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Joliment joli : « Lakmé » de Léo Delibes 

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A l’Opéra Royal de Wallonie-Liège, Lakmé de Léo Delibes offre à ses spectateurs un album de belles images colorées-coloriées et surtout des ravissements vocaux. Tout cela est, n’y voyez pas d’ironie, joliment joli. 

Dans le jardin aussi magnifique que solennel d’un temple hindou, ils se voient et cela suffit pour qu’ils s’aiment. Définitivement. Mais ils ne vivent pas dans le meilleur des mondes et tout ne pourra pas y aller pour le mieux. Elle, c’est Lakmé, la fille du redoutable brahmane Nilakantha ; lui, c’est Gérald, un officier de ces forces britanniques qui ont colonisé et occupent le pays. Leur amour est impossible, elle en mourra. 

Une tragédie, oui et non. Oui dans les faits et leur enchaînement fatal, non dans la musique et les airs qui l’expriment. Si beaux pour dire le rêve impossible.

Joliment jolie : telle est la mise en scène de Davide Garattini Raimondi, absolument couleur locale. Tout dit l’Inde des représentations coloniales : processions religieuses, pétales de fleurs, statues des dieux, bougies, sari, uniformes anglais (dont nous venons de contempler à satiété les déclinaisons contemporaines lors d’un enterrement récent), portrait de la Reine Victoria. Et surtout, elle nous vaut un remarquable travail sur les couleurs, celles des lumières de Paolo Vitale, celles des vêtements de Giada Masi. Le fruit, comme nous l’apprend la brochure de soirée, de tout un travail de recherche sur ces couleurs et leurs significations là-bas. Oui, un magnifique album d’images colorées-coloriées.

Don César de Bazan de Jules Massenet, une première de grande noblesse  

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Jules Massenet ( 1842-1912) : Don César de Bazan (version 1888). Opéra comique en quatre actes et quatre tableaux. Laurent Naouri, baryton ; Elsa Dreisig, soprano ; Marion Lebègue, mezzo-soprano ; Thomas Bettinger, ténor ; Christian Helmer, baryton ; Christian Moungoungou, baryton. Ensemble Aedes, Orchestre des Frivolités Parisiennes, Mathieu Romano. 2019-Livret en français et anglais. 1’52’05’’. 2 CD Naxos. 8660464-65.

La Salle Favart célèbre le 200e anniversaire d’Offenbach avec Madame Favart

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Madame Favart, l’opéra comique en trois actes d’Offenbach créé à la fin de sa vie en 1878 -il mourra en 1880- permit au compositeur d’origine allemande un retour « sur scène » après une période difficile suite à la défaite française face à la Prusse. C’est le dernier éclat de sa vie, le « dernier grand succès » selon le chef Laurent Campellone.
Mais notre impression sur cette production est mitigée : il est déconcertant de suivre constamment un mélange de musiques de styles tout azimut pendant 2 heures 30. Certes, Offenbach savait parfaitement comment fonctionnait le public et il a concocté une belle partition qui, à la fois, répondait aux attentes de ce dernier et le surprenait. Ainsi, à côté d’un joyeux ensemble pour l’Orphée aux enfers, on trouve des envolées lyriques très amples ou encore une tyrolienne. Aujourd’hui, pour nos oreilles qui ne sont pas (ou plus) habituées à ce genre de patchwork, la surprise agit autrement et il nous faut du temps pour pouvoir tout digérer… Au milieu de tout cela, cependant, un très bel air de Charles-Simons Favart dans l’acte III, justement surprenant dans sa facture (on frôle le music-hall !), montre le parfait savoir-faire de l’homme qui fut un temps le roi de l'opérette.

Berlioz à Lyon avec Slatkin

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Hector Berlioz (1803-1869) : Roméo et Juliette, Op.17 ; symphonie dramatique pour solistes, choeur et orchestre. Marion Lebègue, mezzo-soprano ; Julien Behr, ténor ; Frédéric Caton, basse. Spirito/Choeurs et Solistes de Lyon-Bernard Tétu, Catherine Molmerret. Orchestre national de Lyon, Leonard Slatkin. 2014-Livret en français et anglais. Texte chanté en français, traduction en anglais. 60’38 et 57’52’’. 2 CD Naxos. 8.573449-50.

Résurrection d'un opéra gothique ?

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Michael Spyres (Rodolphe), Marion Lebègue (la Nonne), Chœur Accentus © Pierre Grosbois

La Nonne sanglante de Charles Gounod
Un opéra gothique ? Courant littéraire né à la seconde moitié du XVIIIème siècle en Angleterre (Le Château d'Otrante, de Walpole, Les Mystères d'Udolphe, de Radcliffe), le roman gothique (ou frénétique) influença fortement le romantisme naissant, en littérature bien sûr (Mary Shelley, Hugo, Poe, Maturin), en peinture (Friedrich, Füssli) mais aussi en musique : Der Freischütz, de Weber (1821) ou Robert le Diable, de Meyerbeer (1831) en ressortent de manière indéniable.