Un sans-faute pour cette Cinquième !

par

Gustav MAHLER
(1860 - 1911) 
Symphonie n°5 en ut dièse mineur
Gürzenich-Orchester Köln, François-Xavier Roth, direction
2017-DDD-70’42-Textes de présentation en français et allemand-Harmonia Mundi-HMM905285

« La Cinquième est une œuvre maudite. Personne ne la comprend ». Voilà quelques mots prononcés par Gustav Mahler à la suite d’un concert donné à Hambourg le 13 mars 1905. Car si de nos jours l’œuvre de Mahler, et notamment cette Cinquième, bénéficie d’une visibilité de plus en plus accrue, il n’en fut pas de même quelques décennies plus tôt. Jugée tantôt frustrante d’incompréhension, tantôt dépourvue d’un sens narratif, l’œuvre de Mahler mit du temps à s’imposer comme l’un des fleurons du répertoire. Cette Cinquième manquerait-t-elle pas d’éléments contextuels ? C’est finalement cette question qui dérouta Mahler et le public venu à la création. Pourtant, qui aujourd’hui peut affirmer ne pas percevoir l’idéal artistique de l’un des plus grands génies de l’histoire ? Ici, tout est sujet à poésie, sensibilité, danse, ambiances pastorales, énergie virevoltante…
Bien sûr, partition à l’appui, il est plus aisé pour l’auditeur de mieux cerner la richesse de cette page symphonique en cinq mouvements. D’abord, c’est par l’analyse et l’interprétation des nombreuses indications du compositeur qu’il revient de donner un avis pertinent. A ce niveau, force est de constater que le chef, François-Xavier Roth, est maître en la matière et dégage de la partition tout ce qui peut conduire à une juste interprétation. Soulignons la clarté de l’architecture et la complexité du discours, le respect indéfectible du matériau avec ses contraintes et précisions quasi chirurgicales. Finalement, si l’on ne comprend pas à la première écoute le sens de cette œuvre, une deuxième dévoilera un nombre incalculable de récits et histoires qui se chevauchent et s’entremêlent pour le meilleur ou pour le pire (dramatiquement parlant, naturellement). Du Gürzenich-Orchester Köln, Roth en tire le meilleur et le mène avec brio dans une pensée bien faîte : pâte homogène, articulations précises, discours poétique et expressif sans lourdeur et où rien n’est superflu. Une direction aussi très lyrique, qui prend le temps de respirer sans pour autant perdre le fil. Les sections lyriques sont délicates, douces tandis que les parties plus mouvementées se démarquent par une énergie impétueuse. Et puis, cette absolue délicatesse de l’« Adagietto » où ressort une parfaite harmonie entre un tempo bien choisi et une émouvante palette d’expressions, c’est à la fois beau et émouvant. Une Cinquième pas si maudite… mais bien comprise !
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 9 – Interprétation 10

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