Stravinsky à Luxembourg
Igor Stravinsky (1882-1971) : L'Oiseau de feu (Ballet complet-1910) ; Apollon Musagète. Orchestre philharmonique du Luxembourg, direction : Gustavo Gimeno. 2020 et 2021. Livret en français, anglais et allemand. 77’23. Harmonia Mundi. HMM 905303.
Bien que passé du label Pentatone à Harmonia Mundi, Gustavo Gimeno et son orchestre philharmonique du Luxembourg poursuivent leurs explorations des grands tubes démonstratifs du répertoire avec un nouvel album consacré à Stravinsky.
La version intégrale du ballet de L’Oiseau de feu est la pièce de résistance de cet enregistrement. D’emblée, l’oreille est séduite par le très haut niveau de la phalange luxembourgeoise : un collectif compact et puissant allié à des individualités notables dans les pupitres des vents et des cuivres. Gustavo Gimeno défend un Stravinsky très orchestral avec une lecture analytique qui mise sur le brio instrumental assez démonstratif. La sonorité assez mate de la grande salle de la Philharmonie de Luxembourg, lieu de cet enregistrement, renforce cette vision au laser du chef d'œuvre de Stravinsky brillant et explosif. Curieusement, l’intégrale de L’Oiseau de feu n’est plus tant enregistré et les autres versions récentes, si l’on fait abstraction de la lecture coloriste d’Andrew Litton à Bergen (Bis), peinent à renouveler les grandes gravures des Boulez, Dorati, Haitink, Stravinski….(on n’oublie pas la lecture magistrale de François-Xavier Roth avec Les Siècles mais ces derniers jouent sur des instruments d’époque). Dès lors, cette lecture est des plus satisfaisantes et continue d’inscrire l’Orchestre du Luxembourg sur la carte des grands orchestres européen.
En complément, le chef et l’orchestre présentent Apollon Musagète dans une interprétation techniquement irréprochable mais le démarche très instrumentale est avare de chorégraphie et le soin apporté aux nuances dessert les contrastes.
Son : 10 – Livret : 9 – Répertoire : 10 – Interprétation : 8 (9 pour L'Oiseau de feu et 7 pour Apollon Musagète)
Pierre-Jean Tribot