Un concert engagé à Bozar avec Eva Ollikainen
En cette période de conflit entre la Russie et l’Ukraine, le thème des réfugiés est plus que jamais d'actualité. Le Belgian National Orchestra, dirigé par la cheffe finnoise Eva Ollikainen, a décidé d’aborder ce sujet difficile lors de son concert de ce vendredi 31 mars 2023.
Pour débuter, l’orchestre belge a interprété la Symphonie n°8, “Inachevée”, de Franz Schubert. Créée en 1865, elle se compose uniquement de deux mouvements au lieu des quatres habituels. Acte délibéré, abandon, idéal musical atteint ? Nous ne le saurons jamais. De couleur assez sombre et dramatique, cette Symphonie est parfaitement à sa place en introduction d’un tel concert. Oeuvre passionnelle et d’un lyrisme extrême, ce fut une belle entrée en matière pour le BNO. Les musiciens, appliqués, nous ont livré une très jolie prestation. Les pianos atteints par l’orchestre étaient très soignés et emplis d’une tension dramatique poignante. Les différents solistes, au hautbois, à la clarinette et à la flûte, ont joué leur rôle à la perfection. Les violoncelles, bien qu'un peu timides lors de la première entrée de leur thème, ont eux aussi transmis beaucoup d’émotions dans leurs parties plus exposées. La cheffe, comme les musiciens, semblait transportée par la musique et bougeait, littéralement, avec elle.
Après un changement de plateau conséquent, nous avons eu à entendre le Concerto pour violon en Ré majeur d'Erich Korngold. Réfugié en Amérique lors de la Seconde Guerre mondiale, le compositeur autrichien se consacre à la musique de film. C'est seulement en 1945 qu'il revient à la musique "classique" avec son concerto pour violon. Les trois mouvements de cette œuvre (Moderato Nobile, Romanze et Allegro Assai Vivace) furent très joliment interprétés par Arabella Steinbacher, la soliste du jour. Alliant légèreté, virtuosité et précision, la violoniste allemande nous a ravis. L'orchestre, quant à lui, était très à l'écoute de la soliste et de la cheffe. Malgré quelques soucis de mise en place au début du troisième mouvement, ce fut une très belle interprétation. Les couleurs apportées tout au long de la pièce par le mélange du vibraphone, de la harpe et du piano furent un fil rouge très satisfaisant à suivre.
Après la pause, le BNO a interprété la Symphonie n°2 de Thomas Larcher en première belge. Cette œuvre est sous-titrée Kenotaph : un tombeau qui ne contient pas de corps. Composée lors de la crise migratoire de 2016, elle est la pièce maîtresse du concert. Symphonie emplie de brusques changements d'humeur et de contrastes extrêmes, ce fut un plaisir de la découvrir. Des effets spéciaux aux percussions et aux cordes très intéressants. à entendre. Seul petit bémol, les percussions un peu trop fortes à certains moments.
Les musiciens du BNO et la cheffe Eva Ollikainen nous ont livré un très beau concert, sérieux, engagé et précis.
Bozar, vendredi 31 mars 2023.
Alex Quitin, reporter de l'IMEP.
Crédits photographiques : Nikolaj Lund