - Livret 8 - Répertoire 9 - Interprétation 9

 

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