« Les Contes d’Hoffmann » de Jacques Offenbach à Liège
Les Contes d’Hoffmann est révélateur d’un phénomène typique : on ne connaît d’une œuvre au long cours qu’un de ses airs ou un de ses moments qui ont occulté tout le reste de la partition : ainsi l’ « Hallelujah » du Messie de Haendel, les premières mesures de Also sprach Zarathoustra de Strauss, l’air de la Reine de la nuit de La Flûte enchantée de Mozart ou encore le « Frère Jacques » de la 1ère Symphonie de Mahler.
La notoriété des Contes d’Hoffmann se résume le plus souvent en sa Barcarolle (« Belle nuit, ô nuit d’amour »), « Les Oiseaux dans la charmille » ou encore « La Ballade de Kleinzack ». C’est beau, c’est envoûtant ou drôle, c’est virtuose, c’est prégnant.
Quant à l’opéra lui-même, c’est autre chose. Certains se souviennent que le cheminement du héros va croiser trois figures féminines au destin plus que particulier : Olympia, l’automate, qui va tragiquement se briser ; Antonia, la cantatrice qui mourra tragiquement de son chant ; et Giulietta, la redoutable voleuse du reflet d’un homme tragiquement piégé dans son miroir magique.
Si d’autres opéras ont des intrigues plus que compliquées (ils sont un sacré défi à l’art de résumer en quelques mots), le problème de celui-ci est qu’il est à « partition flottante » ! Offenbach est mort bien avant de lui avoir donné une version finale ; un autre l’a complété ; d’autres l’ont raccourci, l’ont restructuré, l’ont restauré. Les directions d’opéras et les metteurs en scène ont leurs points de vue, liés à la durée de la représentation (celle de Liège fait quasi quatre heures, les deux entractes inclus -ce qui est très long en soirée) ou à des conceptions dramaturgiques.