Le Printemps revient ! François-Xavier Roth dirige Schumann à Cologne
Robert Schumann (1810-1856). Symphonie No. 1 in B-flat major, Op. 38 « Le Printemps » (1841), Symphonie No. 4 in D minor, Op. 120. Natalie Chee, violin solo. Orchestre du Gürzenich de Cologne. Direction de François-Xavier Roth. 2018 et 2019. Livret en allemand et anglais. 55;16’’. MYR 028
La manière dont François-Xavier Roth parvient une fois de plus à nous sortir de la torpeur ambiante est salutaire, elle nous laisse presque stupéfait. C’est un numéro d’équilibriste de près de 55 minutes auquel se livre le chef français, toujours à la limite entre sa volonté de renouveau et l’esprit de ses deux monuments du répertoire schumannien. Chapeau bas pour cela.
Pour cette rencontre au sommet Roth fait sonner l’Orchestre du Gürzenich de Cologne à la manière d’une formation limite baroque comme personne. On retrouve ici une forme de continuum abouti avec les tentatives passées de John Eliot Gardiner ce qui n’est pas peu dire. Tout se joue dans les couleurs et l’impulsion dégagée par l’orchestre ; c’est bluffant aussi bien pour la Première que pour la Quatrième Symphonie (dans sa première version de 1841 dite Fantaisie symphonique). Quelle liberté ! Quel élan ! On sent la magie et la fougue permise la captation en live.
Mais un tel parti pris n’est jamais sans risque surtout dans ces deux partitions. Un tempo trop rapide et c’est toute l’intensité et la majesté qui s’effondrent. Dieu merci il n’en est rien, le frisson et l’extase demeurent grâce au sens de la modération du Generalmusikdirektor. Celui-ci démontre une fois de plus qu’il est possible de rendre les phrasés étincelants en conjuguant brio et fraîcheur.
A défaut d’être LA version définitive (nous restons attachés à W. Sawallisch) de la Première et de la Quatrième Symphonie de Robert Schumann, nous tenons une belle antidote d’une heure à la morosité actuelle ! Et c’est déjà énorme.
Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 9
Bertrand Balmitgère