Un Duo (concertant) exceptionnel

par
Navakova Belkin

Igor STRAVINSKY
(1882 – 1971)
Suite italienne - Duo concertant - Divertimento
Vera Novakova, violon, Maki Belkin, piano
2018 DDD 56’25 Livret français, anglais CD Printemps des Arts de Monte-Carlo PR 1017

La collaboration de Stravinsky avec le violoniste Samuel Duskin (avec qui il donnait des concerts piano/violon) a donné naissance à plusieurs oeuvres, parmi lesquelles des transcriptions : le ballet Pulcinella (inspiré par Pergolèse) engendra la suite italienne, transcription de la suite pour orchestre, et le ballet Le Baiser de la Fée, inspiré de Tchaikovsky, donna une suite baptisée Divertimento, elle-même transcrite pour violon et piano. Quant au Duo Concertant, il s’agit d’une oeuvre originale de 1932.   Le duo de la pianiste japonaise Maki Belkin, dont la carrière se déroule en France et à Monaco, et de la violoniste tchèque Vera Novakova est un habitué du Printemps des Arts de Monte-Carlo. Le programme Stravinsky y a d’ailleurs été testé en concert, et le disque présent est édité par le festival dirigé par le compositeur Marc Monnet. Ensemble, elles donnent une version très convaincante de la Suite italienne, sans doute la meilleure que j’aie entendue. On oublie la version pour orchestre, tant le jeu de la violoniste est personnalisé et éminemment violonistique. Le Duo Concertant est sans conteste la grande oeuvre de ce disque. On y retrouve par moments le violon volontairement grinçant de L’Histoire du Soldat. Les contrastes voulus y sont très bien rendus par cet admirable duo. Inspiré par le bucolisme de Pétrarque, le compositeur russe déploie un lyrisme dont les règles strictes lui garantissent le bienfait d’une discipline rigoureuse à travers le travail de versification musicale. “Rigueur et lyrisme : à la hauteur où s’élève le style de Stravinsky, ces vertus impérieuses s’appellent, loin de s’exclure” (Roland-Manuel, le véritable auteur de Poétique Musicale, un des livres musicaux essentiels du 20è siècle).
Reste le Divertimento. Cette oeuvre, parmi d’autres, est emblématique du néo-classicisme de Stravinsky, une période médiane justement entamée avec Pulcinella et souvent mal comprise. Ce qu’il faut comprendre, c’est que Stravinsky a sans doute varié les styles mais n’a jamais changé d’esthétique. Quoiqu’il en soit, il est clair que le russe franco-suisse devenu américain est, c’est ma conviction, le plus grand compositeur du 20è siècle, et ce disque nous le rappelle.
Dominique Lawalrée

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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