Mots-clé : Igor Stravinski

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Alexandre Sergueievitch Pouchkine (Moscou 1799 - Saint-Pétersbourg 1837), poète lyrique et épique, dramaturge, reste l'incarnation même du génie national russe. Depuis Alexandre Nevski, prince moscovite du XIIIe siècle, ses ancêtres furent intimement liés à l'histoire de son pays et il fut en relation avec les meilleurs esprits de son temps. Sa précocité littéraire se manifesta à l'âge de treize ans. Lancé à corps perdu dans la vie mondaine, il mena une vie aventureuse jusqu'au duel qui marqua le terme si prématuré de son existence. Quoi qu'il fît, et jusque dans ces périodes où ses écrits séditieux lui valurent d'être exilé, chaque étape de sa vie fut une source d'expérience dont il est resté des traces dans ses écrits. Eugène Onéguine, héros romantique byronien, désabusé, épris de liberté, c'est lui. De même pour Don Juan.

 Son style évoque une clarté à la française alliée à une profonde musicalité. Une donnée intéressante est également la désignation de Pouchkine comme "Shakespeare russe". Il nous dit combien Shakespeare sait compromettre ses personnages "avec toute l'abondance de la vie". Tout Boris Godounov illustre ces théories.  

Ballets russes (1) : Diaghilev, l'ensorceleur du monde

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"Je suis : premièrement un charlatan, d'ailleurs plein de brio ; deuxièmement un grand charmeur ; troisièmement un insolent ; quatrièmement un homme possédant beaucoup de logique et peu de scrupules ; cinquièmement un être affligé semble-t-il d'une absence totale de talent. D'ailleurs, je crois avoir trouvé ma véritable vocation : le mécénat. Pour cela j'ai tout ce qu'il faut, sauf l'argent. Mais ça viendra !"

C'est ce qu'écrivait le jeune Diaghilev à sa belle-mère, dans l'un des rares moments où il se décrivit lui-même. Le nom de Diaghilev et son époque évoquent une caverne d'Ali Baba d'éblouissements et de splendeurs artistiques. De son vivant, il devint une légende; aujourd'hui, les écrits qui lui sont consacrés sont légion.
"Il y a le siècle de Périclès, le siècle de Louis XIV, et le temps de Diaghilev", dit Guillaume Hanoteau. "Cette gloire, il la doit moins au fait d'avoir créé les Ballets Russes qu'à celui d'avoir donné du goût à une génération entière." Thamar Karsavina, sa principale prima ballerina, décrit sa rencontre avec Diaghilev alors qu'elle était encore jeune étudiante au Ballet Impérial de Saint-Petersbourg : « ... C'est pendant l'entracte d'une répétition de Casse-Noisette que je vis Diaghilev pour la première fois. Il entra dans la salle presque déserte et repartit tout aussitôt... Son apparition me fit une impression inoubliable... Et cet incident illustre une qualité essentielle de Diaghilev : ce magnétisme personnel qui joua un rôle si important dans tout ce qu'il réalisa, spécialement les Ballets Russes. Même Alexandre Benois, cette synthèse unique d'érudition, de magnifique maîtrise et de jugement à la fois sobre et pénétrant, cédait souvent aux arguments tantôt suaves, tantôt impétueux de Diaghilev. Dostoïevski définit un trait spécifique de l'esprit russe : le don de comprendre un tout à partir de ses caractéristiques voilées et souvent dispersées. Russe jusqu'à la moëlle en dépit de son vêtement cosmopolite, Diaghilev possédait cette qualité à un suprême degré. »
Avec sa silhouette volumineuse et sa tête massive, il était d'un physique frappant. Sur de vieilles photos de groupes dans des jardins ensoleillés ou à la terrasse de cafés, il s'impose immédiatement à notre attention, même si les amis qui l'entourent s'appellent Stravinski, Picasso, Karsavina ou Misia Sert. Serguei Pavlovitch nous regarde, pensivement, comme si nous étions l'objet de son examen.

Ballets russes (2) : Diaghilev du "Monde de l'Art" aux ballets russes

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L'activité de Diaghilev et l'héritage esthétique qu'il a suscité sont tellement liés aux Ballets Russes à Paris que l'on en vient souvent à ignorer ou à minimiser le chemin qu'il a parcouru auparavant dans son propre pays. Et s'il est exact que malgré la portée exceptionnelle de son entreprise parisienne, son activité de mécène et d'organisateur a été une alternance de succès et de revers de fortune, il s'avère que les scintillements de son étoile autant que ses éclipses épisodiques l'ont accompagné depuis ses débuts.

Arrivé à Saint-Pétersbourg en 1890 à l'âge de 18 ans après une enfance passée en majeure partie dans la ville de Perm, aux avant-postes de l'Oural le jeune Diaghilev est déjà passionné de théâtre et de musique. Il prend des cours de chant et s'essaie même à la composition. Las, ses débuts créatifs sont étouffés dans l'oeuf par le verdict sans merci que lui décerne Rimski-Korsakov. Il ne deviendra jamais musicien. Mais simultanément la rencontre avec un groupe de peintres, dont font partie Alexandre Benois, Léon Baskt, Konstantin Somov -futurs grands noms des Ballets Russes- et esthéticiens comme Filosofov (son cousin) et Nouvel, l'aiguille sur une nouvelle orientation esthétique. C'est dans le domaine de la critique d'art et de l'organisation artistique que se formera la personnalité de Diaghilev. Plusieurs voyages en Europe en 1890-95 lui ont permis de parfaire sa culture artistique. A partir de 1896, il publie dans Les Nouvelles et le Journal de la Bourse de Saint-Pétersbourg des articles sur des expositions de peinture, tout particulièrement sur le groupe de "peintres ambulants" (peredvijnki) dont font partie Vasnetsov, Répine et Sourikov. 

Ballets russes (3) : Diaghilev et ses compositeurs

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Compositeur frustré, Diaghilev fut et demeura un excellent pianiste amateur. Dans ses productions de ballet (ou plus rarement d'opéra, mais cette rareté avait des causes plus économiques qu'artistiques), il attacha toujours une importance primordiale à la musique, et ses choix dans ce domaine reflètent ses goûts personnels, qu'il s'agisse de commandes ou de reprises de musiques existantes.

Or, ces choix, très vite orientés vers la nouveauté prospective et l'avant-garde, révèlent une prédilection presqu' exclusive pour ce que l'on peut appeler l'axe franco-russe (un axe dont il fut du reste pratiquement le créateur), au détriment de l'axe germanique, et plus largement de l'Europe Centrale qu'il ignora presque totalement. La nouveauté, pour lui, ce fut Stravinski et Prokofiev, Debussy, Ravel, Satie et les "Six", alors que cela eût pu être aussi Schoenberg et l'Ecole de Vienne, Bartok, Janacek, Hindemith, Kurt Weill ou Krenek. Il est significatif qu'après l'unique appel à Richard Strauss, d'ailleurs assez peu concluant, il ait écarté l'Allemagne, et que parmi les jeunes compositeurs du Groupe des Six, il n'ait pas sollicité l'alémanique Honegger. D'autres rencontres eussent pu se produire sans des obstacles politiques et géographiques, et l'on ne peut que rêver, par exemple à ce qu'eût donné une collaboration avec un Szymanowski !

Mais plutôt que de rêver à ce qui ne fut pas, examinons plutôt ce qui fut et qui, indépendamment de son importance scénique et chorégraphique, constitue un chapitre capital de l'histoire de la musique du début de ce siècle.

Pour ses premiers spectacles, Diaghilev puisa tout naturellement dans le fonds si riche de l'Ecole russe traditionnelle, et il continua à le faire pratiquement jusqu'à la fin : si les Danses Polovtsiennes du Prince Igor de Borodine, si Schéhérazade, Sadko, et Le Coq d'Or (ce dernier, cas unique d'un opéra monté sous forme de ballet !) de Rimski-Korsakov, si Thamar de Balakirev, comptent au nombre de ses premiers triomphes, s'il remonta avec Fokine Le Lac des Cygnes original dès 1911, il poursuivit pendant la guerre avec Les Contes Russes sur trois pièces d'Anatole Liadov (Baba-Yaga, Le Lac Enchanté, et Kikimora), et surtout monta une production nouvelle de La Belle au Bois Dormant de Tchaïkovski en 1921. L'épilogue de cette série basée sur les classiques russes fut, en 1924, Une Nuit sur le Mont-Chauve de Moussorgski, chorégraphiée par Nijinska. De ce même compositeur, il avait déjà produit, non seulement Boris Godounov avec Chaliapine, point de départ de toute sa carrière parisienne, mais aussi La Khovantchina, beaucoup moins connue.