Timbres et résonances
David Philip HEFTI (° 1975)
Changements
Thomas GROSSENBACHER (violoncelle)-Ensemble Modem-ORF Radio-Symphonieorchester Wien-Deutsches Symphonie-Orchester Berlin-Deutsche Radio-Philharmonie Saarbrücken Kaiserslauterne, dir. : David Philip HEFTI
2013-DDD-75’ 47’’-Livret en allemand et en anglais-Col Legno WWE 40407
Le Suisse David Philip Hefti est un compositeur couvert de prix prestigieux : le prix de composition Gustav Mahler à Vienne, le prix Pablo Casals à Prades, le prix George Enescu à Bucarest, le prix de la fondation Ernst von Siemens dont il est, en cette année 2013, le dernier lauréat… Il a été, il est vrai, à bonne école, puisque aussi bien il a eu la chance de pouvoir bénéficier de l’enseignement de professeurs comme Wolfgang Rihm, Cristobal Halffter, Elmar Schmid ou encore Wolfgang Meyer. Au surplus, il est régulièrement joué un peu partout à travers le monde, ce qui n’est pas le lot de la grande majorité de ses pairs. Sur ce disque, sous le titre de Changements, sont regroupées cinq de ses œuvres orchestrales, toutes écrites entre 2009 et 2013. La plus marquante d’entre elles est précisément Changements (2011), dont le sous-titre, « Stimmungsbilder für Orchester », pourrait se traduire par « stimulus signes pour orchestre » et qui offre une très large palette de timbres et de résonances avec, çà et là, des effets spectraux qu’on croirait surgis de lointaines novas. Ces effets spectraux, du moins ces effets sonores translucides, on les retrouve dans Gegenklang (2010), un concerto pour violoncelle et orchestre en deux mouvements, le premier enflammé à souhait, le second en forme d’adagio. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que David Philip Hefti n’est pas du tout un quelconque musicien de salon que des distinctions importantes seraient venues honorer, grâce à Dieu sait quelle sinistre coterie. Non, il est bien créateur à part entière, doublé d’un chef talentueux puisqu’il dirige lui-même ici de façon très convaincante, et avec quatre orchestres différents, ses propres œuvres. Comme le disait Paul Léautaud quand il signait Maurice Boissard ses chroniques théâtrales, voilà un nom – et deux prénoms – à retenir.
Jean-Baptiste Baronian
Son 8 - Livret 7 - Répertoire 8 - Interprétation 8