Une facette méconnue du Quatuor Amadeus

par

JOKERQuatuor AMADEUS
Enregistrements de la radio berlinoise – volume 4
Oeuvres de Benjamin BRITTEN, Michael TIPPETT, Henry PURCELL, Matyas SEIBER, Bela BARTOK
1950 à 1956-ADD-61'52 et 77'16-Textes de présentation en allemand et anglais-Audite 21.429 (2 cd)

Parmi toutes les séries initiées par le label Audite, celle consacrée aux enregistrements des débuts du quatuor Amadeus à la radio de Berlin compte parmi les plus passionnantes et réussies. Après des volumes consacrés respectivement à Beethoven, Schubert et Mozart, c'est aujourd'hui à un florilège d'oeuvres du 20ème siècle que nous sommes conviés, capté aux tout début de leur carrière, de 1950 à 1956. Florilège précieux car, plus tard, les Amadeus se limiteront essentiellement au répertoire classique et romantique et ne feront plus, au disque du moins, que de rare incursions dans la musique moderne. Pour autant, les quatre musiciens restent cohérents avec leur approche habituelle: même franchise, même sérieux, parfois un peu austère, doublé d'une émotion subtile mais bien réelle. Surtout, la fragilité technique de l'ensemble, de la part du premier violon de Norbert Brainin en particulier, véritable marque de fabrique du quatuor, se révèle plus un atout qu'un inconvénient car les moments où la cassure semble inévitable ajoutent au caractère spontané et passionnant de ces interprétations. On pourra préférer des lectures plus franches, plus sûres d'elles-mêmes. Mais comment résister à l'humanité de leur vision du 2ème quatuor de Britten ou des 4ème et 6ème de Bartok. Que dire de leur Tippett (2ème quatuor)? Le commentaire du compositeur est éloquent et résume tout ce que l'on pourrait en dire: « Sacré nom, ça me fait pleurer! » (« Damn it, it makes me cry »). La gravité des transcriptions de pages de Purcell par Britten est saisissante. Quant au quatuor n° 3 de Mattyas Seiber, il permet de se familiariser quelque peu avec l'art d'un créateur un peu oublié, né en 1905 et mort prématurément en 1960 dans un accident de voiture dans le parc national Kruger en afrique du Sud. Son écriture ne se départit pas d'un romantisme tardif et inquiet, proche du premier quatuor de Bartok ou de ceux de Kodaly, lequel fut son professeur de composition au conservatoire de Budapest entre 1919 et 1925. En résumé, un complément indispensable à la connaissance de cet ensemble majeur dans l'interprétation du quatuor à cordes au 20ème siècle.
Bernard Postiau

Son 8 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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