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Pour son concert du 9 février, l’Orchestre de la Suisse Romande invite le compositeur et chef d’orchestre allemand Matthias Pintscher, actuellement professeur de composition à la Juilliard School de New York et directeur musical de l’Ensemble InterContemporain à Paris.

Dans un français parfait, il s’adresse au public genevois pour parler de l’œuvre qu’il va diriger, Neharot, commandée par la Suntory Foundation for the Arts, le Los Angeles  Philharmonic, la Staatsoper de Dresde, l’Orchestre Philharmonique de Radio-France et l’Orchestre de la Suisse Romande. Composée en 2020, elle a été créée le 27 août 2021 au Suntory Hall de Tokyo sous la direction du compositeur. Durant le printemps 2020, la chape de plomb du confinement s’est abattue sur New York. Matthias Pintscher élabore sa partition comme un requiem pour grand orchestre en lui donnant pour titre le mot hébreu ‘neharot’ qui veut dire la rivière et les larmes. Sa judaïcité s’exprime en cette lamentation qui s’écoule comme les rivières souterraines à l’intersection du lieu où a été érigée la Cathédrale de Chartres. Dès les premiers accords des deux harpes surgissent de cinglants tutti martelés par la percussion qui se résorbent en sonorités aussi mystérieuses qu’envoûtantes. Puis de déchirantes éruptions annoncées par un tuba menaçant finissent par se dissiper pour laisser place à un solo de trompette dialoguant avec un hautbois éploré. En sourdines, les cuivres développent un choral empli d’espérance, tandis que vibre la machine à vent sur fond de cloches lointaines. Une oeuvre impressionnante par la qualité de l’écriture et l’impact émotionnel qu’elle exerce immédiatement sur le public.

L’hommage à Basquiat à la Fondation Louis Vuitton

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Présenté en clôture de l’exposition Jean-Michel Basquiat, ce concert de l’Ensemble intercontemporain associait grands maîtres américains (Cage, Crumb), jeunes compositeurs installés à Paris (Robin, Dessner) et la création mondiale d’une pièce pour trois trompettes du directeur musical de l’ensemble, Matthias Pintscher.

Skull de ce dernier se veut un hommage à Basquiat (le « crâne » étant une figure omniprésente chez le peintre américain). On repère bien un tâchisme instrumental, un travail de spatialisation à la manière de la superficie d’une toile, et une volonté d’accumulation expressive, mais Skull s’apparente avant tout à une œuvre de commande au modernisme apaisé, utilisant les sourdines des trompettes (Lucas Lipari-Mayer, Gustav Melander, Clément Saunier) avec beaucoup de goût dans un discours très élégant et architecturé. Oublions rapidement les 7 Haikus de John Cage interprétés par le valeureux pianiste Hideki Nagano. De l’aveu de Basquiat, le groupe de noise auquel il appartenait faisait de la musique inspirée par John Cage, c’est-à-dire « de la musique qui n’[était] pas vraiment de la musique ». On ne saurait donner tort aux propos de l’artiste new-yorkais, tant on ne sait quand commencent ni finissent ces piécettes au bord du néant. Seule reste l’idée de performance artistique, et la probable envie d’épater le bourgeois.

DIRECTIONS : un panorama de la trompette contemporaine

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Peter MAXWELL DAVIES
(1934 – 2016)
Litany For a Ruined Chapel Between Sheep and Shore
Giacinto SCELSI
(1905 – 1988) 
Quattro Pezzi Per Tromba Sola
Hans Werner HENZE 
(1926 – 2012)
Sonatina 
Toru TAKEMITSU
(1930 – 1996)
Paths
Ivan FEDELE
(°1953)
High
Matthias PINTSCHER
(°1971)
Shining Forth
Clément Saunier, trompette
2017 DDD 48’46 Livret français, anglais CD KLARTHE Kla 058